Quand lorsque tout va mal, comment s’en sortir ? Généralement il y a trois types de solutions : être racheter à prix d’ami, disparaître ou sortir LE modèle qui va sauver votre société. Vivre ou mourir, la marque au lion va faire le choix de sortir l’incroyable Peugeot 205. C’est grâce à elle que la marque de Sochaux va retrouver le sourire et connaître une success story longue de plus de 16 ans.
La Peugeot 205 doit abattre la Renault 5
Le projet de la nouvelle 205 voit le jour en 1977. Il prend le nom de M24 et il est considéré comme le projet de la survie pour tout le groupe PSA. Ce nouveau projet doit répondre à plusieurs attentes : remettre en avant la marque au lion avec une gamme vieillissante, remettre de l’oseille dans les caisses plus que vide et abattre la Renault 5 qui règne en maître sur le segment, qui a aussi mis à l’ombre la Peugeot 104.
L’accouchement de la 205 va se faire dans la douleur. Peugeot se trouve dans une mauvaise situation financière après l’achat de Chrysler Europe (qui devient Talbot) et de Citroën (forcer par l’État français pour la marque aux chevrons ne termine pas dans les mains de Fiat). Les attentes sur la petite puce du segment B sont grandes. Réussir à reprendre le leadership sur la Renault 5, s’imposer en qualité face aux allemands et être fiable.
Gagner contre l’ogre italien
Côté style, deux pistes sont étudiés pour élaborer la voiture. En interne sous la direction de Paul Bouvot puis reprit par Gérard Welter. Et le partenaire de longue date : Pininfarina. C’est finalement le prototype de chez Peugeot, dessiné et proposé par Gérard Godfroy qui remporte les suffrages. Du côté des italiens, Pininfarina, proposait un véhicule plus anguleux et dans la continuité des modèles précédents.
En octobre 1978, Pininfarina compte bien revenir dans la course et dévoile une proposition plus proche du dessin de Gérard Godfroy. Malheureusement pour eux, Peugeot ne donnera pas de suite. Pour une fois, les équipes de Peugeot sont regonflées à bloc. Ils ont gagné contre l’ogre italien et ses propositions qui ont toujours fait mouche chez le constructeur français. Le style de la Peugeot 205 est validé dès la fin de l’année 1978. Le premier prototype roulant de la M24 voit le jour en 1981.
Tandis que la validation du style extérieur avance à grands pas, Paul Bracq, travaille sur la planche de bord. Il imagine un tableau de bord modulable selon le type de finition. De son côté le style intérieur est validé dès janvier 1980. Elle proposera plusieurs types de carrosserie : en berline 3 et 5 portes, en cabriolet et en fourgonnette.
La Peugeot 205 arrive
La production de la version 3 portes débute en décembre 1982, sur le site de Peugeot Mulhouse. Dès le mois de février 1983, c’est la 5 portes qui entre en production. Sous le capot, les motorisations vont de 954 cm3 jusqu’à 1 905 cm3. Avec des puissances allant de 45 à 200ch (uniquement pour la 205 Turbo 16). La palette de motorisation est large, se basant sur les moteurs X provenant de la Française de Mécanique.
Avec le 1.0 l de 45 ch, 1.1 l de 50 ch, 1.3 l de 60 ch et le 1.4 l de 80 ch pour les essences. Du côté du diesel on retrouve la famille XUD avec le 1.8 l de 60 ch et bien d’autres motorisations vont rejoindre le capot de la lionne. L’avantage de la version diesel c’est sa faible consommation avec seulement 3,9 l/100 kilomètres.
La fin de l’hégémonie de la Renault 5
La Peugeot 205 va permettre à la marque de mettre à mal la petite Renault 5 dès les premiers mois de sa carrière. Après 8 ans d’une hégémonie sans partage, la Renault 5 laisse sa place de numéro 1 à la lionne (dès 1984 et 1985). La mulhousienne fait tout aussi rapidement oublier son prédécesseur, la Peugeot 104 et ses clones Citroën LN/LNA et Talbot Samba. Le succès est européen, au point où l’usine de Mulhouse ne peut plus suivre dans les commandes.
Après la grève des ouvriers de l’usine Talbot de Poissy, en 1982. Craignant la fermeture de leur usine ; Peugeot lance la production de la 205 et de son moteur dit « Poissy » et relance l’activité du site francilien. En 1984, le goulot d’étranglement est à nouveau atteint. Peugeot commence à produire la 205 sur le site historique de Sochaux mais aussi de Madrid. La cadence est telle, que la production de 800 véhicules/ jour passe rapidement à plus de 2400 véhicules/jour.
Du côté de l’ex-régie, la réaction est rapide en 1985. Apparait la Renault Super 5 qui reprend la place de numéro 1 des ventes en 1986. La Peugeot 205 va reprendre sa place de numéro dès 1990. Peugeot va aussi développer l’offre de la 205 avec les finitions GT, Roland Garros, XT et surtout rentrer dans l’histoire avec l’arrivée de la mythique version GTI. En décembre 1985, le millionième exemplaire sort des chaînes de l’usine de Peugeot Mulhouse.
La Peugeot 205 GTI : sportive et mythique
On va parler plus précisément de la Peugeot 205 GTI par le biais d’un article dédié. Le 1 er mars 1984, la version sportive de la Peugeot 205 va faire l’effet d’une bombe avec son moteur 1.6 l de 105 ch. Avec sa ligne suffisamment sportive et à la fois fluette, la version GTI, offre une véritable réponse à la Volkswagen Golf GTI.
Joueuse et maniable à souhait, la 205 se passe de turbo tout en étant équilibrée. Il faudra attendre que Renault lui réponde avec la Super 5 GT Turbo pour que Peugeot réagisse avec l’arrivée du 1.9 de 130 ch. Bien qu’il ait existé des versions 115 et 122 ch. La même année, Peugeot dévoile la 205 Turbo 16 avec son 1.8l de 200ch, limitée à 200 exemplaires. Cette version est dévolue aux courses et particulièrement au rallye. D’ailleurs la même année, Peugeot devient champion des rallyes.
Une voiture qui évolue avec son temps
En 1986, apparaît une version à boîte automatique qui prend le nom de 205 Automatic équipé du 1.5 l de 80 ch à carburateur. Quelques mois plus tard arrive sur le marché la 205 cabriolet en deux versions : CT avec le moteur 1.3 l de 80 ch et la CTI avec un moteur 1.5 l de 115 ch. Le dessin du cabriolet est signé Pininfarina.
Enfin, arrive une version qui va vivre très longtemps au sein de la gamme 205 : la Junior. Apparue comme une série spéciale. Elle habille ses sièges d’une sellerie imitation jean et d’une moquette bleue. La Junior reprend le moteur de la version XE. Elle est disponible en blanc Meige et en gris Furuta avec une bandes latérale unie de rouges, de bleus et de verts. L’équipement est basique, même la lunette arrière dégivrante est en option. Son prix ? 46 900 F (soit 13 480,15 € de 2023).
Une gamme élargie
En 1987, la version 105 ch disparait de la gamme GTI et laisse sa place au 1.9l de 130 ch. La même année la Peugeot 205 T16 devient à nouveau le titre des rallyes. Ari Vatanen gagne le Paris Dakar au volant de la 205 T16 Grand Raid. La même année, la citadine abandonne les moteurs X de la 104 pour les moteurs TU partagées avec la Citroën AX.
Les puissances des moteurs TU restent sensiblement les mêmes que les moteurs X avec 45 et 55 ch (en 1.0 l et 1.5 l), les consommations baissent encore. Cependant, la version commerciale conserve les moteurs Poissy hérités de Simca-Talbot. La Peugeot 205 profite par la même d’un petit facelift qui lui offre principalement un nouveau tableau de bord mieux fini et avec de nouveaux revêtements intérieurs, de nouveau rétroviseurs extérieurs et des nouveaux essuie-glaces.
En 1990, un nouveau facelift arrive avec désormais des clignotants blancs et des feux arrière proches de la Peugeot 405 avec un duo noir/rouge et des feux antibrouillards. La même année débarque une motorisation turbo-diesel 1.7 l de 78 ch. Tout comme la série spéciale GTI Griffe équipé du 1.9 l limitée à 1652 exemplaires.
En 1991, Peugeot dévoile l’une des séries spéciales les plus mythiques : l’Indiana avec ses besaces en guise de bac de rangement, sa teinte beige et son équipement haut de gamme. Dans le même style et tout aussi rare, en Suède apparait la Peugeot 205 GTI Le Mans limité à 84 exemplaires. Sous le capot un 1.9l de 122 ch catalysée et de couleur bleu Miami avec des équipements spécifiques et des autocollants Norauto sur les ailes arrière.
Pour concurrencer la Renault Clio Baccara et sa finition luxe, Peugeot dégaine la finition Gentry, doté de 3 portes, elle reçoit le motu 1.9 l de 105 ch de la Peugeot 205 GTI. Disponible en vert Sorrento ou en beige MayFair.
Fin de carrière
À partir de 1993, la Peugeot 205 ne fait plus le poids face à la première génération de Renault Clio. Il faut aussi dire, que depuis 1991, elle cohabite avec la nouvelle Peugeot 106 qui va lui grignoter des ventes. La marque franc-comtoise n’arrive pas à se résoudre à remplacer la 205 et laisse vivre le duo 106-205. Avant l’arrivée en 1993, de la nouvelle Peugeot 306 qui doit naturellement remplacer la 205. Sauf que rien ne va se dérouler comme prévu. Finalement Peugeot réfléchit à la remplaçante directe de la 205.
Dès 1993, la gamme se simplifie avec la surpression des versions GTI, CTI, XS et Gentry. La GTI quitte la gamme après 298 345 exemplaires ! Dès 1995, la carrosserie cabriolet est supprimée. En 1996, la fin est proche : une série spéciale « Génération » remplace toute la gamme, elle gagne une sellerie en velours bleu, un tableau de bord revu, un volant bombé et deux motorisations. Côté style huit couleurs sont disponibles. Mais par rapport à la sacré numéro, la Génération perd sa jupe avant sport et les sièges baquets.
La Peugeot 205 disparait le 31 décembre 1998, après 16 ans de carrière et surtout après l’introduction de la Peugeot 206. Fabriquée à plus de 5 278 300 exemplaires, elle est la Peugeot la plus vendue de l’histoire, avant d’être battue quelques années plus tard par sa remplaçante, la Peugeot 206.
L’Avis des Cylindres :
Vous êtes encore là ? Alors que surveiller sur une 205 ? Principalement la rouille et l’entretien de ses moteurs, les X et TU reconnus comme increvables, la lionne vous offrira encore quelques années de service comme daily si vous n’êtes pas soumis aux ZFE. La faiblesse de la 205 restant son essieu arrière dont les roulements se grippent, les accessoires électriques pas endurant du tout et surtout le silencieux fragile. On fera aussi attention à la qualité des plastiques qui craque. Reste qu’il s’agit d’une voiture conçue la fin des années 1970, on le lui pardonne. Les pièces restent encore accessibles et nombreuses.
Côté tarif on oublie la 205 à 300 balles, la sochalienne voit sa cote montée et débuter dans toutes ses versions avec 150 000 kilomètres à partir de 1 500€. Comptez 3000 € pour une version de 100 000 kilomètres et sous les 50 000 kilomètres (il y en a !) les tarifs débutent à 5 000€. Pour les GTI, Gentry ou encore Indiana les tarifs dépassent les 10 000€ voire, tutoient les 30 000€ pour les plus beaux exemplaires GTI ou cabriolet.
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Via Car Design Archives, Artcurial
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