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Avec la Volkswagen Golf GTI, la marque allemande ouvre la voie à une nouvelle catégorie de super compacte sportive qui va inspirer la concurrence. L’émergence de cette nouvelle catégorie incite nombre de constructeurs à investir le créneau. Un tout nouveau segment de voiture sportive voit le jour : les GTI. La Golf GTI va ainsi trouver sur sa route la Renault 5 Alpine et la Peugeot 104 ZS2 au rang des prétendantes au titre, bousculant l’ordre hiérarchique. Retour sur une pionnière qui va permettre à la marque de s’entourer d’une communauté de fidèle et d’amateur, d’un nouveau genre.

La Volkswagen Golf GTI : c’est avant tout une histoire de Coccinelle

Piqûre de rappel pour ceux qui n’ont pas encore lu notre article sur l’histoire de la Golf juste ici : clique ! Après plusieurs études qui n’ont mené à rien, Volkswagen sèche. Comment remplacer la Coccinelle et surtout innover après l’échec de l’architecture du tout arrière qui colle à la marque et la star de la gamme ? Volkswagen bloque, il faut se défaire de la Coccinelle qui prend de l’âge. Alors, la marque allemande mise sur les berlines 411, 412 et 1500 à partir de la base de la Coccinelle, sans succès. Il faut se renouveler. Grâce à l’intégration d’Audi et surtout de NSU, Volkswagen bénéficie de sa première berline traction : la berline K70. Elle sera aussi un… échec, mais permettra de donner naissance à la Passat et à l’Audi 80.

Grâce à cette nouvelle recette qui fait la différence, Volkswagen, développe avec l’aide de Giugiaro un nouveau projet qui accouche sur la star de la gamme, une certaine Golf. Une success-story qui continue encore de nos jours. En parallèle de la conception de la compacte, Volkswagen étudie également le coupé Scirocco. Pourquoi ne pas faire d’une pierre deux coups ? En 1973, alors en fin de carrière, la mythique Coccinelle s’offre une dernière version un brin sportive : La 1303 GSR.

Point de préparation sportive, tout est dans le look avec sa configuration jaune et noire dotée d’un aircooled de… 50ch. La voiture est vendue uniquement en Allemagne et la clientèle adore. La Golf GTI va voir le jour grâce à la Coccinelle 1303 GSR. Les ingénieurs s’aperçoivent que la petite dernière offre un comportement très dynamique et sa solide coque autoporteuse donne des idées… et un cadre de la marque se dit « Pourquoi ne pas faire une Golf énervée ? Genre vraiment énervée ».

Volkswagen Golf GTI

Un avenir incertain pour la Golf en jogging

D’abord, la direction fait signe de la tête que c’est non. En mars 1973, Alfons Löwenberg réunit une équipe d’ingénieurs et leur demande de concevoir un véhicule sportif à partir de la nouvelle Golf. Le développement se fait sur leur temps libre et dans le plus grand secret avec des réunions au domicile d’Anton Konrad, directeur de la presse. Pourtant, loin de la standing ovation, le chef du développement Hermann Hablitzel adhère au projet. La « Véronique et Davina » allemande adapte le châssis d’un prototype de Scirocco et retravaille le moteur 1500cm3 à double carburateur qui évolue de 85 à 100ch.

Soumis à un premier essai routier jugé trop typé, le prototype est finalement refusé par le comité de développement. Volkswagen craint brouiller les pistes avec un tel véhicule. La marque se veut populaire et la direction et les commerciaux craignent qu’une Golf sport ne brouille l’image. Rappelons qu’à cette période, le constructeur est en pleine rémission et évite de justesse la faillite. L’équipe recommence le développement de la voiture avec un nouveau châssis. En 1975, le projet prend le nom officieusement de Sport Golf. Cherchant une solution pour la mécanique, les équipes se tournent vers le 1600cm3 à injection Bosch K-Jetronic de l’Audi 80 GTE. Pour finir le tout, le moteur retravaillé développe 10ch de plus que la Audi. La transmission passe par une boîte.. 4 rapports.

De plus, le développement de la Volkswagen Golf GTI ne commence pas sous les meilleurs auspices avec le début du premier choc pétrolier. Une naissance compliquée dans une période incertaine, dans laquelle les clients se dirigent plus favorablement vers les modèles plus économiques. Le projet de Golf GTI aurait très bien pu finir sur une étagère à souvenirs, mais c’est sans compter sur le soutien d’Ernst Fiala. La Golf GTI est sauvée ! Le développement reprend et la mise en production du modèle obtient le feu vert du comité de direction de Volkswagen. Le projet Sport Golf repart de plus belle !

Volkswagen Golf GTI

Une sportive aux petits oignons

Pour avoir le feu vert de la direction, on s’occupe de rendre la voiture la plus rentable possible en cas d’échec. Peu de modifications sont réalisées, si ce n’est des détails qui vont la faire rentrer dans la légende. Ce sera surtout la greffe du moteur de l’Audi 80 GTE qui restera une prouesse sur une traction, beaucoup estimant qu’une traction ne peut pas dépasser 100ch. Du côté du service marketing, Herbert Schäfer se charge de l’esthétique et veut qu’on la remarque. La calandre reçoit un jonc rouge, l’entourage de la lunette avant et arrière délaissent le chrome pour un insert noir mat, un spoiler avant prend place, des élargisseurs d’ailes en plastique et des bandes décoratives latérales font leur apparition. La présentation se fait plus sportive et se démarque des Golf classiques.

A bord, on monte en gamme avec un équipement de série conséquent, un volant 3 branches, un ciel de toit noir, un levier de vitesses surmonté d’une balle de golf et surtout l’arrivée des mythique sièges Recaro à la sellerie tissu à carreaux. Du côté du service commercial, désormais acquis à la cause, a fait un brainstorming autour du nom de la berline. Golf Sport ? Bof… Et si on choisissait GTI pour Grand Tourisme Injection ? BANCO BOBY ! C’est emballé, c’est pesé. Volkswagen est loin de se douter que la Golf GTI va peser dans le game.

Pour terminer en beauté, les ingénieurs s’occupent du châssis de la sportive avec le montage de barres stabilisatrices. Les pneus grossissent pour mieux contenir la puissance du bloc avec l’adoption de pneus 175/70 R13. Relativement puissant puisque la compacte ne pèse que 780kg, soit un rapport poids-puissance de 7,3kg/ch. Les 110ch sont accessibles très haut à 6 000 tr/min.

Volkswagen Golf GTI
Sellerie tissu écossaise et balle de golf sur le levier : pas de doute, c’est une GTI !

Les débuts de la Volkswagen Golf GTI

Avant sa présentation, six prototypes sont construits pour avoir le feu vert. Quelques semaines plus tard, quinze autres voitures assemblées à la main servent aux tests. Elles parcourent le monde sous différents climats et parcourent plus de 100 000 km à tambours battants sur les autobahn allemandes. La direction Volkswagen serre les fesses pour sa présentation malgré des retours plus que positifs : elle est rapide, légère et amusante à conduire.

Le projet Sport Golf devient alors Volkswagen Golf GTI. La nouvelle sportive prend son bain de foule lors du Salon de Francfort 1975. Présentée sous la forme d’un prototype, la voiture connait un succès immédiat. Elle devient même l’attraction du stand de la marque et la Volkswagen la plus rapide de tous les temps, mais qui semble pourtant ne pas s’installer dans le temps. Malgré le succès, il n’en faut pas plus à la marque de Wolfsburg pour mettre en route une première série de 5 000 exemplaires… qui sont estimés comme la production totale du modèle. Pour information, les 5 000 exemplaires se vendent en seulement un mois. La production démarre au mois de juin 1976. La voiture s’ajoute au catalogue allemand du constructeur dès l’été 1976. La voiture débarque à son tour en France au début du millésime 1977 (c’est-dire septembre 1976). Durant ce millésime, la voiture est disponible seulement en deux coloris : rouge et gris (désolé, Jeanne Mas).

La légende va se mettre doucement en route en mettant au rang d’antiquités les petits coupés peu pratiques et aux performances peu flatteuses. La Volkswagen Golf GTI cannibalise et explose la concurrence comme les Renault 5, Autobianchi A112 Abarth ou encore Peugeot 104 ZR2. Durant près d’une décennie, la petite allemande règne en maître sur son segment. Il faudra attendre le milieu des années 1980 pour la concurrence s’arme enfin. La Volkswagen trouve à qui parler avec la Peugeot 205 GTI. Il faut dire que l’allemande offre un niveau de prestation surprenant et elle est amusante à conduire. Surtout, la Golf GTI à un argument de poids : son prix. En 1976, la Golf ne demande que 32 000 F (soit 22 376 € de 2023). Ce mélange savoureux offre à la Golf une vitesse de pointe à 185km/h.

Volkswagen Golf GTI moteur
Le moteur de l’Audi 80 GTE rentre au chausse-pied dans la Golf.

L’évolution de la VW Golf GTI

Maintenant que la concurrence est envoyée au stand, la Golf évolue en douceur et s’améliore selon les millésimes. Il faut dire que Volkswagen va très peu faire la faire évoluer car la Golf à un avantage qu’aucune concurrente n’a : l’homogénéité. Ses seuls véritables défauts sont un freinage perfectible et sa boîte 4 vitesses. Dès l’année 1977, la Golf GTI évolue avec une nouvelle culasse et de nouveaux pistons pour supporter l’essence sans plomb. En 1978, le radiateur d’huile et l’embrayage sont modifiés, le toit ouvrant arrive dans la liste des options, sans oublier l’abandon des pare-chocs en tôle pour des plus gros en plastique.

L’année suivante, la garantie anticorrosion devient disponible sur le modèle. En 1980, l’allemande adopte une nouvelle boîte 5 rapports, et la puissance fiscale passe de 9 à 8 CV. Le volant passe de trois à quatre branches. En option, la Golf GTI propose une nouvelle sellerie dite Arc-en-Ciel. Enfin, en 1981, un nouveau tableau de bord et un levier de vitesse prennent place, la sellerie gagne en qualité, le pare-brise devient feuilleté et à l’extérieur la Golf adopte sa période dite des gros feux à l’arrière, et les phares avant à iode apparaissent.

Au début des années 80, la Peugeot 205 GTI débarque avec ses 105 ch et ringardise d’office la Golf GTI ! Pour rester dans le coup, Volkswagen fait évoluer la mécanique de sa star avec le bloc 1600 qui passe à 1800cm3 pour 112 ch. La marque allemande augmente la course du bloc avec une nouvelle culasse et des pistons renforcés. Ces changement mineurs permettent à la Golf de faire des progrès en bas régime. Il faut dire que la sortie de la lionne met un coup d’arrêt aux ventes de l’allemande qui perd, entre 1981 et 1982, 10 000 exemplaires ! L’année 1981 reste la meilleure année en terme de vente avec 72 000 unités (!). En 1982, Volkswagen met sur le marché une rare version 5 portes. La Volkswagen Golf GTI doit attendre 1985 pour être renouvelée et subir l’assaut de la sochalienne.

Volkswagen Golf GTI 5 portes
Petite rareté : la Golf GTI version 5 portes, pour les papas pressés.

La fin de carrière

1984 marque la fin de la carrière de la Golf, assommée par Peugeot et bientôt attaquée par Renault et sa Supercinq GT Turbo. La production de la Golf GTI prend fin en 1983 et le millésime 1984 ne sert qu’à écouler les derniers exemplaires en stock. Quelques mois suffisant pour vendre 53 000 exemplaires par le biais de deux séries spéciales, Rabbit et Plus. Au final, le projet Sport Golf devenu GTI a révolutionné le segment des sportives, devenant un véritable culte et s’imposant comme un best seller inspirant la concurrence. Jusqu’en 1984, la reine du segment s’écoule à 461 690 exemplaires, un joli banger alors que personne n’a cru au projet.

Fun fact : la version 4 portes, la berline Jetta, hérite du même traitement GTI de la Golf et devient la Jetta GLI.

Golf GTI Oettinger

Le cas Volkswagen Golf GTI Oettinger

Voulant surfer sur le succès de la compacte, Volkswagen France contact le préparateur allemand Oettinger. Le concept est simple : on veut du lourd. Oettinger ne se fait pas prier et développe une version 16 soupapes crachant 136 ch à 5 500 tr/min, un modèle complètement à part dans l’histoire du modèle et de la marque. L’Allemand revoit le châssis et surtout le freinage (liquide et plaquettes). La carrosserie reçoit un kit BBS et des jantes ATS de 14 pouces.

Pour le moteur, Oettinger s’occupe de métamorphoser le 1600 avec une nouvelle culasse 16 soupapes permettant d’atteindre une vitesse mac de 197 km/h. Le couple est désormais accessible dès 3 500 tr/min. Initialement prévue à 1 200 exemplaires, il semble qu’une centaine d’exemplaires supplémentaires soient sortis des chaînes, sans chiffre précis. La sportive ne sera disponible qu’entre 1982 et 1983. Pour le reste, Volkswagen laisse le choix entre la couleur blanche ou noir. Avec son nombre d’exemplaires très limité, l’Oettinger est certainement la version la plus recherchée par les amateurs.

1981, marque la plus grosse évolution esthétique de la Golf GTI

L’Avis des Cylindres :

Si la Golf GTI vous fait craquer, rassurez-vous : peu de choses sont à vérifier. Le bloc est robuste, même si selon l’état une réflexion peut être à prévoir. Cependant, il faut prévoir une inspection minutieuse de la carrosserie appréciant beaucoup la rouille et la corrosion perforante (à partir de 1979, les soucis de rouille se dissipent). Comme pour les Golf classiques, il y a des cas de soucis de courroie de distribution et des tableaux de bord qui craquellent sous l’effet du soleil. Heureusement pour vous, Volkswagen fabrique encore les pièces et il est tout à fait possible d’obtenir les pièces rapidement et pour pas trop cher (Mecatechnic, par exemple). Le carburateurs peut aussi faire des siennes.

Pour le reste, la Golf GTI se montre robuste et n’a pas peur d’offrir un maximum de sensation à son conducteur (et passagers). Attention : sur la GTI, certaines pièces peuvent se montrer plutôt coûteuses. Lors de l’inspection d’un modèle, on fera attention à celle repeinte récemment et surtout on fuira les version Jacky tuning.

Du côté des tarifs, il faudra plutôt se tourner vers les versions les moins recherchées comme la 5 portes ou le cabriolet qui réclament entre 13 000 et 17 000 €. Sous les 13 000 €, la Golf GTI, quelque soit la silhouette, demande une remise en état complète. La version dans les coeurs des passionnés étant la coupé 3 portes, elle se négocie aux alentours des 13 000 €, les plus belles allant jusqu’à 30 000 €. Le kilométrage n’est pas le principal point d’attention, on lui préférera une version nettement plus kilométrée mais à l’historique limpide et complet. Pour une Oettinger, il faudra s’armer de chance, de patience et d’un portefeuille bien garni.

GALERIE

VIDEO

Via Club Golf GTI serie 1, vwgolfswagg.

Guillaume Pina

Passionné par l'automobile depuis tout petit, j'adore l'automobile ancienne, mais aussi les plus récentes. Je m'intéresse tout particulièrement au design des voitures, les anecdotes autour de leur conception et encore plus quand elles ont fait un flop !

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