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Renault 5 TX : Elle se met sur son 31 ! (1982-1984)

En 1982, la malicieuse Renault 5 s’endimanche avec une version plus haut de gamme. Cette nouvelle version TX s’inspire des Renault 16 et Fuego éponymes. Avec la Renault 5 TX, le constructeur au losange joue la carte du chic et part à la conquête des beaux quartiers. Grâce à sa ligne moderne, son habitabilité et son côté économe, la petite sorcière séduit tous les publics. Alors, quand la petite Renault enfile une robe de soirée, l’ambiance monte d’un cran.

La Renault 5 TX, qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse

Avec la citadine 5, le constructeur jette un pavé dans la marre au début des années 1970. Outre son look adorable et son habilité très intéressante pour le segment, la petite Renault affiche un look plus moderne que sa rustique grande sœur, la Renault 4. Le dessin, signé Michel Boué, a séduit des millions de conducteurs à travers l’Europe, mais aussi du monde avec ses formes rondelettes et sa face avant joviale. Secondo, le pari de Renault de faire une voiture citadine à hayon est une réussite mais certains éléments sont devenues une signature, comme l’inauguration des premiers pare-chocs en polyester, plutôt que du chrome.

Sur le marché depuis 1972, la citadine au losange prend de la bouteille, malgré qu’elle continue de mettre la fessée à nombre de concurrente. Tel un pillier de bar, la p’tite de flin enchaîne les podiums au nez de PSA Peugeot-Citroën, les 104-LN-Samba et autre Visaq qui ne font pas recette. En France, le losange domine avec une gamme plus restreinte et plus équilibrée. Pourtant, avec 10 ans au compteur, la Renault 5 aurait pu prendre une retraite bien méritée. Mais non, elle continue et élargit sa gamme. En 1982, Renault y ajoute une nouvelle version : la Renault 5 TX. Plus huppée que la LS par exemple, elle suit la logique entamée par Renault avec la Fuego, la R30 et la R16. C’est là une version plus haut-de-gamme et huppée, chapeautant une gamme plutôt humble et économique, exception faite de la Sportive Alpine mais surtout des Turbo et Turbo 2, limitées en nombre.

La 5 TX, Very Importante Citadine

Profitant encore d’une image très dynamique, justement grâce aux versions Alpine et Turbo, Renault y rajoute un statut plus haut de gamme avec un équipement très moderne, voire inédit pour l’époque. C’est ainsi que le millésime 1982 accueille une véritable VIC (Very Important Citadine, je viens de l’inventer). Désormais, des HLM, en passant par la classe moyenne et la campagne, la 5 pose ses roues dans les quartiers chics des grandes villes françaises, s’opposant frontalement avec la très chic Autobianchi A112, Innoncenti et Mini.

A l’image de ses grandes sœurs, l’appellation TX se décline sur la petite auto. Pour se démarquer des autres Renault 5 plus « populaires », la Renault 5 TX se distingue par sa peinture métallisée vernie, disponible au lancement en quatre teintes évoquant le raffinement : Acier (618), Argent (620), Champagne (161) et Noir (694). Ce choix restreint évolue dès 1983 avec l’ajout de la teinte Epicéa (918). Pour son dernier millésime, le choix des teintes évolue avec la disparition des teintes Epicéa et Acier qui cèdent leur place à Nuage (624) et Schiste (402). Quel que soit son profil, des monogrammes « TX » décorent le capot moteur et le hayon, tandis que les flans sont soulignés d’une touche de chrome et d’un liséré sous le vitrage latéral. La bourgeoise se distingue ainsi des autres finitions, finissant avec une touche sportive par des jantes Amil 13 pouces à 5 branches en alliage léger qui apportent une allure sportive. Raffinées, les jantes adoptent un traitement désormais commun consistant à polir l’alliage et offrir une finition noire pour être encore plus chic.

Pour le reste, les pare-chocs adoptent la teinte basalte, quelle que soit la couleur de la carrosserie. Se voulant chic et sportive et bien que la version 5 portes existe depuis 1979, la version TX n’existe qu’en version 3 portes. Avec un soin particulier, le vitrage feuilleté s’habille sobrement d’une teinte bronze.

Un intérieur résolument chic

A bord, Renault met les grands plats dans les petits avec un traitement tout particulier du mobilier et de l’atmosphère. La sellerie des sièges « pétales » et les contre-portes s’habillent d’un drap de velours beige dit sable. Les ceintures sont à enrouleurs et la banquette arrière est rabattable en 1/2, avec des sièges indépendants. Elle est spacieuse et habitable, tout en étant aux petits soins de ses passagers : c’est ça, la voiture à vivre ! Pour plus de raffinement, une moquette épaisse unie accompagne le raffinement. Pour le chic absolu, les vide-poches et le coffre sont recouverts de moquette.

Du côté de l’équipement, c’est presque de l’inédit à bord avec la direction assistée, les vitres électriques, horloges digitale au plafond, compte-tours Jaeger, tachymètre, pré-installation radio avec antenne de toit et radio de série, projecteurs à iode H4, lunette AR chauffante, spoiler avant, climatisation rétroéclairé, vitre de custodes pivotantes, lave glace électriques… : un équipement moderne digne du segment supérieur ! Le volant ne provient pas de la gamme Renault 5, mais de la Renault 18 Turbo avec une finition en cuir grainé. L’instrumentation adopte un fond noir pour un aspect plus premium. La R5 TX trouve sont public malgré son tarif plus élevé que le reste de la gamme avec un ticket d’entrée fixé à 50 200 F (18 454 € actuels), ce qui représente tout de même une rallonge de 7 800 F que la 5 TS.

Outre la version 5 portes, l’intérieur hérite d’un nouveau mobilier plus moderne.

Sous le capot, un esprit de GT

Par mesure d’économie, le moteur qui équipe la Renault 5 TX est partagé avec la Renault 5 TS, soit le bloc 4 cylindres Cléon-Fonte 1,4l de 63ch, à 5 250 tr/min. Ce dernier est alimenté par un carburateur Weber 32 DIR 100 double corps (et un 32 DIR 90 en version automatique). Le bloc atmosphérique positionné de manière longitudinale profite d’un allumage électronique pour plus de confort. Sans être une pure sportive, la R5 TX offre des prestations de petite GT dévergondée, qui lui permet d’être autant à l’aise en ville que sur autoroute. Moderne, le Cléon est épaulé par une boîte 5 rapports au plancher. En option, la TX peut recevoir une boîte automatique à 3 rapports, plus adaptée à la ville qu’à l’extra-urbain car la puissance tombe à 58,5ch. Le petit moteur relativement agile offre 103 Nm dès 3 000 tr/min et une vitesse de pointe à 155 km/h. La Supercar profite d’ailleurs d’une assistance au freinage.

Dommage, elle est née trop tard

A partir de 1983, avec l’arrivée de la Peugeot 205, la messe est dite et désormais les ventes s’effondrent, la Renault 5 perd sa place dorée. La Renault 5 TX arrive trop tard sur le marché. Attaquant les vétustes Autobianchi et Mini, la chic Renault ne cache, malheureusement, pas ses rides. Pourtant, les ventes de la 5 TX se portent bien. Elles sont même encourageantes, mais la petite sorcière est en bout de course et la Supercinq pointe déjà le bout de son capot.

La petite 5 TX disparaît dès l’année 1983 avec la simplification de la gamme. Ainsi, la 5 termine sa carrière avec comme unique finition la Lauréate (je n’exclue pas la 5 Lauréate Turbo mais elle remplace l’Alpine Turbo). Néanmoins, la TX a ouvert la voie à une nouvelle catégorie de voiture comme le fera la Lancia/Autobianchi Y10 : les mini de luxe. Renault donne une suite à la petite voiture de luxe avec la Supercinq Baccara, la Renault Clio Baccara et Clio Initiale Paris. Finalement, la MINI de BMW n’a rien inventé.

L’Avis des Cylindres :

Je commence avec une anecdote, ou plutôt le titre d’un article du respecté Patrice Vergès : « La Renault 5 : je rouille pour vous ! ». La petite Renault 5 TX et ses sœurs ont une maladie plutôt répandue pour l’époque : la rouille. Plus écolo tu meurs, car la française était biodégradable au point de rouiller dès la livraison du véhicule, expliquant en partie sa raréfaction sur nos routes (bien aidée par les différentes primes à la casse), alors qu’elle s’écoulait à près de 300 000 exemplaires par an. L’un des plus gros points faibles de la 5 reste ses ailes arrière (mais aussi dans une moindre mesure avant), sujettes à la pourriture. En effet, la boue s’accumule dans les ailes arrière qui pourrissent à l’intérieur. Et c’est sans compter des joints des feux arrière qui perdent en étanchéité et dont l’eau s’écoule… dans les ailes. A l’avant, les ailes peuvent subir le même sort. Problème tout aussi répandu, les attaches de suspension se corrodent, à l’instar des bas de caisse, du plancher et du contour de baie de pare-brise avant. A surveiller donc.

Pour le reste, la boîte à fusible fait des siennes, comme les durits de direction assistée qui se percent avec le temps et le flector de colonne de direction prend du jeu. N’oublions pas que nous avons à faire à des voitures désormais quarantenaires, qui réclament un entretien (très) régulier. Pour le reste, c’est du classique, robuste et facilement réparable. Attention : la version automatique souffre de nombreux maux qui les fatiguent avant les 100 000 kilomètres, immobilisant la voiture avec une note salée. A bord de la Renault 5 TX, les velours drapé du plus bel effet s’usent rapidement au niveau des assises. Il faut prévoir une utilisation et un soin tout particulier.

Du côté du tarif, la rareté fait les prix. Les versions auto moins demandées s’échangent en moyenne autour de 8 500 € avec une rénovation complète, quand les manuelles réclament de leur côté 1 000 € de plus. En état concours sans frais, une automatique demande 10 000 € lorsqu’une manuelle dépasse facilement les 12 000 €. La chasse au trésor est ouverte.

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Via Renault France, Renault5.net

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