Version à l’essai : Toyota RAV-4 GR Sport – Hybride 222ch (178ch thermique et 44ch électrique) – à partir de 54 950 €.
Le dicton dit qu’on achète parfois une grosse voiture car on doit compenser quelque chose. Lorsque Toyota m’a proposé d’essayer le Toyota RAV-4 GR Sport, j’ai donc intérieurement rigolé. Pour moi, SUV et Sport ne vont pas du tout ensemble. Sous le capot de ce gros bébé se cache un système hybride fort de 222 chevaux. Pourtant, le Toyota RAV-4 GR Sport nous a réservé quelques surprises et surtout un certain plaisir de conduite.
Design : le gros nounours en impose
Long de 4,62m, large d’un 1,84m et haut de 1,67m, le RAV-4 est l’un des plus gros SUV de sa catégorie. Son design est radical et massif avec de nombreuses arrêtes et angles droits saillants. Le SUV semble être au premier abord une vraie brute, un peu comme celui qui te faisait peur à la cour de récré. Brute de décoffrage, il revêt tout de même des finitions noir laqué du plus bel effet mais qui n’auront aucun effet avec les coups (de portières) en ville. Sa calandre est en trapèze inversé, avec son motif en maille G-mesh spécifique à la finition GR Sport, et ses feux avant sont fins et étirés. Ils lui donnent une impression d’agressivité, tout comme son profil étonnamment dynamique avec sa ligne de vitrage dont un pli de carrosserie en fait l’écho et qui vient mourir (c’est triste) sous le rétroviseur avant. On remarque aussi le travail des flancs, et plus particulièrement des bas de caisse avec des plis et des angles qui appuient le côté dynamique du baroudeur. Autre effet esthétique, les plastiques de protection des roues qui ne font pas un tour complet et qui s’arrêtent bientôt avant les bas de caisses. Quoi qu’il en soit, le mastodonte ne laisse personne indifférent sur la route !
Je ne vous ai pas non plus parlé des jantes 19 pouces de notre ours tout droit venu de la forêt Aokigahara (NDLR : c’est une célèbre forêt du Japon, mais n’allez pas voir pourquoi…). Revenons aux jantes. Elles sont en alu, peintes en noir brillant avec de fins liserés brillants, s’accordant aux bas de caisse laqués. Ils m’évoquent un je-ne-sais-quoi de Jeep dans leur forme. Certes, il s’agit de jantes cinq branches mais elles assurent un côté à la fois sportif et baroudeur à notre grizzly, puisque le RAV-4 est par ailleurs fabriqué au Canada ! L’arrière se distingue également des autres versions avec la disparition du ski de protection à l’arrière pour un diffuseur GR Sport à l’aspect chromé et un élément imitant une grille d’abeille (le fameux motif G-mesh) pour le reste on retrouve les (grosses) protections en plastique laqué.
On dirait comme ça qu’on a essayé pendant une semaine une réelle nouveauté. Pourtant, nous avons à faire à un véhicule que l’on côtoie sur nos routes depuis 2019. Il s’agit simplement d’une nouvelle finition. Le Toyota RAV-4 bénéficie tout de même d’un design loin d’être passe-partout et qui finalement semble ne pas vieillir. Il est, avec le C-HR, l’un des premiers véhicules de la marque que les designers semblent s’être amusés à concevoir. On pourrait même dire que Toyota a mis les doigts dans la prise (parce qu’il peut rouler en électrique, blague non validée par mon correcteur). De toute manière, le SUV est avant tout familial et nous y reviendrons, passant d’un SUV citadin à un gros SUV des familles. Mais a-t-il un cœur tendre, notre ours ?
Habitacle : le sens de l’accueil
À bord, le Toyota RAV-4 se montre accueillant (c’est logique). On prend place dans des sièges GR Sport plus confortables que réellement sportifs. On est bien assis, dans ces sièges revêtus d’une sellerie mixte en cuir avec des touches d’alcantara à surpiqûres gris argent que l’on retrouve sur le volant et le levier de vitesses. C’est sans oublier également les logos GR présents sur sur les appuie-tête, le volant et les tapis de sol. L’assise offre un excellent maintien lombaire et des jambes. Le réglage du siège conducteur, comme passager, est électrique et permet d’être installé très confortablement. De plus, on retrouve la possibilité de mémorisation des configurations d’assises. On a toutefois longuement regretté l’accoudoir central fixe, malgré un bon moelleux de ce dernier et un rangement à l’intérieur généreux.
Du côté du mobilier, on se retrouve face deux écrans plats. L’assemblage est sérieux, c’est construit solidement avec des matériaux de bonne facture visuellement, avec du cuir et surtout du plastique moussé. Toutefois, nous n’avons pas eu cette impression de « waou » en ouvrant la portière. C’est joli, mais est-ce que l’on s’attend à cela sur une voiture à presque 55 000 € ?
Derrière le volant, les compteurs analogiques ont laissé leur place à un écran ultra personnalisable et lisible de 12,3 pouces. Certaines personnalisations sont anecdotiques, comme le design du compteur de vitesse. Au centre du mobilier, on retrouve une immense dalle tactile de 10,5 pouces, dotée du système d’info-divertissement Toyota Smart Connect qui gère presque tout le véhicule. Les Japonais n’ont jamais été réellement efficaces sur l’info-divertissement, avec des informations de base toutefois pratiques. D’ailleurs, on remercie Monsieur Toyota car les commandes de clim sont… physiques ⏤ que c’est pratique ! On rappelle que cela permet notamment d’éviter de quitter les yeux de la route.
À l’arrière, on a l’impression d’être dans un monospace tant le sentiment d’espace est fort. Malgré mon (presque) mètre quatre-vingt, j’ai énormément de place aux jambes, mais aussi en largeur et en hauteur. Deux passagers adultes et un enfant seront confortablement installés. Tout cela est possible grâce à l’empattement de 2,69 m entre les roues : c’est littéralement gargantuesque (!). Le coffre de 580l est comparable à une soute, et pourra facilement prendre les bagages de toute la famille et plus ! L’ouverture du coffre descend très bas et permet de charger aisément des objets lourds (meubles, carton, belle-mère, chien…). Puisqu’on parle de chargement, sachez que le rétroviseur intérieur peut basculer en mode caméra si la vision arrière est obstruée, par exemple ⏤ pratique ! Notre gros grizzly a le sens de l’accueil, du confort et d’une certaine simplicité dans son affichage des informations. Un cœur tendre groooooos comme ça, le nippon.
En a-t-on pour son argent ? Théoriquement oui, car l’équipement en pléthorique, avec régulateur adaptatif, freinage d’urgence avec détection des piétons et des cyclistes (qui fonctionne aussi de nuit), alerte au franchissement de ligne, lecture des panneaux, avertissement de circulation arrière avec freinage, sièges chauffants, entrée et démarrage sans clé (keyless), avertisseur d’angles mort… La liste est longue, alors n’hésitez pas à vous rendre sur le site de Toyota France (malheureusement, je n’ai pas encore de code promo). Le Toyota RAV-4 propose aussi une connectivité Wi-Fi et Bluetooth, quatre ports USB-C (deux à l’avant, deux à l’arrière), la possibilité de recharger par induction, Apple CarPlay sans fil mais Android Auto en filaire.
Moteur : l’expertise Toyota
Avant d’en prendre le volant, revenons à ce qui anime notre ours : le système hybride Toyota. Sous le grans capot, on retrouve un bloc quatre cylindres 2,5l à cycle Atkinson développant 178ch, aidés par deux moteurs électriques (un sur chaque essieu), offrant une transmission quatre roues motrices, unique configuration sur la finition GR Sport. Cumulée, la puissance offre 222ch et un couple de 221 Nm. La consommation mixte est annoncée pour 5,9 l/100km. Toyota annonce un 0 à 100km/h effectué en 8,1 secondes.
Que dire de plus ? Toyota est le maître incontesté de la technologie hybride qui a fait ses preuves sur bien des modèles de la gamme. Prius, certes, mais aussi sur les Corolla, Yaris ou encore feu la Camry. La première promesse est simple : faire des économies. La seconde, c’est, grâce à son badge GR Sport, de s’amuser à son volant. Peugeot le propose bien avec les GT, Hyundai avec N Lise sur le Tucson, ou encore Renault et sa ligne Esprit Alpine. Forcément, on a de prime en tête d’autres versions bien plus sportives (genre la Yaris GR Sport) dans la gamme Toyota plutôt que le gros RAV-4. Avec sa présentation sportive, le SUV japonais reçoit des équipements spécifiques par rapport aux autres RAV-4, notamment une suspension raffermie pour être plus dynamique. C’est plutôt efficace sur route, bien que nous n’avions pas testé de RAV-4 plus « basique ».
Sur la route : véhicule de loisirs actif à quatre roues motrices
Sur la route, le Toyota Rav-4 GR Sport préfère le rythme de sénateur plutôt qu’affoler les chronos. De toute façon, la boîte e-CVT (Transmission à Variation Continue électronique) va vous le rappeler en hurlant comme un enfant au milieu du rayon jouet. Ses cris sont en revanche plutôt bien insonorisés par rapport à ce que l’on a pu connaître chez la marque (coucou, la Yaris 3). On lève par conséquent le pied rapidement et on se surprend à rouler à un rythme tout doux, vraiment tout doux. Néanmoins, le RAV-4 sait vous le rendre avec un consommation faible sur tout type de route. Quand j’ai récupéré le SUV, j’ai fait une portion de périphérique puis d’autoroute, le temps de prendre la main : la e-CVT hurle à chaque accélération, au point d’en devenir fou. Pour ne plus entendre cette maudite boîte, il y a une technique à avoir : ne pas se prendre pour Fangio. Au bout de quelques kilomètres, je m’habitude à moins hausser le rythme et d’y aller cool. Le résultat est bluffant : la consommation sur autoroute s’effondre, le bruit avec. Il faut dire que j’avais un excellent professeur habitué de l’hybride Toyota et maître des basses consommations !
Le RAV-4 se conduit avec une certaine souplesse, un peu avec des œufs sous le pied. On apprécie même de conduire tranquillement. Pas de chance pour le SUV japonais car on prend la route direction la Loire, avec une première étape au Mont du Pilat, qui culmine à 1 432 mètres d’altitude. Sur les routes de montagne, on se surprend à découvrir une voiture étonnamment souple. Négocier chaque virage est d’une facilité déconcertante avec ses quatre roues motrices, gérées automatiquement par la voiture. Quand il le faut, le thermique est soutenu par les deux moteurs électriques. Alors oui, la consommation explose, on monte à 10l/100 mais la voiture expédie la montée avec une grande facilité. Malgré son gabarit imposant, le Toyota monte, non grimpe, avec une enthousiasme les épingles vers le col de l’Oeillon.
La suite du parcours reprend en direction de Saint-Étienne avec un mixte urbain et autoroutier, là où le système hybride Toyota fait des miracles. La consommation descend à 6 litres et la prise en main de la e-CVT permet de ne plus faire hurler la transmission. À ce titre, le RAV-4 propose des palettes au volant avec une possibilité de basculer la voiture en mode manuelle avec 6 rapports. Étonnant, non ? Je vais vous refroidir car les palettes au volant… ne semblent servir à rien. Enfin, presque, elles permettent d’obtenir une sorte de mode Brake, qui régénère la batterie. On préfèrera le mode Drive, beaucoup plus naturel.
En ville, le Toyota RAV-4 montre un appétit d’oiseau : il passe la plupart de son temps en mode électrique. Tout est un prétexte pour le passer en mode EV ! En ville, nous avons eu deux relevés de consommations : 1,8l et 5,8l au 100. Extraordinaire grâce à la possibilité de le forcer en mode EV grâce à la fonctionnalité EV Mode. Nous n’avons pas compris exactement le fonctionnement et les conditions d’activation. Nous avons rencontré à plusieurs reprises, le refus de la voiture pour « Plage non disponible », les larmes s’écoulaient… Toutefois, on lui pardonne car lors de la reprise du périple de Feurs jusqu’à Lyon, la voiture demande seulement 4 litres au cent, un chameau !
D’ailleurs, le grand SUV ⏤ que dis-je ⏤ le vaisseau amiral de la marque, offre trois modes de conduite : Normal, Sport et Eco. Normal est le mode par défaut sur la voiture, plus typé confort avec une direction souple et confortable. Le mode Sport raffermit la direction et durcit les suspensions. Il participe aussi à basculer, le plus souvent possible, les quatre roues motrices et active le troisième moteur électrique sur l’essieu arrière. Enfin, le mode Eco permet de conduire le plus souvent possible en électrique et active le moteur pour recharger la batterie. Ces trois modes s’activent très facilement avec un sélecteur positionné à côté du levier de vitesse. Le sélecteur change de couleur selon le mode de conduite choisi. Une animation plutôt sympathique est également présente sur le cockpit.
En ville, bon point : malgré son gabarit de chatbus, le SUV intègre une caméra de recul avec une excellente résolution d’image, ainsi qu’une vue 360° qui permet de visualiser les risques à proximité (poteau, belle-mère…). Loin d’être un sportif, le SUV de Toyota répond totalement à sa mission : transporter confortablement toute la famille. Rien ne lui fait peur, ni la météo, ni les trottoirs et encore moins la boue.
Bilan : véhicule de loisirs (RÉCRÉ)actif à quatre roues motrices
Vous l’aurez compris, ce Toyota RAV-4 GR Sport est une excellente voiture ! Sous le capot, on profite d’une motorisation hybride « auto-rechargeable » de premier ordre. Sans forcer, on peut tirer du gros pépère une consommation faible et un plaisir de conduire. De plus, comme évoqué quelques lignes plus tôt, on profite d’un véritable couteau suisse qui permet de s’évader en famille mais aussi d’avaler les affaires sans broncher. Capable de rouler en tout-électrique sur 2 km, le RAV-4 peut faire bien plus (4 kilomètres de notre côté).
À l’intérieur, le SUV japonais ne souffre d’aucune critique presque avec une bonne qualité d’assemblage et de finition, un grand confort mais aussi une habitabilité hors pair. Tandis que l’extérieur montre des gros muscles ⏤ et qu’on a envie de le nommer nounours ⏤, il est tout tendre à l’intérieur. De toute manière, la renommée de Toyota n’est plus à faire et ce RAV-4 en rend pour son argent. Sans être toutefois un véritable… sportif.
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Merci à Toyota France pour le prêt du véhicule