En 2011, surfant sur le succès de la petite DS 3. La marque aux chevrons dévoile le deuxième rejeton de la gamme : la Citroën DS 4. Devenant ainsi le deuxième modèle des Differents Series. Voulue comme une offre différente et créative. La compacte française est dès son lancement mise en orbite par des qualificatifs orgueilleux et pompeux. Mêlant différentes inspirations de carrosseries, la DS 4 fait penser à un accident industriel. Malgré son échec commercial, il s’agit d’une excellente compacte à redécouvrir.
La Citroën DS 4 pour le mélange des genres
Si en 2011 la montée en gamme du constructeurs français plaît. C’est surtout grâce au lancement quelques années plus tôt de la petite citadine chic Citroën DS 3 (2009) qui surfe sur le succès des petites chics de la fin des années 2000. On peut facilement citer les Fiat 500, Mini Cooper, Audi A1, Alfa Romeo Mi.To ou encore la discrète Lancia Ypsilon.
En s’attaquant au segment des compactes avec la Citroën DS 4. Citroën se frotte aux principales stars du trio infernal allemand : BMW série 1, Audi A3 et Mercedes-Benz Classe A. Sans oublier les discrètes Alfa Romeo Giulietta et Volvo V40. Citroën comprend l’envergure d’un tel projet : on n’entre pas dans le segment premium avec une proposition sans intérêt et surtout sans image.
Tout comme pour la DS 3, Citroën va annoncer la future DS 4 via un concept très évocateur avec la DS High Rider. En 2010, la carrosserie 3 portes est déjà sur le déclin. La marque aux chevrons en profite pour miser sur une compacte qui évoque la C4 Coupé qu’elle remplacera quelques mois plus tard. La compacte va mélanger les influences de manière à rendre la voiture iconoclaste.
La ligne DS : renouer avec le luxe
Rappelons que l’idée d’une gamme chic et premium apparait évidente chez Citroën après le terrible échec de la C6. Surtout que les français ont déserté le segment D depuis un moment avec l’arrêt successif des Peugeot 607 et Renault Vel Satis. L’idée est de proposer une autre vision du premium avec des modèles sur des segments que les français et surtout PSA maîtrisent. C’est la proposition du designer Olivier Vincent, qui remporte les suffrages pour dessin de l’extérieur. Le designer est connu chez Citroën, ancien maquettiste il devient au début des années 2000 designer pour la marque. Il s’est fait connaitre pour avoir imaginé le concept C-Cactus en 2007, qui donnera naissance en 2014 au SUV « essentielle » qu’on connait.
La DS 4 est dès le début non identifiable auprès du public européen. La compacte mêle des influences de coupé, de berline et de SUV. Un ensemble crossover qui ne correspond à rien face aux autres propositions des marques premium. La seule berline de la période de la DS 4 qui correspond sur certains points esthétiques n’est que la discrète Lancia Delta.
Un crossover compliqué
La marque française annonce la DS 4 comme une berline haut-de-gamme qui vient se frotter aux allemandes bien installées. Il faut dire que la DS est plutôt atypique, avec sa ligne haute sur patte. Conservant un aspect plutôt dynamique avec ses faux airs de coupé et des éléments de roues musclés. Autre élément important, la compacte française est confronté au classicisme européen, la Mercedes-Benz Classe A, qui réalisera aussi sa mue plus que convaincante en 2012. Tandis que la presse française fait l’éloge de l’avant-garde de DS 4, la berline est vite coincée par des défauts incompréhensibles pour ce niveau de prix et de gamme qui rebutent la clientèle de ce type de véhicule.
L’immense calandre avant n’arrive pas à cacher les éléments de la C4 qui lui prête ses dessous. Le coffre est étroit mais souffre surtout d’une ouverture trop haute. La nouveauté française va aussi attirer les foudres par des tarifs élevées (à partir de 23 800 €). La Citroën est très vite fustigée pour son côté haut sur roues mais aussi, pour ses vitres arrière fixes. Ce n’est pas le seul défaut que l’on reproche à la nouvelle Citroën, pendant que l’on reproche à sa cousine la C4 une ligne tristounette, sans grâce : la DS 4 est baroque. La ligne coupé impose des choix qui déroutent : outre les vitres fixes, la DS 4 pâtit d’une ligne rondouillarde et complexe.
Une DS 4 R qui ne viendra jamais
La sauce ne prenant pas pour l’originale compacte, PSA imagine une version épicée de la berline avec le concept « R ». Voulant renouveler le succès de la DS 3 R, la marque intègre sous le capot le nouveau 1.6 THP de 256ch. La voiture est préparée par Peugeot Sport avec le 1.6l de 200ch de la 308 GTi. La voiture est immédiatement annoncée de série. Sans véritablement d’explications et malgré les prototypes sur la route, elle ne passera jamais l’étape du passage à la série. Seul l’argument des comptes dans le rouge du groupe aura fait de la Citroën DS 4 R un nouveau projet avorté.
Il faut sauver le soldat N°4
En 2015, le constat est simple : la Citroën DS 4 ne se vend pas. La nouvelle marque DS Automobiles, séparée depuis peu de sa génitrice, réfléchit à relancer la machine avec non pas une mais bien deux DS 4 : le modèle standard et la Crossback, version SUV. La nouvelle DS voit son assiette abaissée de quelques centimètres tandis que la Crossback gagne des barres de toit et conserve l’aspect haute sur pattes. On remarque surtout que la DS 4 rentre dans le rang en adoptant un faciès vieillissant mais ne sera pas utile à la relance de la berline… Tout comme la clientèle qui se perd avec le titre de la voiture, DS 4 ou DS DS4 voire DS DS 4, tout se joue à l’espace près.
Un succès mi-raisin, mi-m’enfin pourquoi ?
La française peine à convaincre. Si la Lancia Delta disparait la même année. La marque DS est confrontée à une Classe A qui met la raclée à la plupart de ses concurrentes. Il faut dire que l’allemande évoque la classe, la sportivité et rajeunit la clientèle de la marque à l’étoile. Nous sommes aussi dans une période où BMW voit ses ventes de la Série 1 s’effondrer, avec un design tout aussi déroutant que la DS.
Pour faire parler de la berline et éviter de faire trop de frais autour d’une communication souvent onéreuse. Citroën mise sur les séries spéciales. Il y en a aura en veux-tu en voilà : Just Mat, Hickory, So Chic, 1955, Connected Chic ou encore Terre rouge sur la version Crossback soit 10 séries spéciales en 8 ans de carrière.
La berline française n’arrive pas à attirer et souffre de la comparaison avec ces concurrentes. Le coup de grâce arrive dès 2015. Où la marque annonce que les DS 4 et DS 5 ne seront pas renouvelées immédiatement, la faute à des ventes en berne. La DS 4 disparaît dans l’indifférence la plus totale en 2018, très vite suivie par la DS 5. Considérée comme un flop, la DS 4 s’écoulera en 8 ans à 170 000 exemplaires. Ce qui peut être relativisé avec les 22 000 exemplaires de la C6 vendu en 8 ans. En attendant, le renouveau arrive en 2021 avec la nouvelle DS 4…
L’Avis des Cylindres :
La DS 4 est la première offensive premium d’un constructeur français sur le segment C. La DS 4 a du convaincre face aux ténors du segment. La française a subi de plein fouet l’absence d’image de la ligne DS chez Citroën. Et après la séparation des deux marques, ce fut encore pire. La DS 4 ne convainc pas et se retrouve sur le marché de l’occasion à des prix très bas.
Quitte à rouler avec une compacte française autant se diriger vers l’originale DS plutôt que la triste C4. Cette dernière disparaîtra pratiquement en même temps que sa cousine. Pas de panne particulière à signaler, la DS 4 est fiable mais la finition dans le temps est à surveiller. De nombreux exemplaires dotés d’un moteur essence ou diesel de 110ch dépassent les 100 000 kilomètres et s’offrent une finition de base très bien équipée dès 11 000 €. La DS 4 offre des versions plus pêchues avec 150ch et même, plus rare, une essence de 180ch sous le capot. Les derniers exemplaires avec peu de kilomètres se négocient entre 15 et 18 000 €.
GALERIE
1 commentaire