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Renault 4 Plein Air : Un joujou extra (1968-1970)

RENAULT 4 PLEIN AIR

Voilà un petit jouet bien amusant qui apparaît avec le développement des activités de loisirs ! La Renault 4 Plein Air boxe dans une catégorie naissante et en pleine expansion : les voitures de plage. Tandis que les grandes cités balnéaires poussent un peu partout en France, les constructeurs conçoivent des voitures ludiques et utiles pour les plaisirs du bord de mer. Citroën sort sa Méhari et Renault propose la Renault 4 Plein Air, un joujou extra qui fait crac-boum-hu, les filles en tombent à mes genoux.

Les voitures de plages, nouveau joujou des vacanciers

Voilà un drôle de segment, les voitures de plage : pas de portes, pas (presque) de toit, pas de carrosserie protégeant des intempéries. Bref, des voitures utilisables qu’en cas de beau temps. Pourtant, au milieu voire à la fin des années 1960, le segment apparaît et s’étoffe rapidement. La première à populariser ce type de véhicule sort en 1964 : il s’agit de l’Austin Mini Moke. Aussi mignonne soit-elle, l’Anglaise n’est pas du tout confortable (crac-boum-hu). Les constructeurs français en profitent pour s’engouffrer dans la voie et développer leur offre. Le premier à dégainer sa voiture de plage est Renault avec sa 4 Plein Air. C’est par un concours de circonstances que la 4 coupe la priorité à la Citroën Méhari. La voiture de plage de Boulogne-Billancourt apparaît le 15 mai 1968 à Thoiry, tandis que la Citroën Méhari se présente un jour plus tard au golf de Deauville.

Le principe est assez simple : on conserve les qualités routières d’une voiture, et on retire le toit, les montants ainsi que les portes pour pouvoir profiter des rayons du soleil et de la chaleur. Encore plus pratique, la voiture permet de se rendre à la plage sans les inconvénients du sable et de l’eau, car tout est logiquement étudié pour ne pas s’en soucier. De plus, si le temps ne le permet pas, la bagnole permet d’aller faire des retours le dimanche à la déchetterie, un aspect utilitaire bien pratique (quoiqu’un peu encombrant). L’histoire n’en retiendra qu’une. Présentées en même temps et en plein mouvement sociaux de mai 1968, les lancements des Renault 4 Plein Air et Méhari commencent mal. Il n’empêche que la guerre est déclarée entre les deux constructeurs.

Recette d’été : on découpe tout et l’on met une capote en toile

La Renault 4 Plein Air, le remix de l’été

Le développement d’une 4 façon cabriolet n’est pas sorti de la tête du marketing Renault comme ça. En 1962, Sinpar proposait une Renault 4 torpédo sur la base de la fourgonnette F4. Peu grâcieuse, l’entreprise présenta en 1968 une version cabriolet à quatre portes qui n’ira pas plus loin, puisque la Plein Air arrive. Pas une grosse perte pour Sinpar, car finalement il s’occupe de la 4 Plein Air et l’avenir prouva qu’un cabriolet 4 portes n’est pas toujours une bonne idée (coucou, la Citroën Visa décapotable).

Point de David Guetta ou de Martin Solveig (tu connais, si tu as plus de 30 ans), notre Renault 4 Plein Air est confiée à la firme Sinpar. Pour la faire simple, Sinpar est liée au losange pour la transformation des véhicules en véritables tout terrain. La société s’occupe de développer ou de transformer une 4L Type R1123 en cabriolet à la mode. Le toit saute, les portes aussi, mais pour, plus de raffinement (ou un stock à écouler), certaines pièces proviennent de la finition R4 Parisienne comme les enjoliveurs ou les pare-chocs chromés. Cette finition disparaîtra par ailleurs la même année.

La bataille s’annonce rude entre la Méhari, la Moke et donc la 4 Plein Air. La guerre démarre déjà sous le capot avec deux moteurs très proches en puissance entre la Méhari et la 4 Plein Air. La première récupère le moteur de la Dyane et son bicylindre de 28ch tandis que la Quatrelle offre un 4 cylindres 845cm3 de 27ch. Du côté de la transmission, la Renault 4 Plein Air rend la boîte synchronisée de la Parisienne à 4 rapports. Enfin, des autocollants « Plein Air » prennent place sur les bas de caisse latéraux.

La Renault 4 Plein Air prend la suite de la 4 Parisienne

Un vrai travail d’adaptation… pour un flop magistral

Pour la conception de la Renault 4 Plein Air, Sinpar n’y va pas par quatre chemins (vous l’avez ?) : le toit est découpé, les montants B et C disparaissent, les portières sont aux abonnés absents tandis que l’arrière reste plutôt haut pour conserver le coffre (ainsi que la partie basse du coffre à hayon) et recevoir la capote. Pour conserver tout de même le maximum d’éléments de la Renault 4 de base, la face avant jusqu’au pare-brise et le mobilier intérieur restent identiques. Visuellement, l’arrière paraît plus haut que l’avant de la voiture, donnant une impression de déséquilibre. En cas d’intempéries, la Renault conserve une capote pliable qui protège latéralement les passagers. Pour plus de sécurité, une cordelette en similicuir remplace les portières. Néanmoins, la planche de bord évolue en 1967 avec un nouveau volant à moyeu carré et le mobilier devient beige.

Pour pouvoir rester rigide, Sinpar dote la 4 Plein Air de panneaux latéraux renforcés permettant de conserver la rigidité de la caisse et un bon maintien dans le temps. Malheureusement moins pratique que la Méhari, la Renault ne dispose pas de trappe pour un rinçage de l’intérieur de la voiture. La pauvre petite Renault cumule les différences avec sa rivale qui ne lui permettent pas de briller. Pire : son prix, bien plus élevé que celle des chevrons, nuit à sa carrière. À son lancement, la Renault réclame 8 990 F (soit 10 735 € de 2023). En 1970, c’est l’inflation et on constate alors une hausse du prix de la voiture pour atteindre 9 800 F (11 702 € actuels). La Renault 4 Plein Air est malheureusement beaucoup plus chère que la Citroën Méhari ou que la Mini Moke (environ 15 % de plus).

Une fin de carrière éclair

Par rapport à la Méhari, non homologuée en Allemagne, la Renault 4 Plein Air connaît une carrière européenne et américaine avec l’intégration de la voiture de plage en Amérique du Nord. En 1968, coup de promo extra avec l’apparition de la Plein Air comme véhicule de service durant l’exposition universelle de Montréal, au Canada. La Plein Air disparait du catalogue Renault dès le mois d’avril 1970, faute de succès. Cependant, on ne connaît pas précisément le nombre d’exemplaires construits de la Renault des plages, bien que l’on l’estime entre 560 et 700.

L’Avis des Cylindres :

On est littéralement sur la plus rare des Renault 4. Marre de la mythique Méhari et de la Moke ? Alors, il faut absolument partir à la recherche de la Plein Air ! La cote actuelle se situe entre 19 à 25 000€. Avec près de 8 millions d’exemplaires construits, les pièces ne manquent pas et l’on peut en plus les dénicher à peu de frais. Bref, remettons à la lumière la plus cool des Renault 4, un joujou extra, comme chantait Jacques Dutronc.

GALERIE

VIDEO

Via R4-4L, Renault, Rozaly

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