Lancia en voilà une marque que j’aime et qui a marqué aussi bien l’histoire de l’automobile que les rallyes. La marque a connu par le passé plusieurs relances ou renaissances. D’abord en 1955, puis en 1969 avec l’absorption par le géant italien Fiat. Dans les années 1990 et 2000 avant de devenir une belle endormie. Retour sur l’un des plus grands gâchis de l’histoire de l’automobile.
Lancia : une marque innovante
La marque à la lance a presque écrit l’histoire depuis sa création en 1906. Le moteur V, les suspensions indépendantes ou encore la caisse autoportantes, toutes ces innovations sont signés de la vieille maison italienne. Il faut dire que le luxe et le sport sont aussi dans l’ADN de la marque. Au point où en 1955, Giovanni Lancia féru de sport mène la société de son père à la faillite. La même année, Italcementi et son PD-G Pesenti rachète la marque. Pour finalement la revendre dès 1969, après une situation financière catastrophique, à Fiat.
Au début des années 1970, Fiat se frotte les mains, Lancia brille d’un fort aura en Europe (et Audi n’inquiète personne). Au point où, Fiat fusionne Autobianchi et Lancia. Le Turinois découvre que les cartons sont vides et les caisses sont percées. Fiat met en place le projet de la Beta qui va faire hurler les clients avec sa forme bivolume à la sauce Citroën CX. Mais la marque va connaître son essor sous la houlette de Fiat. Delta, Thema, Y10 ou encore la Stratos.
Les années 1980, fin du disco et du sport
Mais le drame va arriver en 1986 lorsque la maison mère, Fiat, va avaler Alfa Romeo l’autre marque sportive italienne. Fiat doit décider entre les deux pour ne pas se cannibaliser sur le segment des véhicules sportifs. Lancia qui produit depuis plus d’une décennie des modèles à caractère sportif en a fait sa marque de fabrique : Lancia Delta HF et Intégrale en tête. Mention spéciale en 1986, quand Lancia présente l’incroyable Thema 8.32 à moteur 8 cylindres Ferrari. Qui créer une berline au son incroyable et aux caractéristiques monstrueuses.
Alfa va être la marque sportive du groupe et Lancia représenter le luxe. Dès la fin des années 1980, les Thema, Delta adopte des finitions plus bourgeoises que sportives. La Delta de deuxième génération qui arrive en 1993 n’aura plus de versions HF. La marque va abandonner petit à petit les modèles sportifs qui ont gravé son nom dans la légende et surtout fait les nombreux titres remportés par la marque, qui à ce jour détient toujours le plus grand nombre de titres de champion du monde constructeurs.
Les années 1990, décennie de transition
A partir de 1988, la marque présente la sage berline Dedra qui annonce par son design la petite Delta de deuxième générations au look sage et qui ne trouvera pas son public. Les années 90, vont être les années de disette pour la marque. Tandis que la sage Kappa prend la suite de la Thema, les ventes vont baisser par rapport aux générations sortantes. Seule la petite Y va connaître le succès avec plus de 800 000 exemplaires vendus durant sept ans. Pourtant Lancia proposera jusqu’en 1995 la première Delta Integrale, face à des versions HPE sportives moins radicales sur la Delta de deuxième génération (d’abord en 186ch puis 193ch).
La période va aussi voir apparaître des modèles pas forcément en cohérence avec l’image du constructeur comme le monospace Zeta. La ligne va aussi s’assagir avec moins de brutalité et plus de rondeur. La première à décevoir malgré un comportement dynamique et de bon retour sur ses qualités : la Lancia Lybra. Très vite moquée par son style mou et insipide. Même le pauvre Harrison Ford n’arrivera pas à la promouvoir. Nos deux mais aimées, s’écouleront entre 100 000 exemplaires pour le Zeta et 210 000 unités pour la berline. Le début de la descente en enfer…
Les années 2000, la descente en enfer
A la fin des années 1990, le groupe Fiat va mal, la qualité des voitures est en baisse et les ventes s’effondrent. Combien des amis de mes parents ont eu des soucis avec des poignées de portes fragiles, des défauts de faisceaux électriques ou des casses moteurs en série. Malade, Fiat subit la disparition tour à tour des héritiers (Giovanni Agnelli et Edoardo) de Giovanni Agnelli dit l’Avvocato disparu en 2003. Lancia tente de s’en sortir en dévoilant tour à tour, la Lancia Ypsilon deuxième du nom, la petite Musa et surtout le concept Fulvia. La marque va également sortir différents concept-cars qui annoncent le nouveau style maison et présente son vaisseau amiral : la Thesis. Faute de budget, la remplaçante de la Lybra passe à la trappe et la marque étudie la Delta.
En 2006, le groupe Fiat commence enfin à avoir de l’air frais, Sergio Marchionne qui a repris les rênes du groupe. Supprime, licencie, envoi les projets dans les cartons ou mise sur d’autres projets. Dans le même temps, Lancia présente à Genève, le concept HPE, la voiture qui doit relancer la vieille maison italienne : la Delta de troisième génération. Puis de version sportive ou de puissance. La marque met en avant le style néo-baroque de la nouvelle compacte. Si le nom est conservé, le style de la voiture n’a plus rien à voir avec les précédentes.
Les années 2010, en attendant la mort
Faute de moyens suffisants, Lancia sombre, seules les Ypsilon et Musa se vendent à peu près. Les Phedra, Thesis et Delta n’attirent pas les foules. Dès 2009, la grande berline Thesis disparait du catalogue, le Phedra disparait à son tour en 2010. Laissant seuls les Ypsilon, Musa et Delta. En 2011, le drame arrive quand Fiat finit de digérer Chrysler, devenant Fiat Chrysler Group (FCA). Lancia et Chrysler vont faire cause commune dans les projets. Une belle annonce, mais dès 2011 et en même temps que le lancement de la troisième Ypsilon, la marque italienne dévoile d’un coup trois autres nouveaux modèles : Flavia cabriolet, Thema et Voyager.
Vous vous en doutez, les trois voitures d’origines américaines finissent de tuer les derniers amateurs de la marque. La marque italienne revient en Angleterre par le biais de Chrysler, qui lui rebadge les Lancia en Chrysler. Les Anglais ne se sont pas fait avoir et les Chrysler Ypsilon et Delta disparaissent aussi vite qu’elles sont venues. Lancia est condamné dès 2013, FCA laisse la marque à son sort. En 2014, la Lancia Delta est supprimée, suivies par les Flavia cabriolet et Thema. Seul le Voyager continu son voyage… Jusqu’en 2015.
En 2015, Lancia annonce son retrait de d’Europe et la fermeture de son réseau français dès le 16 avril 2016. La marque se recentre sur l’Italie et ne vendra que la petite Ypsilon en attendant qu’il se passe quelque chose… La marque devient une belle endormie et certaines rumeurs se forment autour de sa disparition d’ici 2020 voire, simplement d’une vente auprès d’un constructeur asiatique (dont des rumeurs fut importantes avec Geely en 2017-2018.
Fun fact :
La Flavia annoncée en berline en 2011, ne sortira pas et son pendant cabriolet ne s’écoulera en Franc qu’à 82 exemplaires bien aidés par une remise de 10 000€ puis de 15 000€. La Thema quant à elle, ne dépassera pas les 300 exemplaires en France, évidemment bradée elle aussi.
Les années 2020, une vraie renaissance ?
Entre-temps, les choses changent, car Fiat se rapprocher de Peugeot pour former Stellantis. Chaque marque va avoir 10 ans pour se relancer. Alfa Romeo va être le premier à dégainer un produit sous l’ère Stellantis avec le Tonale puis Lancia se réorganise. Luca Napolitano prend la tête de la marque et Jean-Pierre Plouet prend la tête du design. En novembre 2022, la marque annonce enfin son grand renouveau par teaser. Le constructeur fait de grandes annonces avec l’arrivée de trois nouveaux modèles, du thermique, de l’hybride et de l’électrique.
Pendant ce temps en Italie, l’Ypsilon se paie le luxe de devancer Alfa Romeo en termes de vente. La petite citadine s’écoule à plus de 50 000 exemplaires. Comble de luxe, elle reçoit une version hybride de 70ch partagée avec les Fiat Panda et 500.
On espère tous un premier concept-car qui nous fassent rêver et oh surprise point de nouvelle Stratos, de Delta HF, etc. La marque dévoile une sculpture que l’on va vous laisser nommer selon votre humeur. Alors que devons-nous attendre du renouveau de la marque ? Dès le mois d’avril 2023, la marque va dévoiler un premier concept-car annonciateur du nouveau style maison puis 2024 sera l’occasion de découvrir la nouvelle Ypsilon, puis un SUV et une compacte.
La vie de la marque n’a pas été un long fleuve tranquille, fait de désillusion, d’échec et de come-back. Que va devenir la vieille marque à la lance ? Nous ne pourrons répondre à cette question qu’à partir de la fin de l’année 2024. Alors, croisons les doigts pour un concept-car qui nous fasse rêver au mois d’avril prochain et d’une nouvelle Ypsilon qui arrivera d’ici quelques mois.
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