Quand on ne dispose pas d’une image de marque très importante sur un marché, que fait-on ? Une campagne de pub ? Oui, pourquoi pas. Une opération séduction avec une star ? Déjà vu. Une extension de garantie ? Mouais. Percer le marché avec un modèle séduisant, sportif et vecteur d’image ? Allez ! Le constructeur coréen Hyundai fait le pari audacieux en 2011 de venir avec une voiture coupé originale. La Hyundai Veloster est une voiture asymétrique, avec une configuration inédite de part le nombre de ses ouvrants, dit 2+1. En effet, la voiture bénéficie d’une troisième porte côté passager afin de permettre un accès arrière plus aisé et, sur le papier, des motorisations puissantes pour se faire plaisir. Pourtant, les premières critiques ne tardent pas à venir et le Veloster se transforme en flop monumental.
Hyundai, un constructeur qui ose
En 2023, il est loin le temps où Hyundai rimait avec premier prix. On a encore en mémoire la fin des années 1990 et 2000, avec des modèles moches mais aux excellents rapports qualité/prix. Guère séduisantes, les voitures coréennes se font une place sur le marché français grâce à de nombreux arguments comme l’espace, l’équipement, le confort ou encore de Jean-Claude Debard, PDG de Hyundai France au début des années 2000, qui communiquait sur les modèles de la marque. Petit instant nostalgie avec « Bonjour je suis Jean-Claude Debard… ». Certes, Jean-Claude mettait en avant les modèles de la marque mais il manque un petit quelque chose, un je-ne-sais-quoi comme un modèle coup de cœur.
En 2007, Hyundai ose déjà un premier pas vers un modèle coup de cœur voire atypique. Ce projet fun prend la forme d’un concept, dévoilé durant le Salon de Séoul avec le HND-3 dit Veloster Concept. La presse s’imagine que ce coupé compact va devenir un concurrent du redoutable Audi TT. Ce coupé 2+2 profite d’un nouveau bloc 2.0l couplé à une boîte à 5 rapports. Dès la présentation du concept, la presse est dubitative du patronyme de l’engin : Veloster. Ce nom est une contraction de Vélocity (ndlr. rapidité) et Roadster. Les contractions semblent avoir été à la mode dans les années 2000, après Vel Satis, voici Veloster. Le choix sera rapidement critiqué, le Hyundai Veloster est peut-être Véloce mais il n’a rien d’un roadster.
En tout cas, on apprécie ce rouge rubis et ses volumes compacts et séduisants. Dans tous les cas, on apprécie la prise de risque de Hyundai car la stratégie d’une montée en gamme est une réussite payante pour la société. On pense aux Santa Fe, Tucson et Coupé Genesis qui permettent au constructeur de s’offrir une image valorisante et d’un certain succès. Bien qu’au début des années 2010 Jean-Claude quitte la société, Hyundai continue son expansion et il faut pour cela un véhicule fun, sympa et séduisant. Ce modèle là arrive donc en 2011.
Hyundai Veloster, atypique à plus d’un titre
En janvier 2011 entre en scène la version définitive du Hyundai Veloster lors du Salon automobile de Détroit, aux États-Unis. La version européenne, quant à elle, prend son premier bain de foule durant le Salon de Genève, au mois de mars. La marque coréenne met au parfum la clientèle et la concurrence : la voiture est non conventionnelle avec ses deux portes droites et sa porte gauche (et inversement pour ces idiots d’anglais). Au passage, la Veloster inaugure la première transmission à double embrayage du constructeur. La presse adore et s’affole : à peine dévoilée, on y voit un descendant du mythique coupé Honda CR-X. D’ailleurs, les journalistes sont un peu perdus avec une présentation américaine et non européenne (vilain coréen, vilain !). Pas de chance pour ceux qui apprécient affoler les chronos, car la communication américaine met en avant ses 3 ouvrants façon Mini Clubman, un look ravageur, son nouveau bloc 4 cylindres GDi 1,6l de 140 ch et… sa transmission automatique à double embrayage 6 rapports en option.
C’est le drame ! La Veloster n’a rien d’une sportive et se déguste plutôt comme un coupé pour le cruising soit la « balade ». Choqués, dévastés, outrés, les amateurs vont ronger les os ou finir en PLS (position latérale de sécurité). Une telle ligne pour ne rien avoir dans le ventre avec son 140 ch et 166 Nm, soit autant qu’une Mégane coupé… diesel ! Heureusement pour elle, la coréenne offre à bord un excellent système audio Beats, le système Blue Link System ou encore le système d’info-divertissement connecté sur un écran tactile de sept pouces. Ce dernier permet de connecter une console de jeu ou même de regarder un film en DiVX. En option, on a accès au GPS à commande vocale mais aussi à la caméra de recul. En pleine conquête sur le marché européen, Hyundai offre cinq ans de garantie sur son modèle. Vous aurez compris, la Hyundai coche toutes les cases sauf la sportivité… Néanmoins, le Veloster apporte un vrai vent de fraicheur avec son format coupé 3 portes (ou plutôt 2+1).
Un véritable vent de fraicheur
La particularité du coupé coréen est d’être asymétrique avec sa troisième porte coté passager qui permet un excellent accès aux places arrière, malgré une ouverture arrière étroite. Le Hyundai Veloster offre un design à la fois trapu, ramassé et élancé. La grande calandre trapèze est coupée par un élément en carrosserie en forme de V et des écopes latérales qui partent des feux pour redescendre et enchâsser les antibrouillards. Ce n’est pas sans rappeler le design des Citroën DS3, et surtout de la DS4. Le capot moteur reprend un motif en forme de T inversé. Le vitrage en forme de cockpit offre un montant A plutôt fin et un montant C épais, qui dynamisent la ligne globale du coupé. La poignée de porte de la troisième porte est cachée dans le prolongement de la porte. L’arrière, lui, est plongeant avec de gros feux, un couvercle de coffre très sculpté avec un diffuseur qui remonte très haut et une sortie d’échappement centrale. Résultat, l’ouverture du coffre causera quelques divorces les week-ends chez Ikea.
La ligne est ramassée et fluide dans un format très compact. Le coupé affiche une longueur de « seulement » 4,22 m de long, plus petit que les 4,26 m de la Volkswagen Scirocco ou encore de la grande Renault Megane 3 coupé et ses 4,30 m. La largeur du coupé coréen est raisonnable avec 1,80 m et surtout une hauteur faible avec 1,39 m de haut. Le volume du coffre n’est pas non plus honteux avec 320l de contenance. Du côté du poids, le Hyundai affiche tout de même un embonpoint de 1 330 kilos.
Passons à bord, avec un dessin dynamique en forme de V, un signe caractéristique des intérieurs Hyundai du début des années 2010. Les compteurs sont encadrés dans un dessin tulipe très italien. Tout respire la sportivité. Le mobilier manque cependant de couleur avec un seul insert gris satiné qui encadre la console centrale. À sa sortie, les critiques montrent du doigt les matériaux décevants. Heureusement, la qualité de finition sauve les meubles. Entre un intérieur sportif et son extérieur dynamique, on regrette le choix du modeste bloc 1 600 cm3 de 140ch…
Action, moteur… déception !
Comme on vient de le dire, tout transpire la puissance d’une grande sportive… sauf son moteur. Dommage, car le nouveau bloc atmosphérique GDi 4 cylindres possède une injection directe couplée à une boîte manuelle 6 vitesses ou une toute nouvelle boîte double embrayage DCT à 6 rapports. Cela permet à la marque de mettre en avant une réduction de la consommation et les émissions de CO², tout en conservant un agrément de conduire. La Hyundai Veloster profite également, selon les finitions, du Stop and Start.
Au lancement, l’unique bloc offre une V/max fixé à 201 km/h, avec un 0 à 100 km/h expédié en 9,8 secondes. Avec de telles « performances », le Veloster déçoit. Le coupé a pour lui une consommation mixte raisonnable de 6,2ln qui descend à 5,6l pour les versions équipées du Stop and Start. Le Hyundai Veloster se montre plutôt agressif en termes de prix. Le ticket d’entrée est en effet fixé à 22 000 € (25 480 € actuels), contre minimum 24 000 € pour une Mégane Coupé à prestation équivalente. Sans oublier qu’au lancement, le véhicule profite d’une garantie de 5 ans avec kilométrage illimité, 5 ans d’assistance et 5 ans de contrôles visuels gratuits — de beaux arguments de ventes pour les plus réfractaires. Face aux critiques, Hyundai réagit avec l’arrivée du Veloster Turbo…
Hyundai Veloster Turbo : manque de peps
En janvier 2012, au même Salon de Détroit, apparaît le Hyundai Veloster Turbo. Ce dernier promet une version survitaminée et qui doit combler le manque de peps de la version 140. Manque de pot, bien que la version américaine promet 204ch, les normes antipollutions européennes imposent la perte sèche de 18ch. Ce changement ne va malheureusement rien changer à la carrière du coupé coréen. Ce dernier annonce 186ch mais les performances seront toujours décevantes avec un 0 à 100 km/h réalisé en 8,3 secondes mais toutefois 8,1 sec en boîte automatique (youpi). Toutefois, la vitesse maximale évolue. La voiture est un brin plus sportive, auto-limitée à 214km/h. C’est un peu comme si vous étiez en jogging… affalé dans votre canapé. Le bloc 4 cylindres devient le T-GDI avec son turbo Twin Scroll et le couple bondit de 59 % pour 265 Nm, disponible dès 1 500 tr/min avec une plage allant jusqu’à 4 500 tr/min. Pas de chance, la coréenne prend du poids et affiche 1 360 kilos sur la balance.
Pour les gros nuls comme moi, Twin Scroll correspond à un turbo double volute. Il fonctionne en répartissant les gaz dans les 4 cylindres afin d’augmenter la pression de la suralimentation. De plus, les entrées des gaz d’échappement du carter turbine sont séparées.
Pour envoyer la puissance aux roues avant — car oui le Veloster est une traction —, la marque installe une transmission automatique plus classique à commande séquentielle aux passages de rapports raccourcis, pour de meilleurs performances. En Europe, nous auront le droit exclusivement à une boîte manuelle à 6 rapports, bien née mais aux rapports un peu trop longs, et qui ne fait pas de miracle avec le bloc turbocompressé manquant de vigueur. Toutefois, le Veloster Turbo profite au passage de pas mal de modifications : les suspensions sont raffermies, le freinage revu pour supporter les décélérations (les disques avant passent à 300 mm contre 280 mm sur l’atmosphérique).
Esthétiquement, le Hyundai Veloster est retravaillé afin de correspondre aux modèles américains. On reconnaît la version Turbo à sa nouvelle calandre, son diffuseur, ses doubles sorties d’échappement, ses nouveaux boucliers et ses bas de caisse redessinés. La version Turbo semble être un restylage afin de redonner de l’intérêt autour du coupé dont les ventes sont très loins des stars du segment. Les jantes de série passent au 18 pouces, la longueur augmente de 30 mm et la largeur de 15 mm. La marque coréenne se fâche et ça doit se voir ! Le Veloster Turbo arrive sur le marché français à la fin du mois d’août.
Esthétiquement, l’intérieur du Hyundai Veloster Turbo propose une finition et des matériaux encore plus haut-de-gamme qui, selon les critiques, restent un peu en retrait des standards européens. En option, on peut opter pour des éléments de décoration colorés. Pour le reste, le Veloster Turbo se positionne au sommet de la gamme du coupé. En 2012, la version turbocompressé réclame 27 500 € (31 240 € de 2023).
Évolution de gamme
En 2015, pour relancer un peu la carrière et l’attrait du coupé décalé, le Hyundai Veloster Turbo profite d’une nouvelle grille avant à la manière du Single Frame d’Audi. Sous le capot, la voiture reçoit l’évolution du T-GDI 1.6 turbo développant désormais 204 ch (le même bloc que la Kia Pro_cee’d GT), sans oublier une nouvelle boîte automatique double embrayages à 7 rapports. Les jeux sont faits et le coupé tombe dans l’oubli… Vous l’aurez compris, le Hyundai Veloster est un excellent coupé, atypique, unique sur le marché à sa sortie mais dont le principal attrait — les performances — était en net retrait par rapport aux attentes.
L’Avis des Cylindres :
Est-ce qu’on irait pas sur un célèbre site de vente pour s’offrir ce petit bijou d’échec ? Il est rare qu’un des véhicules du coréen se vautre autant. Pourtant, le Hyundai Veloster et sa déclinaison Turbo se sont lamentablement plantés face aux ténors, la faute à des motorisations pas à la hauteur du plumage. En tout cas, le coupé asymétrique est fiable ! Bonne nouvelle : peu de chose à surveiller dessus. On pense évidement à l’entretien, l’état du turbo. Pour le reste, c’est sans fausse note.
Pour les prix, on peut faire des affaires. La version 140ch se négocie à partir de 8 000 € pour plus de 150 000 kilomètres et moins de 10 000 € pour une version avec 100 000 kilomètres. Les 140ch se négocie dès 12 000 € pour moins de 100 000 kilomètres, ces prix se valent en boîte manuelle comme en automatique double embrayage. Bonne surprise, les versions Turbo 186ch sont dans les mêmes prix ! Les turbocompressés avec moins de 100 000 kilomètres se négocient aux alentours de 15 000 €. Grosse déception, tristesse et désolation, la version 204ch n’a pas été proposé en France…
Le Cylindre en + :
Version 1.6 GDI :
Commercialisation : août 2011
Moteur : L4 1591 cm3, essence atmosphérique, injection directe en position transversale avant
Puissance : 140ch à 6 300 tr/min
Couple : 167 Nm à 4 850 tr/min
Transmission : traction avec boiîte manuelle 6 vitesses / en option Stop&Start ou boîte automatique double embrayage à 6 rapports
V/max : 201 km/h
Accélération (0 à 100km/h) : 9,8 secondes
Capacité du réservoir : 50 litres
Norme d’émission : Euro 5 et Euro 6 à partir de 2015
Version 1.6 T-GDi :
Commercialisation : septembre 2012
Moteur : L4 1591 cm3, essence turbocompressée, injection directe en position transversale avant
Puissance : 186ch à 5 500 tr/min
Couple : 265 Nm à 1 500-4 500 tr/min
Transmission : traction avec boîte manuelle 6 vitesses
V/max : 214 km/h
Accélération (0 à 100km/h) : 8,3 secondes
Capacité du réservoir : 50 litres
Norme d’émission : Euro 5 et Euro 6 à partir de 2015
Production (chiffre de vente en France) :
2011 : 463 exemplaires
2012 : 779 exemplaires
2013 : 355 exemplaires
2014 : 100 exemplaires
2015 : 39 exemplaires
2016 : 7 exemplaires
Total : 1 743 exemplaires
GALERIE
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Via Hyundai, Caradisiac, L’Argus