Il n’y a pas que la Peugeot 205 qui fête ses 40 ans en 2023. L’italienne Fiat Uno a également 40 ans. Retour sur la gestation de la petite italienne qui a conquis plusieurs millions de conducteurs et dont l’histoire est des plus rocambolesques ! Entre coup bas avec Lancia, récupération de projet et dispute, la Fiat Uno, c’est plus qu’un épisode de télé-réalité : c’est un succès mondial qui prendra fin en 2013.
Pour remplacer un best-seller, les constructeurs ne prennent parfois pas de risque. On a l’exemple avec le constructeur allemand Volkswagen qui fait évoluer ses modèles selon une rigueur toute germanique. Puis, il y a Fiat qui n’a de cesse de créer des modèles en rupture par rapport à la génération sortante. C’est ainsi que la petite Uno va encore évoluer plus rapidement que la 127 qu’elle va remplacer.
La Fiat Uno, une feuille blanche
Lorsque la Fiat 127 apparaît en 1971, elle est tellement en rupture qu’on lui prête la création du segment B. Elle va perdre la clientèle européenne, surprise par la petite italienne. Pourtant, elle va faire un malheur avec plus de 5 millions d’exemplaires écoulés durant seize ans de carrière. Sur le même principe, la Renault 5 va aussi révolutionner le segment. Le constructeur italien décide en 1978 de plancher sur la remplaçante de la 127.
En 1978, Fiat décide enfin de réfléchir à la remplaçante de la 127 avec la volonté d’en faire davantage. Pour Mario Maioli, responsable du style du groupe Fait, il s’agit de créer un modèle innovant dans la plus pure tradition Fiat.
Codée sous le projet 143, la gestation de l’italienne commence au Centro Di Stile Fiat sous la houlette de Gian Paolo Boana. Mais c’est l’équipe de Pier Giorgio Tronville qui va offrir deux propositions intéressantes, mais sans intérêt. Maioli précise par conséquent le cahier des charges pour les équipes du constructeur italien : fin de la traction, il faut que la voiture soit innovante par le biais de son architecture et de son habitabilité. C’est ainsi que deux études sont menées en parallèle. Le choix de faire une croix sur la traction est surprenant après le tout à l’avant de la 127.
L’échec du projet 143
Dès le milieu de l’année 1978, deux maquettes à pleine échelle 1 sont examinées. Le management de Fiat valide les orientations et fixe le rendez-vous pour la fin d’année. Les maquettes sont creuses et vitrées, et font face à une troisième proposition sous-traitée à ce qui semble être attribué à Giugirao.
Malheureusement, pour toute l’équipe ayant travaillé sur les propositions, c’est la douche froide. Après un remaniement éclair des grandes têtes du constructeur italien, rien ne va plus. Les semaines qui ont suivi la présentation des trois maquettes vont virer au fiasco. En janvier 1979, Vittori Ghidella devient le nouvel homme fort de Fiat. Il organise une revue des maquettes avec l’ensemble des projets des marques du groupe. Et là, c’est le drame ! Les trois maquettes du projet 143 sont exposées aux côtés du projet 144 ; autrement dit la future Lancia Y10, une citadine dessinée par Giugiaro en vue du remplacement de l’A112 voulue moderne et surtout haut de gamme. La principale raison de ce drame : les clients tests apprécient davantage le projet 144 de Lancia que les projets développés par Fiat.
Changement de cap pour la Fiat Uno
La douche ne sera pas que froide pour les équipes de Fiat, elle sera même glacée. À rendre l’iceberg du Titanic vert de jalousie, le projet 143 vire à la catastrophe : c’est un véritable règlement de compte entre Fiat et Lancia. Vittorio Ghidella rejette les trois maquettes du projet 143, et les désigne comme conventionnelles. Notre homme va faire son marché chez Lancia et récupérer le projet 144 pour le remplacement de la Fiat 127.
L’une des propositions du projet 143 finit par être renvoyée vers Zastava pour devenir la future Yugo. Côté Lancia, c’est la colère. Ce sont des heures et des mois de travail qui partent en fumée et un projet en moins. Bien que Lancia ait sorti la récente Delta et que la marque travaillait activement sur la Thema, perdre son projet d’entrée de gamme est compliqué — d’autant plus que la pauvre Autobianchi A112 prend de la bouteille. Après plusieurs altercations entre Vittorio Ghidella et Gian Mario Rossignolo, président de Lancia, ce dernier claque la porte. Ce n’est qu’en 1981 que le projet de l’Y10 redémarre.
Projet 146 : vous avez dit Lambbda ?
Désormais, le projet Lancia dit 144 devient le projet 144 de Fiat. La marque à la lance avait nommé en interne, faute de nom, Lancia Lambda et nom BCDE comme écrit sur les prototypes. Les équipes de Fiat vont jusqu’à demander à Italdesign de repartir du concept-car Lancia Megagamma et d’expérimenter « l’espace vertical », soit une nouvelle manière de voir la longueur et la hauteur de la voiture, à l’image de la petite Fiat Panda en cours de développement depuis 1976.
Pour adapter la Lancia Lambda au cahier des charges de la future Fiat Uno, les côtes sont revues à la hausse. Il faut également allonger l’empattement car la Uno va être proposée en trois et cinq portes. C’est ainsi que naît le projet 146…
Voilà pour cette première partie, l’histoire de la Fiat Uno est tellement complexe que nous devons diviser en deux l’histoire de la belle italienne. Nous allons revenir prochainement sur la suite de sa conception et de sa vie commerciale.
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Via CarDesignArchives, Gazoline
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