Nous avons été conviés le week-end du 15 au 17 septembre 2023 par le Club Lotus France en compagnie de vingt-cinq Lotus Esprit et d’une Lotus Elise (le fameux coup de la panne). Au programme d’Esprit d’Aventure pour cette quatrième édition : découverte du Haut-Doubs et du Jura et routes taillées pour les vocalises de la Lotus Esprit — qu’elles soient 4 cylindres ou V8. Mettez votre ceinture, on vous emmène dans le Doubs, entre la Suisse, les Lacs, la saucisse de Morteau et les forêts de conifères !
Jour 1 : le lac de Saint-Point
Le Club Lotus France nous a invités à les rejoindre sur les abords du lac de Saint-Point, à Malbuisson. Pour votre culture, le lac naturel franc-comtois est le neuvième plus vaste de France métropolitaine — un cadre sublime, donc. C’est alors que nous quittons Lyon le vendredi en fin d’après-midi avec un peu moins de trois heures de route ! À notre arrivée, nous sommes, Mathias et moi-même, instantanément attirés par le parking de l’hôtel qui regorgeait déjà de nombreuses Lotus Esprit et Elise (en tant que visiteurs). En effet, certains membres avaient décidé de ne pas participer à la sortie du jour. Nous en avons alors profité pour admirer sous toutes leurs coutures ces incroyables voitures au look si… anguleux ! Toutes les versions, couleurs et configurations possibles et inimaginables sont garées là, profitant d’un certain repos. Tout n’est que calme, vert anglais et Union-Jack, pour paraphraser Baudelaire.
Point de sport ce jour-là, on admire les pur-sang anglais à l’arrêt et on profite du coucher de soleil sur les carrosseries. Toutes les générations de Lotus Esprit et leurs propriétaires ont répondu présent. Les participants viennent d’ailleurs de toute l’Europe : France (logique), Angleterre, Belgique, Luxembourg et Suisse — un joyeux melting-pot qui va animer les conversations et permettre la découverte de notre territoire (et de la gastronomie) de la plus belle des façons.
Nous rencontrons alors Hugues, l’homme qui était derrière toute l’organisation de ce week-end, qui nous présente au Club Lotus France. Hugues présente le programme de la soirée et du lendemain avant de continuer en dévoilant les incroyables goodies de ce week-end Esprit d’Aventure. Les membres du club sont gâtés : un sac Club Lotus France, un badge sur lequel inscrire son nom et le modèle et la couleur de sa Lotus, une première affiche au format A3 de l’événement et une seconde affiche au format A1 avec la silhouette de toutes les Lotus présentes à l’événement. Hugues a trouvé qu’un espace était bien trop vide sur cette si grande affiche, et a fait réaliser la silhouette découpée de la Lotus de chacun, à mettre sur l’affiche : le résultat est saisissant ! Et nous avons même eu le droit de repartir avec nos affiches. Nous profitons du repas pour nous familiariser avec nos voisins de table, possesseurs d’une Lotus Esprit Turbo SE.
Jour 2 : du haut Doubs à l’Aventure Peugeot en passant par les chemins de traverses
Samedi, 8h30 : petit-déjeuner pris, nous prenons la route sous des nuages menaçants et la pluie en direction de Pontarlier, puis Morteau et enfin un premier arrêt à Montbéliard en flirtant avec la frontière Suisse. À travers les champs, la forêt et les séchoirs de saucisses de Morteau, nous filons à la recherche des participants et de leurs Lotus. Au fil des kilomètres, on entend le ronronnement des moteurs des coupés anglais. Les routes empruntées nous font longer le lac de Saint-Point, le château de Joux, le Doubs mais aussi des routes sinueuses et lacets qui nous régalent malgré la pluie et la chaussée détrempée.
Nous arrivons ainsi en fin de matinée dans la banlieue de Montbéliard, longeant les ateliers et l’usine de Sochaux, qui a donné naissance à la Peugeot 3008. Grand privilège pour le Club Lotus France, l’Aventure Peugeot laisse les propriétaires prendre place avec les Lotus Esprit devant la mythique entrée du musée sochalien. C’est là une scène à la fois mythique et assez comique : les visiteurs du musée voulaient voir du Peugeot, ils se retrouvent face à une vingtaine de Lotus Esprit ! Après une sympathique photo de groupe, on visite le fameux musée. Point de panique, l’on reviendra sur le musée par le biais d’un autre article.
15 heures : après un arrêt boisson pour nos anglaises, la caravane reprend sa route. Direction les hauteurs du Doubs et de Pontarlier, en passant par les petites communes pleines de charmes comme Saint-Hippolyte. Les voitures et leurs équipages traversent les hameaux et les villages faits de belles maisons comtoises, de fermes et… de vaches. Les moteurs 4 cylindres turbo et les V8 animent la paisible région verdoyante par des vocalises et les quelques badauds admirent les lignes des sportives. Au détour des virages, les motards nous saluent, appréciant l’apparition des rares Anglaises dans nos contrées.
De notre côté, l’on tente tant bien que mal à suivre les Lotus Esprit pour les prendre en photo. Il faut dire qu’elles en ont, sous le ventre (alors que nous n’avons qu’une Clio IV 75 chevaux à ce moment-là…) ! Les routes sinueuses ne nous facilitent pas la tâche, et lorsque le conducteur joue d’une sorte d’agilité pour ne pas perdre les Anglaises de vue, le photographe, lui, sort une moitié de son corps par la fenêtre pour prendre des clichés des véhicules sur route !
Au détour d’un croisement, une halte plaisir de la bouche nous attend dans une coopérative fromagère. Le ventre (et le coffre) pleins, redémarrage vers l’hôtel en profitant de la vue et des odeurs de la campagne et des Lotus. Les Anglais nous prouvent encore une fois leur savoir-faire unique en accrochant le bitume, agile telle une ballerine entre les virages.
Le soir, nous étions tous invités à découvrir l’une des grandes spécialités de la région : le Mont d’Or ! Le repas était fort chaleureux et nous discutions avec des Londoniens cette fois-ci, qui nous en apprirent davantage sur leur bolide. Nous remarquons très rapidement que les nouvelles voitures électriques de la marque sont très loin de faire l’unanimité. Si l’obligation d’électrification est comprise de tous afin de faire perdurer la marque, les plus puristes ne peuvent quant à eux se résigner d’abandonner leur Lotus thermique pour une électrique. Nous échangeons brièvement sur la récente Alfa Romeo Stradale 33, proposée en thermique et en électrique, mais qui ne parvient toutefois pas à convaincre dans sa version électrifiée. Nous partons nous coucher avec une interrogation : la voiture plaisir ne serait-elle réservée qu’au thermique, alors ?
Jour 3 : Des pipes de Saint-Claude au lac de Vouglans
8h30 : une heure où les couche-tard vont se mettre au lit après un DJ set endiablé dans le Macumba de leur ville, nous voilà à nouveau à cravacher sur les routes de campagne qui doivent nous emmener à Saint-Claude, capitale de la pipe (à tabac pour les esprits mal placés) et du diamant. Les voitures s’alignent le long de la cathédrale et du musée. Les passants s’arrêtent pour regarder voire photographier ces voitures d’une beauté rare, certains curieux posent même des questions aux propriétaires. Après une visite découverte de l’art de tailler la pipe et de la taille des… pierres précieuses, nous reprenons tous ensemble une ultime fois la route.
Nous terminons notre troisième et dernière journée au fil des virages qui mènent au belvédère du lac de Vouglans, dans le Haut-Jura. Tandis que l’un de nous continue à conduire sa Clio, je monte dans une Lotus Esprit Turbo SE en coloris bordeaux en tant que passager. Je découvre alors un sentiment de légèreté et de sécurité. La voiture tient incroyablement bien la route, la direction semble précise. Benoît, le propriétaire, me partage un tas d’anecdotes sur sa Lotus. Il en est amoureux, et ça se voit ! Je réalise le plus de clichés possible, profitant de ce moment que je pourrais qualifier d’aérien. Les autres Lotus Esprit glissent dans une danse interrompue avec les virages, lacets et bosses. On joue du levier de vitesse et de l’accélérateur pour faire chanter les bloc moteurs non sans avoir un rictus d’un plaisir mécanique qui nous permet de vivre un instant presque disparu avec l’avènement des voitures électriques. Après un dernier sandwich sur la vue des eaux turquoise du lac, il est hélas temps de revenir à la réalité. Retour à Lyon pour débriefer de ce week-end riche en kilomètres !
Verdict : Les grands Esprit se rencontrent
Quel week-end ! On vit rarement des moments pareils avec autant d’émotions et de plaisir. La Lotus Esprit est bien la preuve qu’on peut faire des voitures légères, plaisantes et aussi précises. Apparu en 1976, le coupé britannique n’a eu de cesse d’évoluer sans tomber dans la course à la puissance. Conçu par Giugiaro et ItalDesign, la GT britannique connaît une ultime évolution sous le coup de crayon de Peter Stevens, abandonnant le style « Wedge Design ». Dans tous les cas, la Lotus Esprit est une voiture fort amusante, mélodieuse et enchanteuse.
Pour conclure, on se rend compte que les routes sinueuses du haut Doubs et du Jura vont à ravir à l’Anglaise. Trois jours n’ont pas été suffisants pour réellement apprécier la voiture : on avait envie de partir avec l’une d’entre elles. Personne du Club Lotus France ne nous a vus mais nous avons discrètement regardé Le Bon Coin si des Lotus Esprit étaient à vendre… Hélas, un seul modèle proche de chez nous, à Lyon, était disponible à 45 000 € ! La Lotus Esprit fait partie de cette variété de voiture en pleine extinction sur l’autel de l’écologie. Ce genre de plaisir hédoniste qui disparaît de plus en plus de l’offre des constructeurs. Heureusement, le Club Lotus France répond présent pour nous permettre de rêver encore, celle qui a permis à James Bond de faire de la plongée sous marine. J’espère que ce récit à travers les forêts, les V8 et les odeurs mécaniques vont auront plu. Propriétaires adhérer au Club Lotus France, sinon acheter une Lotus Esprit ou une Elise.
GALERIE
Tous nos remerciements aux membres du Club Lotus France, Evelyne et Hugues pour l’invitation.
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