Le groupe BMC agace depuis de nombreuses années le groupe Rootes avec sa petite Mini, apparue en 1959. C’est un carton plein. Le groupe Rootes décide de répondre au voisin avec l’économique Hillman Imp, dès 1963. Si la petite Mini est devenue un immense succès, l’aventure de l’Imp a tourné court. Tombant rapidement dans l’oubli. Retour sur l’échec de la première voiture dotée d’un moteur en aluminium. Voulu comme populaire, elle devait chasser la création d’Alec Issigonis.
Une crise comme point de départ
En 1956, la crise du canal de Suez a fait l’objet d’un séisme en Europe. Le Royaume-Uni est touché de plein fouet, les industries pétrochimiques ne sont plus alimentées en pétrole. C’est alors que le groupe BMC réagit et réfléchit à une voiture économique. Le marché existe, depuis plusieurs années, les Citroën 2Cv et Fiat 500 se partagent avec la Volkswagen Coccinelle le marché de la voiture économique. En 1959, le groupe BMC développe le projet de la petite Mini, qui sera un succès.
De son côté le groupe Rootes, dont fait partie Sunbeam, Commer ou encore Hillman, commence aussi à développer une voiture économique. Le nouveau projet prend le nom de « Slug » en interne. Les Anglais ne faisant jamais rien comme personne, la voiture doit être économique et habitable pour quatre personnes. Le cahier des charges prévoit que la voiture puisse transporter une famille de manière confortable avec leurs bagages. Tout en pouvant atteindre facilement et rapidement les 100km/h de vitesse de pointe. Le point d’orgue du cahier des charges étant une consommation faible : pas plus de 5 litres au 100 km/h.
Populaire et pas cher, oui, mais moderne
Rootes imagine la future Imp comme la deuxième voiture de la famille. La marque part du principe que l’on peut faire une voiture un peu révolutionnaire avec des caractéristiques au-dessus de la moyenne. Manquant surement de moyen, le projet va descendre d’un cran et devenir ultra-économique. Le concept de la marque va évoluer en une espèce de gloubiboulga ultra-économique et mal exécuté. La marque vise le juste milieu entre une Mini et les Skoda populaire auprès des Anglais par leur rapport qualité/prix. Pour relancer sa carrière, la Imp sera la voiture neuve la moins chère du marché britannique, ce qui va en partie sauver les meubles.
Hillman prend la direction de concevoir une voiture qui reprend d’une certaine manière l’architecture d’une Fiat 500. Le moteur est placé à l’arrière et refroidi par air pour des raisons d’économies. Ses concepteurs ont voulu maximiser son habitabilité en rendant la voiture propulsion. Ce qui permet de se passer d’un arbre à transmission, la Imp se passe également d’un tunnel de servitude. La suppression de la plupart des éléments de transmission libère l’espace pour les passagers et les bagages à l’avant comme à l’arrière.
La Hillman Imp mise sur des solutions pratiques
La carrosserie doit s’habiller d’une carrosserie fluide et élégance tout en évoquant le design des modèles supérieurs. Le tout à l’arrière offre aussi la possibilité d’obtenir une voiture plus agile, mais aussi au comportement plus sportif. La Hillman Imp propose une lunette arrière ouvrable qui permet d’embarquer des bagages sur les sièges arrière dont le dossier est rabattable. La petite voiture offre des éléments de design rares pour une voiture des années 1970, comme le starter automatique, une jauge de température ou encore d’huile.
La voiture monte en gamme, avec par exemple, des suspensions à quatre roues indépendantes et des amortisseurs hydrauliques à ressorts hélicoïdaux. La future Hillman Imp va aussi devenir une berline tricorps. Sous le capot avant donc, le groupe Rootes s’associe à la société Coventry Climax et son moteur FWMA. Ce bloc 4 cylindres tout en aluminium offre de bonnes performances et il est fiable. À l’origine le bloc est utilisé dans le monde nautique, mais aussi sur quelques voitures de compétition. Le moteur est retravaillé chez Rootes pour le faire passer de 741 cm3 à 875cm3 pour 42ch. Il est d’ailleurs incliné à 45° pour faire baisser le point de gravité de la Imp et lui permettre la meilleure tenue de route possible.
La Hillman Imp sera écossaise
Côté design, c’est le designer Bob Saward qui signe le dessin de la berline. La Hillman Imp va devenir une paisible berline tricorps, avec une malle de coffre détachée de l’habitacle. Le dessin global adopte un dessin sobre, fin avec une ligne de caisse basse et de larges surfaces vitrées. La voiture ne mesure que 3,58m de long, elle se place entre la Mini et la Ford Anglia, en Angleterre et la Citroën Ami6 puis 8 en France.
Puisque les premiers prototypes sont testés en conditions réelles entre l’année 1961 et 1963, le groupe Rootes prépare la production de la voiture. L’usine de Ryton, ne pouvant être agrandi, Hillman cherche un nouveau site pour produite la Imp. L’Écosse connaissant une crise ouvrière sans précédent, l’État britannique met en place des aides pour inciter à employer les anciens ouvriers des chantiers navals. Le groupe Rootes décide de profiter des aides gouvernementales pour s’installer à quelques kilomètres de Glasgow.
Il faut souligner que l’usine de Linwood, en Écosse, sort de terre. Personne ne sait dit que la formation des ouvriers était à faire. Ainsi début 1963, la production démarre, la petite auto va très vite subir le manque d’expérience de la part des salariés écossais. S’ils savent construire des bateaux, ils n’ont aucune expérience dans le domaine de l’automobile. Ce premier (petit) détail va mettre à mal la carrière de l’auto ainsi qu’enfoncer tout le groupe. Mais nous allons y revenir. Le second détail et non moins des moindres, les pièces de fonderies proviennent de l’usine de Ryton, ce qui coute en terme de logistique un bras et plombe les finances groupe.
La Imp prend la route
La Hillman Imp est présentée le 3 mai 1963, la petite berline reçoit un très bon accueil de la part de la presse. C’est que la petite à des arguments solides : poids plume (715kg), un moteur vivace et surtout une vitesse de pointe à 125km/h. La Imp dispose de qualité bien supérieure à sa concurrente et elle se distingue facilement de la Mini. Pleines de qualités et avec un rapport qualité/prix intéressant, le succès aurait pu être au rendez-vous. Sauf que la situation n’est pas celle espérée par le constructeur, la Imp ne séduit pas. En seulement 7 mois, entre mai et décembre 1963, 15 000 exemplaires prennent la route très loin des prévisions des 12 000 véhicules par mois.
En 1964, les ventes ne décollent toujours pas et seuls 50 000 Hillman Imp sont vendus soit un peu moins de 4 167 exemplaires par mois. L’usine de Ryton, qui va mettre à mal tout le groupe avec l’incompétence des salariés. Hillman, pressé de sortir sa voiture, n’a pas formé ses salariés, les soucis vont commencer et nuire à l’image du modèle et du groupe. De plus, durant sa carrière, la Imp va aussi connaitre des mouvements sociaux au sein de l’usine. La Hillman Imp connait d’interminables soucis de fiabilité et la prise en charge des modèles sous garantie s’allonge sur la liste des concessionnaires. Pour relancer le modèle, Zagato se penche sur la Imp et dévoile un coupé.
Il faut rassurer les clients
Face à ce chaos, le groupe Rootes doit réagir : Hillman dévoile en 1965 la Imp dite mkII. Cette nouvelle version doit rassurer la clientèle et relancer le modèle. La marque britannique retire tous les éléments problématiques. La nouvelle version se dispense de starter automatique et d’un accélérateur à dépression. Du côté des nouveautés, tout le circuit de refroidissement est revu avec une nouvelle pompe à eau et un ventilateur.
Il faut sauver le soldat Imp
Quelques mois plus tard, une nouvelle version est lancée : la Singer Chamois, version huppée. En France, la Singer est commercialisée sous la marque Sunbeam. Le modèle Chamois, reçoit une fausse calandre chromée et un stripping latéral. L’année suivante c’est l’apparition de la version Imp Sport, sous la marque Sunbeam.
La Hillman Imp avec ses soucis mécaniques et son insuccès finit de terrasser le groupe Rootes déjà mal-en-point. Les caisses sont vides et le groupe n’a plus les moyens de se relancer. Le Britannique cède aux avances du groupe Chrysler, qui cherchait à se lancer en Europe. Comme l’a fait avant lui, General Motors ou encore Ford. Dès 1964, Chrysler acquit des participations au sein du capital de Rootes et tente par tous les moyens de relancer l’anglais avec une nouvelle dynamique de produit. Le groupe américain croit encore à une carrière pour l’Imp et tente de la remettre en route.
Chrysler au secours de la Hillman Imp
Ainsi en 1967, la Hillman Imp reçoit un break, dénommé Husky, avec le renfort d’une version fourgonnette : Commer Imp. Tandis que la Singer Chamois donne naissance à une jumelle un poil plus sportive : la Sunbeam Imp Sport. Pour en revenir à Hillman, la marque met sur le marché un coupé qui prend la dénomination de California, qui sera clonée chez Singer avec la Chamois California. En octobre 1967, les versions California sont supprimées du catalogue d’Hillman pour n’être distribuées que sous la marque Sunbeam sous le nom de coupé Stiletto.
Trop de versions, tuent le modèle
Bon vous arrivez à suivre ? Chrysler a appliqué sa recette à l’américaine avec une multiplication de l’offre et des modèles et surtout trop de marques qui distribue le même modèle sans véritablement de différence. Malgré tous les efforts du groupe Rootes, il faut se rendre à l’évidence : l’Imp est un flop, la moyenne de production tourne aux alentours de 40 000 unités par an. Ainsi, l’image floue autour du modèle et ses déclinaisons brouillent la clientèle. Aucun des modèles Imp n’est véritablement rentable avec leur faible volume de vente. En 1968, Chrysler fait le ménage dans les versions et réduit grandement l’offre. Bon gré, mal gré, débarque la même année une Hillman Imp mkIII, cette nouvelle version se reconnait à son nouveau regard à doubles optiques avant.
De cette manière, la Singer Chamois disparaît en avril 1970 signant la fin de la marque. Sont abandonnés L’Imp van et sa version civile Husky. En 1972, le coupé Stiletto est supprimé. L’Hillman Imp et la Sunbeam Imp Sport sont les seules survivantes du grand ménage. La Hillman Imp s’écoule à 440 032 exemplaires, dont une grande partie, durant les trois premières années de commercialisation. La Hillman Imp et sa cousine la Sunbeam disparaissent en 1976.
Une voiture sportive
L’Hillman Imp gagne une réputation de dévoreuse de bitume en remportant plusieurs rallyes en Angleterre comme le rallye des Tulipes en 1965, ce qui donnera l’impression Rallye. Elle remporte plusieurs titres dont durant trois années de suite ‘1970, 1971 et 1972), le championnat britannique de voitures de Tourisme.
L’Avis des Cylindres :
Avec des choix qui ne sont pas forcément logiques, la Imp est une voiture attachante. Si elle n’a pas brillé en Angleterre, en France c’est encore pire. Introuvable, la Imp est un trésor, un trouver sur les annonces d’anciennes. En français, Imp veut dire lutin, un nom qui ne lui a pas porté chance. Son bloc aluminium est durable et fiable mais la carrosserie adore la rouille. Devenue invisible sur les radars, la cote de la Hillman Imp est base et réclame moins de 10 000€ à l’achat. Les pièces sont également introuvables, bon courage pour en dénicher une.
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