Lancia est un acteur reconnu dans le milieu automobile pour son prestigieux passé. Stratos, Monte-carlo ou encore Delta font partie de la légende de la marque. Cependant, chez Lancia ce sont les flops que l’on retient des dernières années. Voulue comme un produit hors norme et extrêmement haut de gamme, l’immense Lancia Thesis, n’est pas qu’un immense gâchis. C’est une bagnole extraordinaire pour quelqu’un qui souhaite une voiture spacieuse et confortable sans prêter attention à son design clivant.
2001 : l’Odyssées du segment D
La Lancia Thesis représente le condensé du meilleur de la vieille maison italienne. Présentée lors du salon de Francfort 2001, la marque mise sur un haut de gamme originale pour se confronter aux allemandes. S’étirant sur 4.89 m. La Lancia Thesis est la première voiture au monde à arborer des feux arrière à Leds, rendant possible le travaille esthétique des feux aussi fin.
Il faut dire que les marques européennes, comme Lancia, souhaitent mettre à mal l’hégémonie du trio allemands. Dans la même période le segment D s’étoffe de différentes propositions plus ou moins réussies. Volkswagen Phaéton, Citroën C6, Peugeot 607 ou encore la très décalée Renault Vel Satis. Au point où j’ai (re)découvert l’Opel Signum, un comble. C’est un combat de titan dont les constructeurs généralistes abdiqueront les uns après les autres.
Lancia Thesis : s’inspirer du passé pour s’offrir un futur
La marque turinoise est mal en point au début des années 2000, durant le développement de la Thesis, le groupe Fiat autorise toutes les excentricités à la marque à la lance : allant du V6 Turbo diesel de pointe à un équipement high tech de premier choix. La marque souhaite un style fort et veut évoquer les grandes Lancia du passé, comme si la marque à la lance devait prouver quoi que ce soit dans un segment haut-de-gamme trusté par les allemands.
Les influences du design de la berline puissent son inspiration des années 50 avec la berline Aurélia, avec sa ligne fluide et élégante. Le dessin de la Lancia Thesis est signé Mike Robinson et Marco Tencone. Lancia réfléchit à sa nouvelle berline dès 1996 et annonce la Thesis dès 1998 avec le concept Dialogos. Le concept fait des émules avec ses clins d’œil néo-rétro. Si le dessin avant et arrière prend des risques, le profil est fade et sans surprise (classique pour être poli). Le point fort vient de ses dimensions généreuses : 4.89 m de long soit 21 cm plus longue que la Lancia Kappa qu’elle remplace.
Un intérieur digne d’un Palazzo vénitien
Le véritable point fort de la grande italienne c’est son intérieur luxueux. On plonge dans un véritable salon lorsque l’on se déplace à bord d’une Lancia Thesis. Ce confort est permis grâce à ses suspensions ultramodernes, son train avant à 5 bras reproduisant une double triangulation et amortisseurs pilotés Skyhook.
La qualité de finition est exemplaire : bois précieux à profusion, sièges électriques revêtus de cuir ou d’alcantara, ordinateur de bord, GPS, climatisation bi-zone (et même trizone sur la finition Emblema), frein à main électrique, 8 airbags, etc. Dès l’entrée de gamme, nommée sobrement Executive, l’équipement de série est complet : ESP, anti-patinage et tout l’équipement cité plus haut. Une bagnole extraordinaire ? Presque. Est-ce que sous le capot l’adage du ramage se rapporte aux plumages ?
Le ramage rattrape le plumage
Sous le capot berline débute son offre avec un diesel 2.4l JTD de 150 ch (qui deviendra Multijet au cours de sa carrière) mais ce dégustera principalement en sans-plomb avec le 2.4 l de 170 ch, un 2.0l 20V Turbo de 185 ch et surtout un 3.0l V6 de 215 ch. Sous le capot ce sont la plupart des motorisations de sa cousine l’Alfa Roméo 166. En 2006, le 2.4 l gagne un filtre à particules et obtient au passage 15 chevaux pour s’établir à 185 ch. En 2007, gros ménage dans la gamme : seul reste le diesel de 2.4 l de 185 ch et ceux jusqu’en 2009.
Fallimento con eleganza ! *
*L’échec avec élégance !
Si la Lancia Thesis, n’est pas une mauvaise voiture, loin de là d’ailleurs ! Les ventes du vaisseau amiral ne seront jamais à la hauteur de la marque, ni même du groupe Fiat. Elle n’inquiétera même pas les modèles allemands. Je me souviens d’une discussion avec un agent Mercedes durant mes études. Les vendeurs étaient aller à Francfort découvrir le stand Mercedes et étaient aller voir la Lancia Thesis. Toutes l’équipes Mercedes avait été bluffée par la rigueur des assemblages. La finition était au-dessus de la Classe S, malgré la qualité de l’intérieur, le commercial, savait que l’extérieur allait faire fuir la clientèle, sans crainte pour les ventes de l’étoile, donc.
Si l’extérieur prête à tous les débats possibles avec sa ligne, si peu conventionnelle, le réseau Lancia est aussi en tort. Tout comme le lancement commercial, comment le service marketing a pu trouver l’idée d’annoncer une voiture aussi haut de gamme sur Hijo de la Luna (Fils de la Lune) de Mecano ? Tandis que les allemands ont constitué leurs réseau, Lancia n’a pas eu la même chance. On se rappellera aussi les espaces de ventes partagés entre Fiat, Alfa Roméo et Lancia : grossière erreur. On n’achète pas une Fiat Panda comme une Lancia Thesis et celui qui a les moyens de s’offrir une Thesis, n’avait surement pas envie de croiser une famille et leur Multipla. Si un invendable qu’entre 2008 et 2009, Lancia faisait une remise substantielle sur l’Ypsilon. En gros, une achetée, l’autre offerte.
Un segment en crise
Il faut avoir en tête que la Thesis ne sera pas la seule à connaître une carrière en souffrance. Dans la même période on peut citer la classique Citroën C6, la fade Volkswagen Phaeton mais aussi (ou plutôt surtout) la Renault et sa proposition décalée : la Vel Satis. La marque à la lance sera la première à jeter l’éponge. En Septembre 2009, La Lancia Thesis est arrêtée, elle quittera les chaînes de production de Mirafiori, en Italie. Seulement 15 941 exemplaires trouveront acquéreurs, sans remplaçante directe puisqu’il faudra attendre 2011 pour voir arriver… La Thema II qui fera pire : 2000 exemplaires en trois ans de carrière.
L’Avis des Cylindres :
Faut-il acheter une Lancia Thesis ? La réponse est un grand OUI ! A cela plusieurs raisons : la première elle ne vaut absolument rien dès 2300€ en 150 ou 175 ch avec 200 000 kilomètres et… une courroie de distribution à prévoir. Dès 3000€, on peut s’offrir une 2.4 l ou si vous aimez les beaux moteurs : un V6 3.0 l pour 5500€ voire le graal le V6 3.2 l pour 7000€. Prenez en compte le kilométrage, plus il est faible plus la côte monte. Dernier élément, l’entretien. Cette belle italienne saura vous offrir son charme mais elle mérite d’être correctement suivi dans son entretien. Enfin les versions les plus désirables ont le V6 mais on pense aussi aux éditions limitées comme les S.T Dupont, Di Lusso Sportiva et surtout la rarissime 100e anniversaire et son biton.
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