Pour se sortir de sa monoculture et pallier à la baisse des ventes de la mythique Coccinnelle, Volkswagen se cherche. Tournant en rond, la marque dévoile plusieurs berlines dans les années 60. Faute de succès, l’allemand chipe le dernier projet de NSU. Une berline ultra moderne qui prend la suite des non regrettées familiales à moteur arrière. Il s’agit de la Volkswagen K70 qui connaitra (malheureusement) le même sort.
Une situation délicate
Dès les années 1950, la direction de Volkswagen remet en question la folle carrière de la Coccinelle, il faut prévoir l’après. Alors pour diversifier l’offre comme la concurrence, Volkswagen étoffe sa gamme par le haut avec la berline 1 500 et son moteur arrière refroidi par air. Cette dernière, apparue en 1961, se veut plus confortable et familiale que la Coccinelle. Malheureusement, la berline ne séduit pas n’y les suivantes comme les 411, 412 et 1 600. La situation devient délicate pour le constructeur. On peut tout de même relativiser la situation avec le succès de la Karmann Ghia et du Transporter.
C’est ainsi qu’au début des années 1960 la marque allemande (re)réfléchit au remplacement de la mythique cox. Et ça tombe carrément bien ! Volkswagen vient de s’offrir la marque NSU. Cette dernière est avant tout connue pour sa Ro80 à moteur Wankel, pas très fiable qui pousse la marque vers le précipice. Cette nouvelle tentative va passer par utiliser une architecture alors inconnue chez Volkswagen : la traction. Le précurseur, ou plutôt « les », puisqu’il s’agit de Mini (BMC) et surtout du groupe Fiat avec la marque Autobianchi et sa Primula puis l’A112 popularise le genre. D’un autre côté la marque démarre une nouvelle réflexion en interne qui donnera naissance à la première Golf.
De la NSU K70 à la Volkswagen K70
Bref, pour Volkswagen, le rachat est une aubaine, car NSU a dans ses cartons une toute nouvelle et fraîche berline. Elle est dessinée par le designer maison Claus Luthe, qui partira plus tard pour BMW. C’est tout simplement servi sur un plateau ! Ce projet devait se placer entre la Ro80 et la 1200. Il n’en faut pas plus à la marque pour reprendre le modèle et poser son logo. La berline NSU devient Volkswagen, Volkswagen K70 plus précisément. La situation s’éclaircit un peu chez l’Allemand avec la relance d’Auto-Union qui devient Audi dès 1965 (rachat à la base uniquement pour l’usine de la marque). Outre les modèles 60, 70 ou en 90, le succès arrive avec la Audi 80 en 1972. Cette dernière dérivant de la Volkswagen Passat et apportant son lot de fraîcheur.
Mais revenons à la nouvelle Volkswagen K70, qui arrive en 1970 et prend la suite des berlines Volkswagen à moteur arrière et propulsion. C’est la ré-vo-lu-tion ! Enfin, presque. Plulôt moderne, la berline K70 profite outre sa traction, d’un moteur avant refroidi par eau et d’un dessin moderne. Mais la révolution n’aura jamais lieu…
Un nouveau souffle chez Volkswagen
Le développement de la K70 commence en 1964, alors que NSU sent que son entêtement pour le rotatif va le mener à sa perte. Il faut réagir avec une berline moderne, mais surtout sans rotatif sous le capot. Prévue pour le Salon de Genève 1969, rien ne va se produire comme prévu. Son nom de baptême K70, la distingue de la Ro80 (qui désigne Rotatif 80) et de la Prinz/1000. Son patronyme dérivant de Kolb, piston en allemand et 70… sa puissance ! Mais entre temps, NSU dont les caisses sont vides à cause du développement de la K70, accepte l’offre de rachat de Volkswagen. Les actionnaires inquiets du rachat voient d’un mauvais œil l’arrivée de la berline et se disputent. À quelques jours de sa présentation, le lancement de la voiture est tout simplement annulé. Malgré l’envoi des dossiers presse et les premières photos.
Ainsi, durant l’année 1969, Volkswagen acquiert NSU. L’intérêt du rachat étant d’obtenir le bureau d’étude de la société. Au passage le petit constructeur fusionne avec Audi pour réduire les frais de développement. En fusionnant, la berline K70 aurait dû passer sous pavillon Audi, sauf que la marque dispose déjà de sa berline ; l’Audi 100. Volkswagen veut absolument éviter le cannibalisme au sein de la marque aux anneaux, alors en plein renouveau. Hors de question de la sortir sous le badge NSU, car Volkswagen s’apprête à faire disparaitre la marque. Finalement, la décision est prise d’incorporer la K70 dans la gamme Volkswagen.
Pour le coup, le projet parait être une bonne idée, il permet sans trop de frais de faire oublier les précédentes berlines de la marque de Wolsburg. Tout étant encore vendu en parallèle de la VW 411. La Volkswagen K70 apparait en juillet 1970. En plus, la berline permet à la marque d’enfin disposer d’une traction et de paraitre moderne. Sous le capot aussi c’est la révolution avec un nouveau moteur 4 cylindres 1.6l (1 605cm3), repris de la NSU 1200, de 75ch (initialement à 70ch et 1600cm3) et secondé par une puissance supérieur de 90ch (en finition L). Malheureusement, le bloc profite d’un refroidissement par eau et non pas air comme à l’accoutumée chez Volkswagen.
Techniquement, la Volkswagen K70 est trop en rupture comparée au reste de la gamme de la marque. Elle ne séduit ni les clients ni le réseau. La pauvre berline se voit rapidement mise de côté par les concessionnaires qui ne savent pas comment la vendre. Eux, qui vantent auprès de la clientèle le moteur arrière et le refroidissement par air de la Cox ou encore de la 411.
La K70 n’est pas une vraie Volkswagen
Finalement, la K70 fait doublon avec la vieille 411, mais elle une vraie Volkswagen aux yeux des clients. Dès 1973, la berline connait son seul et unique restylage qui ne parvient pas à faire remonter les ventes. Les optiques carrées sont abandonnées au profit d’optiques rondes, plus proche de la gamme Volkswagen. Sous le capot, pas de changement. Enfin si, une nouveauté apparait avec la très rare version sportive LS développant 100ch à partir du bloc 1800cm3 d’origine Volkswagen.
Malheureusement pour la pauvre berline, il est trop tard et Volkswagen dégaine le duo Audi 80/Volkswagen Passat. La K70 continue sa carrière à l’ombre de la nouvelle familiale Passat. Oubliée de tous, elle sombre dans l’anonymat avant de disparaitre définitivement dès le printemps 1975. Dans tous les cas, elle a permis de défricher la traction chez Volkswagen et de préparer la clientèle à la venue de la Passat et de la Golf, mais aussi l’Audi 50/Polo. Si la voiture a fait un flop, par la suite les équipes de NSU ont permis le développement de nombreuses autres voitures marquantes dans l’histoire de Volkswagen. Mine de rien, le vilain petit canard a permis de faire bouger les choses. Au total, ce sont 211 127 exemplaires qui seront écoulés en cinq ans. Un score honorable pour une voiture décrite comme un flop (dont 14 344 en France).
Fun fact : Audi-NSU a chaque K70 vendu touchait en royalties 33 DM de licence pendant quatre ans en plus des 31 millions de DM pour les droits de fabrication de la berline.
BONUS : Volkswagen et surtout NSU ont réfléchi à une version break « Variant », qui ne connaitra pas de suite.
L’Avis des Cylindres :
En voilà une jolie licorne à dénicher ! Surtout qu’avec les primes à la casse, il en reste très peu. La voiture n’ayant pas marqué l’histoire automobile. On surveillera comme toujours la rouille, qui touche les traverses, les ailes ou encore le coffre. Le moteur se montre plutôt solide et fiable (le contraire du bloc Wankel de la Ro80). Pour le reste, il faudra regarder du côté de l’Allemagne pour les pièces.
Côté tarif, une Volkswagen K70 demande 5 500€ avec une remise en état quand une version « prête à l’emploi » se déniche dès 7 000€. Autant mettre 2 000€ supplémentaire pour en profiter de suite et exposé lors des rassemblements l’échange mariage d’une Volkswagen et d’une NSU.
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Via Auto-forever, Wikipédia, Volkswagen
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