La Porsche 356, sur base de Volkswagen Coccinelle, rencontre un joli succès un peu partout dans le monde. La GT Allemande étant fabriquée directement chez Porsche. Karmann veut lui aussi sa part du gâteau. À partir de la même base, le carrossier Karmann va de son côté concevoir un petit coupé qui se positionne sous la 356. Ce projet va devenir la Volkswagen Karmann Ghia.
La Volkswagen Karmann Ghia : le jeu du ni oui ni non
Karmann est un acteur connu dans le monde de la carrosserie automobile, au même titre que Bertone ou Pininfarina, l’entreprise allemande, conçoit et fabrique des véhicules pour le compte de constructeurs automobiles. Le carrossier allemand assemble depuis plusieurs années la version cabriolet de la Volkswagen Coccinelle. Lorsque la société entend parler du projet de VW d’agrandir la gamme Coccinelle avec un coupé abordable, placé sous la Porsche, il n’en faut pas plus pour le développement d’un coupé. La société d’Osnabrück veut à son tour surfer sur le succès des petits coupés et avoir un autre véhicule à construire. Pourtant, la gestation du projet va être plus compliquée que prévu. À la présentation des prototypes, les dirigeants de VW refusent le projet, Karmann ne se laisse pas abattre.
Pourtant, le châssis de Volkswagen offre plusieurs avantages pour le carrossier allemand. Il est à la fois solide, léger et bon marché. Mais le jeu du ni oui ni non va commencer pour le carrossier, car il faut l’accord de la société de Wolfsburg. Bien que la carrosserie produit la version cabriolet, il faut aussi avoir accès aux points de ventes de la marque VW en Europe et en particulier aux États-Unis. Volkswagen, de son côté, va être votre pote relou et difficile à convaincre.
Tentant le tout pour le tout, Karmann se tourne vers les maîtres en matière de design : les Italiens. L’allemand demande de l’aide à Turin auprès de Pininfarina et de Ghia. Pininfarina propose un projet de berline fastback, mélange entre une Porsche 356 et une Lancia Aurelia. Finalement c’est Ghia qui propose la meilleure alternative. Un accord est trouvé entre Luigi Segre, patron de Ghia et Karmann. Mario Boano, dessine la future Karmann Ghia et la présentation du prototype a lieu en 1952.
Karmann Ghia choc et Chrysler d’élégance
À peine dévoilé, le véhicule provoque la controverse. Si le dessin est bien signé Mario Boano, la voiture a pas mal de similitudes avec la Chrysler coupé D’élégance. Cette dernière dessinée par Virgil Exner pour le compte de Ghia apparu quelques mois avant la Karmann. Boano a-t-il été influencé ou a-t-il copié le dessin d’Exner ? Personne n’a la réponse.
De toute manière, lorsque Volkswagen voit la voiture, les dirigeants tombent sous son charme. Le carrossier allemand trouve un accord avec Volkswagen au printemps 1954. Le lancement officiel de la voiture a lieu le 14 juin 1955 à l’hôtel Kasino de Westfalen, en Allemagne. Le public découvre quant à lui le véhicule durant le Salon de l’automobile de Francfort 1955.
Une Coccinelle avec un soupçon d’élégance
Je ne dirais pas que la Cox n’est pas belle, mais le dessin de la Karmann Ghia dégage un soupçon d’élégance supplémentaire. Car en dessous, le coupé partage avec la berline de Wolfsburg le même châssis, frein et moteur. Le Flatfour 1200 développe 30ch. Une motorisation un peu juste pour une voiture qui se veut sportive… Le coupé conserve la partie technique de la cox avec un ensemble bloc-moteur-boîte monté en porte-à-faux arrière. Certains détails vont être différents par rapport au prototype. Les pare-chocs gagnent des butoirs robustes, le montant de vitre est affiné et les clignotants placés sous les phares.
La voiture profite d’un centre de gravité bas et de quatre roues indépendantes, permettant d’atteindre en V/max les 120km/h. La fabrication de la voiture se fait manuellement et impose pas mal de main-d’œuvre. De plus, bien que la mécanique soit existante, il faut recourir à des gabarits spécifiques. Le châssis reçoit une modification ; il s’élargit de 12cm. En outre, avec ses nombreux panneaux de carrosseries et les joints à assembler et à souder, la voiture représente un gros investissement. Heureusement, la voiture est belle, très belle.
Le dessin de Boano se montre réussi et traverse le temps sans prendre une ride. La base de la Coccinelle, trop étroite, impose une carrosserie à ailes intégrées et à l’arrière des ailes qui se démarque du reste de la carrosserie. La type 143 (nom interne chez VW), prend le nom de Karmann Ghia Type 14 pour souligner la rigueur germanique et le design italien.
La Karmann Ghia un succès inattendu
À son lancement, les prévisions de production aux environs de 300 à 400 véhicules par mois. Mais ces chiffres vont être dépassés dès les premiers mois de commercialisation. La voiture est un véritable succès : les chiffres de production atteignent rapidement un pic à 50 voitures par jour. En 1958 apparaissait le cabriolet qui propose une configuration 2+2. La carrosserie cabriolet, prisé par les Américains et Volkswagen, se doit de proposer cette offre dans sa gamme. La version cheveux au vent arrive à l’été 1957. La voiture rencontre le succès immédiatement. La Karmann Ghia, qui bénéficie de la bonne image de Volkswagen, en Europe et aux États-Unis, conquérant rapidement les amateurs du genre. Dès la première année, elle s’écoule à plus de 10 000 exemplaires.
En 1961, Karmann Ghia évolue en voyant son 1200cm3 boosté à 34ch, prenant le nom de type 34. Le style évolue en devant plus carré. En 1966, le coupé et le cabriolet reçoivent le flatfour de 1300cm3 qui développe 40ch. L’année suivante, c’est le 1500 qui rejoint la gamme avec ses 44ch. En 1971, la fin de carrière approche et la voiture reçoit un 1600cm3 de 50ch. En 1976, c’est terminé, la Karmann Ghia disparait après 19 ans de carrière pour le coupé et 17 ans pour le cabriolet. Au total la Karmann Ghia s’écoule à 445 238 exemplaires. La Volkswagen Scirocco et la Porsche 914 prennent la suite.
Le succès de la voiture est important et une partie de la production sera fera au Brésil, où elle sera produite jusqu’en 1975.
L’Avis des Cylindres :
La Karmann Ghia a rencontré un immense succès. La preuve en presque 20 ans de carrière, près de 500 000 exemplaires ont été écoulés. On trouve encore de nombreux exemplaires sur le marché de l’occasion. L’entretien est relativement simple et le flatfour est fiable. Les pièces sont aussi économiques.
La Karmann Ghia subit les mêmes problèmes que la coccinelle : la rouille. On surveillera le plancher, les ailes, les goujons de portes, etc. Pour le reste la voiture reste une Allemande et ne souffre pas de gros soucis malgré son âge. Pour les prix, les dernières versions à partir de 1971 restent relativement accessibles, débutant à partir de 19 000€.. On peut faire de jolie affaire avec des versions peu kilométrées, à petits feux, pour 25 000€. Les exemplaires les plus anciens demanderont une rallonge de 5 000€.
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