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Renault 5 Alpine : la citadine de la discorde (1976-1985)

La Renault 5 Alpine a fait l’effet d’une bombe à sa sortie. Non pas pour sa ligne ou pour sa motorisation. Non, elle a fait couler de l’encre à cause de son patronyme. Alors que le nom Gordini disparait petit à petit de la gamme au losange. Les puristes de la Gord’ le vivent comme un affront après l’arrivée de la traction sur la R12. Mais si vous associez la petite citadine avec le nom d’Alpine, vous déclenchez une crise cardiaque à un alpiniste. Et si on réhabilitait les alpinistes avec le chiffre 5 ?

La Renault 5 Alpine, une sportive qui redéfinit le segment

DISCLAIMER : alors on pose la base tout de suite, avant de crier au scandale : non Alpine n’a pas développé la 5 Alpine. Les locaux de Dieppe n’ont qu’assemblé la 5 en jogging.

Avec l’apparition de la R5, la page Gordini se tourne chez Renault. La marque au losange s’étant offerte une grosse part du gâteau Alpine. En 1972, le losange veut capitaliser sur l’image et le succès du A fléché. Les années 70 seront sous le signe des Renault sportives frappées du A. En point d’orgue de cette transformation, l’assemblage des Renault sportives se fait à Dieppe. Le choc pétrolier de 1973 porte à un coup de frein aux grosses sportives et Alpine n’échappe pas aux changements. Ainsi le segment des petites sportives voit le jour.

Évidemment, quand on parle de Renault 5 énervée, on pense immédiatement à la version Turbo de 1980. Mettant à l’ombre d’offices la version 5 Alpine. Dès le lancement de la 5, une version « sportive » de 67ch apparait. Il s’agit de la LS qui deviendra la TS qui joue le rôle de la petite sportive. Pas assez « sportive » pour les amateurs de sport, il faut attendre quelques années supplémentaires avant qu’arrive la vraie sportive de la gamme : la 5 Alpine.

La version Alpine arrive au printemps 1976 et va battre le fer avec une certaine Golf GTI. Rappelons au passage que la Golf appartient à la catégorie supérieure. La pauvre Française va souvent être comparée à l’Allemande par son placement tarifaire : l’Allemande et ses 110ch demandent 31 700 F (22 166€ actuels) contre 32 420 F (22 669€ de 2023) pour moins de 100ch. Entre on trouve d’autres sportives plus puissantes et moins chères. En faite, la Renault 5 Alpine paye son assemblage sur le site de Dieppe, chez Alpine.

Le sens des performances et de l’accueil

Heureusement, notre petite Française se permet de mettre une claque à la concurrence. C’est simple, jamais une citadine n’avait eu un moteur aussi puissant dans la catégorie. Le moteur Cléon-fonte 1.4l se dote de deux chambres hémisphériques, alimentées par un gros carburateur double corps Weber 32 DIR 58. Le bloc balance 93ch ! Certes, c’est moins que la Renault Supercinq GT Turbo qui va prendre la suite avec ses 115ch, mais pour l’époque c’est un missile ! Le moteur est aidé par une solution inédite sur le segment : une boîte 5. Par mesure d’économie, elle est reprise de la Renault 16 TX. La petite Renault se permet même de mettre une fessée à la Renault 8 Gordini, en termes de performance, avec une V/max à 175km/h.

Pour supporter l’excès de puissance (!), la citadine adopte des suspensions raffermies, des freins de R12 TS plus costaud et un nouveau modèle de jantes. L’habitacle a le sens de l’accueil : elle sait accueillir à son bord 4 passagers et leurs bagages. Les sièges avec appuie-têtes sont récupérés de la 5 TS et le tableau de bord accueil une instrumentation spécifique avec un compte-tours.

À l’extérieur, la 5 Alpine reçoit un nouveau bouclier avec des antibrouillards, des rétroviseurs « obus » et des autocollants avec un filet de couleur contrastant et des logos « A5 » sur toute la carrosserie. Curiosité ou économie, la R5 Alpine ne dispose pas de manomètre de température et de pression d’huile, ni même de témoin de température d’eau. Ce qui va attiser les critiques de la presse de l’époque et indignes d’une Alpine. Dès 1977, la 5 Alpine reçoit de nouvelles jantes plus larges, un volant Iso-Delta avec une jante en cuir des manomètres et des phares H4 à la place des optiques mixtes.

Un 4 cylindres technique et une boîte pas dingue

Le moteur 4 cylindres atmosphérique de la TS revu développe 93ch, monté de manière longitudinale située à l’arrière de l’essieu avant. La boîte prend place à l’avant pour la répartition des masses. Le bloc en fonte s’améliore avec une culasse en alliage d’aluminium. L’arbre à cames latéral est entrainé par le biais d’une double chaîne et de bielles renforcées. La R5 dispose de 93ch à 6400tr/mn tout en se passant d’injection. Malheureusement pour exploiter au mieux la R5 la boîte de la R16 n’est pas l’idéale avec ses longs rapports…

En 1979, la 5 passe au bistouri et l’Alpine évolue avec l’adoption d’un Turbo, devenant Alpine Turbo. En 1981, la petite Renault reçoit le fameux tableau de bord beige comme toute la gamme. Avec son nouveau Turbo Garrett T3, la 5 passe de 93ch à 110ch, comme « sa » concurrente la Golf GTI. Au passage, elle reçoit des jantes « Turbine » inspirées de la Turbo mais aussi des freins arrière à disques et un nouveau réglage de suspension. Désormais, la petite sportive française atteint 190km/h en vitesse de pointe. La 5 Alpine Turbo offre de meilleures reprises au prix d’un comportement aléatoire.

L’équipement s’enrichit à partir des 1983 avec l’arrivée des vitres électriques et en option la direction assistée. Fin 1984, tandis que le reste de la gamme disparait au fur et à mesure ou devenant « Lauréate », la R5 Alpine devient Lauréate Turbo et continue sa carrière jusqu’en 1985, résultat : 55 942 Alpine et 24 000 Alpine Turbo. En 1983, la R5 va rencontrer sa principale concurrente : la Peugeot 205 et surtout la 205 GTI.

Le cas Renault 5 Alpine Gordini en UK

Autre point de crise, ou de crispation pour les alpinistes, la petite Renault ne prend pas le nom d’Alpine. Le patronyme Alpine est déposé par Sunbeam au Royaume-Uni, Renault doit donc s’adapter et baptise la voiture : R5 Gordini.

L’Avis des Cylindres :

Petite savonnette, la 5 Alpine Turbo est plus rare mais demande une attention particulière, car les trains roulants ne suivent pas. La version 93ch plus homogène permet déjà de s’amuser. Les versions Alpine désormais rares, car pour la plupart elles ont terminé contre un arbre ou simplement rongées par la rouille. Alors évidemment, la petite R5 souffre de quelques défauts, mais le rejet de la part des Alpine ne vient-il pas simplement du fait qu’elle aurait très bien pu se nommer R5 Gordini ? On n’a pas la réponse, mais on vous invite à lire l’article des Alpinistes à ce sujet. D’ailleurs depuis la 5 aucune autre Renault n’a porté le blason de Dieppe… À part l’Austral en 2022.

La R5 bénéficie d’un moteur et d’une boîte robustes, on ne peut pas en dire autant du reste… Comme toute R5 on surveille la rouille et en particulier le plancher, le coffre, les bas de caisse et les ailes arrière. Les trains roulants vieillissent mal, avec le temps, les éléments des bras superposés prennent du jeu. Tout comme la direction qui est à surveiller. Enfin, attention aux barres de torsion qui ont subi les mauvais conducteurs et le temps.

Devenue rare, une R5 frappée du A réclame désormais un minimum de 17 000€. Les plus beaux exemplaires avec peu de kilométrage et avec un historique limpide montent à 25 000€ voire, 30 000€ pour une Turbo. Les Lauréate Turbo plus rare, montent encore d’un cran…

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