Citroën n’a jamais eu réellement le goût pour les modèles cabriolets. Ce sont principalement les carrossiers qui ont œuvré pour offrir des versions cabriolet à la marque aux chevrons. Du côté des découvrables, la marque a acquis un certain plaisir à offrir des modèles à toit ouvrant. On peut citer aisément la Citroën 2CV, la Dyane ou encore la Citroën Visa décapotable, signée Heuliez.
La Citroën Visa Découvrable, un concours de circonstances.
Tandis que la Citroën Dyane disparait du catalogue, celle qui devait prendre la place de la 2CV n’a pas convaincu. La Visa qui sort en 1979 essaye à son tour de rafraichir l’image du constructeur, depuis peu racheté par Peugeot. Évidemment la Citroën Visa fait un flop et chez Heuliez on a l’idée de trouver une solution pour relancer la citadine à moindres frais.
Dans les années 1950, le carrossier Heuliez se spécialise dans les utilitaires ainsi que les bus, délaissant l’automobile. Puis dans les années 1970, la société remet les pieds dans l’ingénierie automobile et collaborant régulièrement avec les constructeurs français. L’entreprise de Cerizay renoue avec l’automobile par le biais des cabriolets. Au début des années 1980, la marque propose une Renault 4 Cabriolet au losange, qui l’a refuse.
Pendant ce temps, Heuliez tisse des liens avec Citroën pour le développement de plusieurs voitures. Il y a d’abord eu la malheureuse tentative avec la M35 puis une proposition de facelift pour la Citroën Visa. Si la M35 est un échec, Heuliez va récupérer le développement du break de la BX. Par ailleurs, le carrossier remporte le contrat pour le restylage de la Visa. Le bureau de design est en effervescence, les designers imaginent également d’autres versions comme les Trophées et Chrono. Surtout le carrossier rêve de produire une version atypique pour le compte de la marque. Heuliez imagine que la R4 cabriolet, refusé par Renault, se recycle à moindre frais.
La Visa is the new deudeuch
Renault refusant d’industrialiser la R4 Cabriolet, Heuliez va proposer le projet à Citroën qui accepte l’idée. Le carrossier de Cerizay va donc transformé une première fois la Visa en un cabriolet 3 portes. On ignore qui des deux est à l’initiative de ce projet, est-ce Citroën ou bien Heuliez, pas refroidi du refus de Renault. Le projet de Citroën Visa cabriolet démarre en tout cas en 1981. Ce premier prototype est présenté en 1982, mais ne convainc pas Citroën, surement à cause de son dessin. Le projet vise une clientèle plus jeune avec un prix accessible avec un aspect fun et décalé, proche de la VW Golf 1. Cependant, son design n’est pas très heureux avec un empattement plus court et surtout un arceau apparent. De ce fait, la proposition n’est pas retenue.
En outre, Heuliez persiste et singe une version découvrable sans doute plus économique à fabriquer. La plus grosse modification reste la suppression du toit en acier pour un toit en toile ainsi que la rigidification de la caisse, avec une poutre en acier sur le montant B. Ce second projet présenté à la fin de l’année 1982/début 1983 à Citroën. La marque aux chevrons valide la proposition et intègre rapidement la Visa découvrable dans sa gamme dès 1983. La marque aux chevrons, y voit la possibilité de dynamiser son image et rebooster le modèle à moindres frais. La Citroën Visa décapotable, prend ainsi la suite et la place laissée par la Dyane. Alors remplacera, remplacera pas la mythique 2CV ?
Trois ans puis s’en va
Dans tous les cas, la Citroën Visa découvrable débarque en concession en avril 1983. Son tarif de 56 460 fr (17 628€ de 2023) plutôt salées ne l’aide pas, surtout face à la Visa de base vendue 44 300 fr (13 832€ de 2023). D’ailleurs, sous son capot, la Visa découvrable se base sur la version 11RE avec son petit 4 cylindres 1.1l de 50ch. Pas un foudre de guerre, la motorisation ne fait pas le poids avec la VW Golf, ni même avec sa cousine, la Talbot Samba. Côté option, la Citroën Visa n’est disponible qu’en deux teintes : rouge ou gris métallisé. On remarque que pour alléger la ligne, les montants du pare-brise sont repeints en noir brillant. Les Allemands et les Belges ont le droit à un superbe marron. De plus, elle reçoit en 1984 les vitres électriques et la centralisation (puis c’est tout) mais perd le système PRN (Pluie-Route-Nuit).
La Citroën Visa décapotable est évidemment un flop avec seulement 2 633 exemplaires produits (dont 1 753 exemplaires pour la première année et 58 exemplaires en 1985), la messe est dite et Heuliez et Citroën la supprime sans regret pour faire plus de place à la production de la BX break, réalisé chez Heuliez à Cerizay.
L’Avis des Cylindres :
En voilà une rareté ! Plus récente que la Dyane ou la deudeuche nationale et bien moins chère que la Méhari, la Citroën Visa décapotable, est à considérer. Économique avec son petit moteur de 50ch (bloc XY), elle sera facile à entretenir. On fera attention à la perle rare avec ses éléments comme le coffre ou le toit qui sont rares à trouver. Pour le reste, les pièces sont encore très faciles à trouver.
Le summum serait une version allemande ou belge avec sa teinte marron, mais une grise ou rouge fait tout aussi bien l’affaire. De toute manière, en trouver une c’est déjà une pépite. Un exemplaire à remettre en route demande 3000€. En 2021, un très bel exemplaire de Visa décapotable a été mis en vente par Artcurial, il s’est vendu à 4500€.