Depuis la disparition de la Lancia Beta Spider, en 1984, la gamme du constructeur italien ne proposait plus aucun cabriolet. Le rapprochement entre le groupe Fiat et Chrysler permet à Lancia d’étoffer sa gamme à moindres frais. La Lancia Flavia Cabriolet n’est pourtant pas une voiture inédite à proprement parler. Il s’agit en réalité d’une Chrysler Sebring devenue en 2011, la 200 Cabriolet. La communication du constructeur va tenter par tous les moyens de nous la vendre comme une vraie Lancia taillée pour l’Europe.
Lancia au plus mal début 2010
En 2011, la fusion des groupes Fiat et Chrysler commence. Dès 2009, l’italien rachète petit à petit le groupe Chrysler alors placé sous le chapitre 11 de la loi américaine. À la rentrée 2010, Fiat annonce un grand ménage au sein des constructeurs du groupe. Ainsi, démarre une grande valse : Dodge et Chrysler quittent le marché européen, Fiat et Alfa Romeo remettent les pieds aux USA et Lancia voir l’opportunité de revenir avec de nouveaux projets. Point de rêve américain pour la marque à la lance, en pleine régression, qui se doit déjà de revenir sur le devant de la scène en Europe.
Lancia survit principalement grâce à l’Ypsilon… Et c’est tout. Ni la Thesis ni la Musa et encore moins la Phedra et la Delta ne convainc. La relance de la marque de Vincenzo Lancia, passe par le besoin d’une nouvelle gamme qui couvre tous les segments. Quelques jours avant le Salon de Genève 2011, Lancia organise une énorme journée de présentation. La nouvelle Ypsilon ouvre le bal avec la Delta, suivi de la berline Thema II, du monospace Voyager et DES Flavia. La marque présente deux modèles sous le même patronyme, la berline Flavia et la Flavia Cabriolet. Cette dernière annonce le retour d’une carrosserie qui avait disparu depuis près de 30 ans !
La déception va être grande, car sur les six nouveaux modèles, seule l’Ypsilon est un pur produit Lancia. La Delta se contente d’une nouvelle calandre. Pour le reste, les designers n’ont clairement pas fait d’heure supplémentaire, car seuls les logos et les calandres changent entre les Thema, Voyager et les Flavia. Pour le monospace, la situation est pire : Lancia ne change même pas le patronyme ! La marque justifiant, le fait de conserver le nom, car il s’agit d’une marque dans une marque.
Le retour du cabriolet chez Lancia avec la Flavia Cabriolet
Revenons au sujet des Flavia. La marque présente en concept la berline qui découle de la berline 200 de Chrysler. Tandis que la 200 cabriolet devient simplement la Lancia Flavia Cabriolet. Les lancistes ne se font guère prendre pour des lanternes, mais le staff de la marque y croit : ils vont gober le stratagème, il est imparable. Malheureusement pour eux, personne ne tombe dans le panneau et la Flavia berline ne connait pas de suite.
Plus surprenant c’est la Lancia Flavia Cabriolet qui connait le chemin des concessions. Je vous vois venir, la mode est au cabriolet en toile souple ou en CC. Certes, les premiums allemands en écoulent encore des wagons de découvrable, mais le segment est en perte de vitesse. Il s’agit plutôt d’une voiture de niche. Si elle se vend peu, ce n’est pas parce que la voiture est mauvaise, mais la faute aux acheteurs. On ne reprochera pas à Lancia d’avoir fait un flop, sur un si petit segment.
Malgré tout, un cabriolet dans la gamme Lancia reste une bonne nouvelle. La marque s’offre à peu de frais un véhicule qui va lui permettre d’avoir un peu de visibilité. D’ailleurs, le communiqué de presse va être élogieux (voire carrément pompeux) au sujet de la voiture.
La Lancia Flavia Cabriolet possède une dotation riche
La grande Italienne vient en termes de dimensions se placer au sommet du segment D avec 4.95m de long. Elle offre un empattement confortable de 2.76m pour quatre occupants. Du côté du coffre, la capacité de chargement atteint 377l et 198l avec la capote ouverte. Des dimensions trèèès confortables pour les longs voyages ou les week-ends entre amis.
Sous le capot, la Flavia Cabriolet propose une unique motorisation 4 cylindres en aluminium. Il s’agit d’un moteur d’origine Chrysler de 2.4l 16 soupapes à doubles arbres à cames, de 170ch à 6 000tr/min et 220Nm. Le tout accompagné d’une boîte automatique à 6 rapports dits Autostick, pas la plus rapide en termes de performance. Pas un foudre de guerre, la Flavia Cabriolet annonce une V/max de 195km/h, avec un 0 à 100 réalisé en 10,8sec. Pour les consommations, votre meilleur ami va devenir le pompiste avec une conso annoncée à 9.4l/100. Pour l’ouverture du toit, il faut être patient, car l’Italienne demande pas moins de 28 secondes pour la manœuvre électrique.
La construction de la Flavia se fait évidemment en Italie aux États-Unis, sur le site de Sterling Heigts, dans l’État du Michigan. La marque tente par tous les moyens de rassurer avec des termes comme l’ADN Lancia préservé et de respect des valeurs. En France, La Flavia Cabriolet ne connait qu’une seule version suréquipée. Au niveau de l’équipement, l’Américaine n’a pas à rougir : sellerie en cuir, ABS, quatre airbags, système multimédia, Hi-fi, GPS, appui-têtes actif en cas de retournement ou encore contrôle de la stabilité (ESC).
À peine sortie, la Lancia Flavia Cabriolet déjà bradée
Pour son lancement en 2012, Lancia brade son cabriolet avec une remise de 7 000€ sur le prix de base de 39 900€ (soit 45 326€ de 2023). De plus, les feux de jour sont à leds (avant/arrière). L’Italo-Américaine s’affiche ainsi à seulement 32 900€. Par la suite, les concessionnaires n’arrivant pas à écouler la voiture, la solde à 29 900€ ! (soit 33 966€ en 2023).
Une Américaine qui se prend pour une Italienne
Pas de doute, le design de la Flavia Cabriolet ne nie pas ses origines outre-Atlantique. Toute la voiture reprend intégralement le design de la Chrysler 200 cabriolet. Le tour du propriétaire va être vite fait : des feux avant à la malle de coffre, toute la voiture est identique à sa cousine américaine. Seuls les logos sont authentiquement italiens. La marque n’a clairement fait aucun effort pour dissocier l’Américaine de l’Italienne, même pas les jantes de 18 pouces diffères ni même les habillages intérieurs (sellerie, planche de bord, etc.). Rassurez-vous la marque met en avant les sensations de conduite du cabriolet (parce que côté sensation routière, c’est américain : mou). Heureusement, Lancia qualifie la voiture d’un style distinctif et unique, ils ont raison, la Chrysler n’étant plus vendue en Europe. Exclusive, on ne peut lui donner tord non plus, car les chiffres de ventes vont être anecdotique, mais nous y reviendrons.
Côté couleur, très peu de choix : pour le lancement, la Flavia Cabriolet propose un blanc Bright White et un gris Mineral grey. Assortie d’une sellerie en cuir noir ou en bicolore noir et blanc. Par la suite, la gamme s’enrichit de quatre autres teintes : un rouge Deep Cherry, un violet Blackberry, un noir métallisé et un second gris plus clair. Dans tous les cas, la capote en toile reste noire.
Tandis qu’à l’extérieur, la marque tente le tout pour le tout avec une alliance d’élégance et de dynamise. À bord c’est un concerto d’adjectifs présomptueux et… décevants. L’habitacle reprend intégralement la Chrysler sans une once de latin. L’ambiance se veut haut de gamme et italienne avec des matériaux de qualité. La marque signale que l’intérieur de la voiture s’inspire des artisans italiens.
L’élégance en mouvement de l’échec
Ne tournons pas autour du pot, avec des prestations routières pas à la hauteur et un cruel manque d’image, la Flavia se plante. Malgré son tarif canon et un rapport qualité/prix imbattable pour la catégorie, personne ne se presse en concession. D’ailleurs, les revendeurs ne sont pas fous, très rares sont les concessions à l’avoir en stock. Lorsqu’elle est dispo, elle finit bradée sur Le Bon Coin. J’ai le souvenir d’un exemplaire à Besançon, pour seulement 19 900€ avec 0 kilomètre.
Après seulement 10 mois de commercialisation, Lancia jette l’éponge. L’objectif européen plutôt bas annonce 1000 ventes pour 2012 et 2000 en 2013. La Flavia Cabriolet n’arrive pas à atteindre ces objectifs. En Italie, 218 exemplaires trouvent preneurs et 225 en 2013. En France, c’est encore pire avec seulement 87 exemplaires en deux ans… Pour l’année 2013, histoire d’écouler les invendus, la marque applique une remise substantielle de 13 000€ en plus des remises des habituelles en concession. Il faut attendre 2014 pour que les dernières Flavia Cabriolet disparaissent du fond des parkings des garages.
L’Avis des Cylindres :
Bonne surprise, la Flavia Cabriolet est fiable. Le moteur équipé d’une chaine de distribution tient la route et la voiture n’a subit aucun rappel, ni de souci mécanique. En même temps, la Sebring sur laquelle repose la 200 et la Flavia Cabriolet date de 2007.
Trouver une Flavia Cabriolet n’est pas très compliqué. Aussi rare qu’une Rolls, elle est présente sur les sites de petites annonces et autre bonne nouvelle, elle ne vous coutera presque rien. A 150 000 kilomètres, on trouve des exemplaires pour 9 500€. A 100 000 kilomètres il faut prévoir une enveloppe de 12 900€. Sous les 60 000 kilomètres, la Flavia Cabriolet demande 14 990€. Voilà comment vous offrir l’Italie au bon goût d’Amérique.
1 commentaire