La création de la Fiat Uno est un véritable fiasco chez Fiat entre trahisons, récupération et démission. Finalement, le projet Lambda (projet 144) de Lancia devient le projet 146 chez Fiat. Malgré une conception houleuse, la citadine italienne, sortie en 1983, devient Voiture de l’année 1984. Il faut portant attendre deux ans avant qu’arrive une version sportive, la Fiat Uno Turbo i.e. Le moteur, très performant, est sophistiqué tandis que le châssis transforme la voiture en caisse savon.
Le cas Fiat Uno
La petite Fiat fête ses quarante ans en 2023. Né Lancia, le projet 144 devait donner naissance à la remplaçante de l’Autobianchi A112 ou Lancia Y10. Le concept Mégagamma d’Italdesign va servir d’inspiration pour ses formes et son espace intérieur. La Fiat Uno est spacieuse et offre un excellent Cx de 0,34. Elle est présentée en première mondiale à Cap Canaveral durant le mois de janvier 1983.
Pour résumer, bien que Fiat ait créé le segment B, remplacer la 127 s’avère compliqué pour le projet 143. Chez le constructeur, on boude : les propositions sont immondes. Celles de Giugiaro (Italdesign) et les designers maison sont rejetées une à une. C’est lors de la confrontation interne des projets Fiat et Lancia que cette dernière remporte l’adhésion des sondés. Vittorio Ghidella, patron de Fiat, décide de récupérer le projet Lambda au nez et à la vue des patrons de Lancia. Pour Gian Mario Rossignolo, c’est inacceptable : ce sont des heures de travail qui partent en fumée. Il démissionne de son poste dans la foulée. Après cette tempête, Fiat met la main sur le projet et le modifie pour donner naissance à la Fiat Uno que nous connaissons.
L’italienne va vite devenir un véritable succès, dépassant le million d’unités vendu dès sa deuxième année de commercialisation. L’occasion était trop belle pour l’italien pour ne pas investir le segment des sportives pour répondre à la Peugeot 205 GTI voire la Golf GTI. Son moteur est performant lui permettant d’atteindre les 200 km/h au prix des trains qui ne supportent pas la puissance.
La Fiat Uno est une hit machine
Convaincante, la Fiat Uno va vite devenir numéro une des ventes en Europe et chiper le titre de voiture de l’année à la Peugeot 205. Elle doit son succès à habitabilité, ses qualités routières et son confort. Tout comme son argument principal : son prix. Voulue comme une GT, la Uno 70 S est dotée d’un petit 1300 de 68 ch. Insuffisant pour s’attaquer à la Peugeot 205 GTI ou encore la Renault 5 Alpine Turbo. Fiat réagit en 1985 avec la Fiat Uno Turbo i.e. Même en version sportive, l’aérodynamique de la Uno est bonne avec une traînée de 0,33. Ce dernier descend à 0,30 lors du facelift quand le hayon en résine laisse sa place à un hayon en tôle.
La Fiat Uno Turbo i.e, ce n’est pas forcément un look
La présentation de l’italienne est sobre voire discrète. Extérieurement, seuls les jantes, le bouclier avant et le béquet se distinguent des autres versions. Pourtant, elle cache sous son capot un moteur moderne conçu pour ne pas trop chauffer afin d’optimiser la fiabilité. Le 1,3 l Turbo dérive de la Fiat Ritmo dont l’alésage est réduit pour permettre à l’eau de circuler librement autour des cylindres. Pour le reste, il reçoit un échangeur air-air, un radiateur d’huile, un ventilateur spécifique pour les injecteurs, une injection électronique Bosch très moderne et surtout un turbo IHI refroidi à l’eau.
L’allumage est géré par un boîtier Magnetti-Marelli Microplex doté d’un détecteur à cliquetis. Pour la catégorie, il s’agit tout simplement d’une première. L’ensemble offre 105 ch pour un couple de 147 Nm, disponible dès 2 500 tr/min. Aidée par une boîte 5 vitesses récupérée de la Fiat Ritmo 105 TC, la Fiat Uno Turbo i. e atteint les 200 km/h pour être rapide que la Renault Supercinq GT Turbo.
Si la mécanique est presque remarquable, les ingénieurs ont dû manquer de temps ou abuser de la Grappa pour le châssis. Ce dernier manque cruellement de mise au point. Si la voiture est dotée de jambes McPherson à l’avant et d’un essieu à torsion pour l’arrière, les ingénieurs Fiat ajoutent juste une barre antiroulis à l’avant et un renvoi d’angle au du bout du différentiel pour que les cardans aient la même longueur. Pour le reste, les amortisseurs à gaz et les disques de freins à l’arrière font leur apparition ainsi qu’une assiette plus basse de 10 mm. Les jantes de la Fiat Uno Turbo restent du 13 pouces. Insuffisants pour la puissance du moteur, de même que la largeur des pneus trop fine (175 mm de large).
NOTA BENE :
On ne sait pas trop pourquoi, le logo apposé sur les jantes est celui de… Abarth. Le scorpion n’a pourtant pas participé à la conception de la voiture — sûrement une sombre histoire de logo doit qui offre 10 ch supplémentaires à chaque roue.
Des autocollants en guise d’évolution
En 1987, à part quelques évolutions esthétiques avec de sublimes stickers de « Jacky du 62 », la voiture ne va pas évoluer. À partir de la fin 1987 (millésime 88), l’italienne proposera en option un système ABS (nommé Antiskid) dont l’efficacité n’est pas au rendez-vous. Il faudra attendre 1990 et son facelift pour que la voiture évolue véritablement.
La caisse à savon made in Italy
Mine de rien, la Fiat Uno Turbo fait sensation à sa sortie avec son tout petit prix de 69 900 F (20 625,53 € de 2023, le prix d’une Clio V d’entrée de gamme). Malgré son tempérament joueur, la presse remonte un comportement pas à la hauteur et elle manque de sportivité. Pourtant, les performances de l’italienne sont meilleures que celle de la concurrente française avec la Peugeot 205 GTI. Du côté de Renault, la Fiat est en retrait face au 115 ch de la Supercinq GT.
En 1990, la Fiat Uno Turbo i. e évolue enfin avec l’adoption d’une face avant proche de la récente Fiat Tipo. D’ailleurs, la nouvelle version de la Turbo partage avec la compacte une nouvelle boîte 5 en lieu et place de l’antique boîte de la Ritmo 105 TC. La vraie nouveauté est sous le capot : Fiat décide de répondre à Renault et sa GT Turbo de 115 ch et surtout à la 205 GTI, désormais proposée en version 115 ch voire 130 ch. Fiat dévoile alors un nouveau 4 cylindres de 1,4 l de 118 ch. Les performances font un bond en avant en laissant la concurrence sur place… jusqu’au premier virage. On ne sait pas trop pourquoi Fiat n’a pas réellement retravaillé le châssis ni même le pauvre train avant qui n’arrive pas à transmettre la puissance aux roues.
Une avaleuse de ligne droite
Malheureusement, l’italienne monte ses limites dans les virages. Les virages ne sont pas sa tasse de thé et le train avant le fait comprendre à son conducteur malgré l’apparition d’une barre antiroulis. En option, l’italienne propose un kit de suspension améliorant pour beaucoup les qualités routières de la sportive, sans pour autant l’avoir vendu en masse. La Fiat Uno Turbo i. e continue son bonhomme de chemin tout en recevant en 1992 un catalyseur. La puissance tombe alors à 115 ch. En 1993, c’est la fin, le tout dernier voyage : l’italienne prend sa retraite et laisse sa place à la Fiat Punto GT. Évidemment, on n’a pas les chiffres de ventes mais la Turbo i.e est une miette dans l’affolant nombre d’exemplaires dans la carrière de la Fiat Uno.
L’Avis des Cylindres :
Comme toujours avec les italiennes de la période, on surveillera le réseau électrique de la voiture (masses, faisceau…). Dans les soucis pas forcément visibles, la Fiat Uno Turbo i.e connaît des problèmes avec le moteur d’essuie-glace. Les tissus des sièges sont également fragiles. Évidemment, dans la grande tradition des italiennes des années 1980, la corrosion attaque les passages de roues et le châssis. Détail amusant, c’est principalement la version 2 qui subit le plus tandis que la finition est montée d’un cran – les italiennes sont pleines de surprises…
Les plus belles versions de la Fiat Uno Turbo sont les phases 1 avec moins de 100 000 km. Mais la plus amusante à conduire reste la phase 2. Dans l’état, il faudra aussi voir l’état du châssis, car elles ont été nombreuses à finir dans le décor ou mal traitées par le conducteur quand elles n’auront pas été massacrées par Jacky et ses copains. Enfin, le moteur 1.3 l de 105 ch est fiable.
Côté tarif, la Turbo débute à 12 000 € avec plus de 150 000 kilomètres. Un exemplaire de la Turbo proche du neuf et avec moins de 100 000 kilomètres réclame minimum 16 500 €. On fera attention à son entretien et surtout la boîte ou le niveau d’huile. La version sportive peut parfois être mal traitée. Un entretien récurrent et un historique suivi sont un plus.
GALERIE
VIDEO
Merci à Fiat Fan Club, Juanito, Mickael Roux Photographie et Denis Meunier Photo pour les photos.
Via Benzin, Fiat France
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