Fiat à toujours utiliser Autobianchi comme laboratoire expérimental grandeur nature. Au milieu des 1960 se pose la question du remplacement de l’Autobianchi Bianchina, dérivée de la Fiat 500. La future Autobianchi A112, doit avoir une finition aux petits oignons et offrir des sensations à son volant. Surtout le puissant groupe italien voit débarquer une concurrente aux dents longues : l’Austin Morris.
Dante Giacosa, l’homme à l’origine de l’Autobianchi A112 mais pas que
La petite Autobianchi Bianchina est apparue en 1957 et chez Fiat on décide de la remplacer rapidement. Elle s’essouffle petit à petit et surtout l’ogre anglais plus connu sous le nom de Mini ne craint plus les taxes d’importations italiennes. Son constructeur Morris a signé avec Innocenti un contrat de fabrication en Italie. Chez Fiat on grince des dents et on s’agace. Plutôt que d’améliorer la Bianchina, Fiat cherche à sa manière la recette de la petite voiture populaire pour contrer la Mini. Dante Giacosa, directeur technique de Fiat, cherche des solutions. Quelques années plus tôt, en 1947, notre homme a étudié une traction à moteur transversal. Une solution retenue par la Mini, sans que Dante ne puisse le mener à son terme. Ses supérieurs lui avaient interdit après qu’Agnelli se soit blessé en conduisant un prototype, la faute à la voiture.
C’est avec une certaine amertume que Giacosa a vu apparaitre en 1959, la Mini. Utilisant brillamment la solution technique qu’on lui avait refusée. L’ingénieur va finalement prendre sa revanche, puisque sa direction va revenir sur sa décision et obtenir le feu vert de développer sa proposition. La solution de Giacosa ne sortira pas sous la marque Fiat, mais avec Autobianchi et sa Primula en 1964. La Primula propose le tout à l’avant avec un moteur transversal et des roues avant motrices. De plus, la boîte est dans le prolongement du vilebrequin, au contraire de la Mini qui le loge dans le carter. Le choix de Giacosa est pertinent, car son système d’embrayage miniaturisé est plus fiable. Cette petite révolution va être très vite recopiée par les autres constructeurs. En outre, l’Autobianchi Primula propose un hayon arrière et une banquette rabattable.
L’Autobianchi A112 doit lutter contre l’Austin Mini
L’Autobianchi Primula se positionne au-dessus de la fameuse Bianchina, cette dernière n’est finalement qu’une Fiat 500 plus haut de gamme. On débute la conception de sa remplaçante dès 1965, pour ne pas laisser le temps à la Mini de s’installer sur le marché italien. On prend la décision que la future citadine soit une Primula en réduction.
Le cahier des charges est plutôt simpliste : la petite voiture doit être une citadine, pouvoir transporter quatre personnes et leurs bagages. Tout en pouvant se mouvoir en ville et capable de faire de l’autoroute. Fiat n’est pas peu fière d’être le roi des petites voitures et souhaite le rester et pour cela, la citadine va s’équiper d’un hayon pour offrir un maximum d’accès à son coffre et permettre un chargement faciliter.
Par la suite, Dante Giacosa, qui supervise la conception de l’Autobianchi A112, explique que les premières pistes allaient sur une voiture avec un design très sobre et simpliste avec un accès facile à la partie mécanique. Des premiers sketchs, on remarque un capot autoclave, comme sur une Fiat 127, mais Fiat ne valide pas les propositions. Le dessin de la voiture va s’orienter vers une enveloppe plus sportive malgré des dimensions plutôt compactes. Le design est partagé par Dante Giacosa et Mario Boano.
1969 : l’année de mise en orbite de l’Autobianchi A112
L’Autobianchi A112 apparait le 29 octobre 1969 au Salon de l’automobile de Turin et commercialisée au printemps 1970. Longue de seulement de 3,23m, la puce italienne profite malgré tout d’éléments modernes comme une caisse autoportante, de la traction, d’une boîte à quatre rapports ou encore d’une suspension à quatre indépendantes. La suspension est d’ailleurs partagée avec la récente Fiat 128 par souci d’économie. Il s’agit d’éléments McPherson à l’avant et avec des bras oscillants reliés par un ressort à lames transversal à l’arrière. Des éléments mécaniques encore rares sur le segment à sa sortie.
Un design moderne et séduisant
Au niveau de design, l’Autobianchi A112 est séduisante avec ses ailes avant galbées, comme sur une Mini, l’Italienne termine sur un décroché au niveau du hayon arrière. Un choix voulu par la direction de Fiat et imposé a Giacosa. Le succès de l’Autobianchi A112 est immédiat, car outre son dessin soigné, elle est étonnamment performante et agréable à conduire. Comme sur la Primula, la banquette est rabattable.
L’Autobianchi A112 et ses évolutions
La première série d’Autobianchi A112 ne propose qu’une seule motorisation. Il s’agit du petit 4 cylindres de 903 cm3 de 44ch partagés avec la Fiat 850, choisi par mesure d’économie. Ce moteur ne disparaitra qu’en 1986 avec le retrait de l’A112 et équipe la Fiat 127 dès 1971. L’avantage de ce moteur est de pouvoir être monté transversalement sans pénaliser l’accès à ce dernier pour l’entretien. En 1971, la gamme accueille une version E, plus haut de gamme. Ainsi que l’iconique version Abarth (nous allons y revenir par le biais d’un article spécifique).
À partir de 1973, la gamme évolue avec un soin tout particulier sur la finition intérieure et la puissance du moteur qui passe à 47ch. Les évolutions vont s’enchainer avec l’arrivée de la série 3 en 1974, l’homologation passe de 4 à 5 places. Une diminution de la puissance du moteur à 42ch pour satisfaire les premières normes antipollution européennes.
En 1977, un important restylage a lieu, avec des changements d’ordres esthétiques comme la calandre, les feux arrière ou encore la forme du pavillon, plus carrés, pour une meilleure rigidité. Le longeron subit une modification pour accueillir une nouvelle boîte à 5 rapports (qui lui apporte une fragilité de structure). Les pare-chocs métalliques sont abandonnés au profit d’une matière synthétique armé. La version E reçoit un nouveau moteur de 965 cm3 de 48ch. En 1979, la cinquième série introduit les versions Junior, Elegant, Elite et Abarth. La Junior est proposée avec le moteur de 903 cm3 ainsi qu’un toit ouvrant en toile. Tandis que les versions Elegant et Elite sont animées par un moteur de 965 cm3 à allumage électronique avec une boîte 5 rapports. D’ailleurs les feux arrière sont désormais carré et insérés dans un élément peint en noir, accueillant également la plaque d’immatriculation.
En attendant l’Ypsilon
En 1982, la série 6 reçoit une finition LX sur la base de l’Elite. La LX reçoit des vitres électriques et de sièges en velours avec appuie-têtes. Deux ans plus tard, la série sept se concentre sur les pare-chocs et un bandeau réfléchissant avec le logo d’Autobianchi et le nom de la version. En 1985, la gamme est réduite à une seule version et s’efface pour accueillir la nouvelle Autobianchi/Lancia Y10. La petite Autobianchi A112 prend une retraite bien méritée en 1986, après 17 ans de carrière et 1 254 178 exemplaires vendus à travers l’Europe.
L’Avis des Cylindres :
Si un exemplaire vous tente, surveiller la rouille ! Bizarrement ce sont les versions à partir de la série 3 qui en sont victimes (!). Il faut bien vérifier les modèles équipés de protection en plastique, ces dernières peuvent cacher des zones corrodées. Pour le reste, la voiture est fiable et robuste. On portera son attention sur la synchro du 3e rapport qui s’il est usé, la boîte craque entre la 2 et la 3e.
Côté tarif, l’Autobianchi A112 débute à 5 000€ en version LX ou Elegant, une A112 série 1 de 44ch monte à 6 500€. Les plus beaux exemplaires dépassent les 8 000€, tandis que les Abarth réclament minimum 10 000 à 15 000€.
S’il ya une version à choisir ce sera la version Abarth qui, équipée d’une boîte 5, offre des sensations grâce à ses performances et ses protections plastiques. Pour le reste, les versions Junior ou Elite offrent un toit ouvrant et un minimum d’équipements et une finition cossue. Tout comme la série 1, plutôt rare.
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