Au côté du duo Alfa Romeo SZ/RZ, le carrossier Zagato dévoile le séduisant coupé Lancia Hyena. Construite sur la base de la Lancia Delta Intégrale EVO 1, elle compte sur son moteur 2,0l de 250ch et sa ligne fluide et musclée pour se poser comme l’opposée des Alfa Romeo carrossés par l’atypique carrosserie italienne Zagato. Voulu par l’importateur hollandais pour offrir un coupé sport à la marque, rien ne va se passer comme prévu. Le coupé ne marque ni l’histoire ni la mémoire des amateurs de la marque à la lance. Du coup, ce bijou vaut désormais son pesant d’or.
La Lancia Hyena, une Italienne sauce hollandaise
Ni Lancia, ni Zagato ne sont derrière le projet, il s’agit en réalité du souhait de l’importateur néerlandais, Paul Koot, à l’origine du projet. Le cousin de Dave voulait relancer la tradition des carrossiers italiens avec des voitures à la fois sportives et dotées d’une présentation spécifique, à partir de modèle déjà existant. L’importateur se tourne vers Zagato qui étudie le projet.
Zagato finit de livrer les derniers exemplaires des Alfa Romeo SZ et RZ. L’italien profitant d’une certaine avant-garde au début des années 1990, le maître se colle à la besogne pour nous servir une voiture aussi sportive que possible, élégante et originale. Zagato se montre partant dans le projet, car il trouve son compte en sublimant les entrailles de la Lancia Delta Intégrale. De plus, la carrosserie italienne possède son propre atelier pour la fabrication des modèles.
Le hollandais et Zagato pensent que la direction de Lancia va les suivre et envisage une production de 500 exemplaires. Lancia qui abandonne petit à petit les modèles sportifs et sa gamme HF, au profit d’Alfa Romeo, refuse de prendre part au projet. En réalité, c’est Fiat qui met la pression à la marque à la lance pour que cette dernière ne vende pas les châssis de la Delta Intégrale. Dès le début du projet, la Lancia Hyena est vouée à mourir dans l’œuf. Lancia ne jette pas l’eau du bain avec le bébé, la marque autorise la pose du logo sur les véhicules.
La Lancia Hyena mise sur l’élégance et l’aluminium
La situation ne gêne aucunement Zagato et encore Koot qui peuvent tranquillement continuer à concevoir la voiture malgré l’absence d’accord avec Lancia. Zagato est loin d’être un nouveau dans la confection de voiture hors série et concept-car. Depuis 1919, les véhicules frappés du Z pullulent et s’échangent à prix d’or sur les salons et font rêver les passionné(e)s.
Pour produire les exemplaires du coupé sportif, Koot casse sa tirelire. En effet, l’importateur doit commander des camions de Lancia Delta par camion et les déconstruire. Donc les bolides partent d’Italie, remontent en Hollande par camion, son démonté et les châssis redescendent en Italie, à Rho dans la banlieue de Milan, chez Zagato. Puis renvoyé aux Pays-Bas pour recevoir le mobilier intérieur et les dernières finitions. Ce micmac donne un résultat époustouflant. La Lancia Hyena se caractérise par sa carrosserie intégralement en aluminium, fluide avec zest d’élégance et d’agressivité.
Le choix de l’aluminium permet au coupé d’être plus léger et plus dynamique que la brique d’origine. La traque du poids, pousse Zagato à incorporer de nombreux éléments en carbone, comme les panneaux de portes, le passage de tunnel ou encore le tableau de bord. Ces dernières provenant d’un atelier spécialisé en F1. La chasse aux kilos permet à notre coupé d’afficher sur la balance 1 148 kg à vide, soit 15% (soit 200kilos) de moins qu’une Delta Intégrale EVO 1. Cette dernière affichant 50kg de plus que les autres Delta, avec sa motorisation de 2.0l de 215ch contre 200ch pour les autres.
L’Italienne apparait en Belgique
La Lancia Hyena prend son premier bain de foule lors du Salon de Bruxelles 1992. Malgré le succès, la Hyena voit l’objectif de production passer de 500 à « seulement » 75 exemplaires. Le tarif supérieur à 300 000Fr (71 948€ de 2023) est jugé délirant. En cause, une production longue et fastidieuse qui n’a pas aidé à la vente surtout si l’on prend en compte le nombre d’exemplaires.
Enfin, on oublie les week-ends à la campagne, car l’ouverture de coffre est tout bonnement condamnée. Sauf que la Hyena va connaitre quelques modifications par rapport au bloc moteur 2.0l turbo 16v standard. La mécanique de 210ch passe à 250ch. Les performances en sortent grandies avec un 0 à 100km/h expédié en 5.4sec. La V/max atteint les 230 km/h. Tout en profitant d’un empattement rallongé à 2474 mm.
Il était toutefois possible d’opter pour une version 280ch selon les options proposées. Les couleurs restent au bon goût du client, mais le jaune et le rouge sont les couleurs les plus vendues. La voiture sort ainsi des chaînes de manière quasi artisanale très loin des standards de production de la grande série.
Le bilan financier devient catastrophique, au point au Zagato stoppe les véhicules de petite série et mise depuis comme consultant design voire, construit à la commande des voitures. Dernier exemple en date, l’Alfa Romeo Giulia SWB Zagato uniquement produit à l’unité. La catastrophe industrielle prend fin en 1993 avec le dernier exemplaire destiné à Paul Koot. La Lancia Hyena noire de Koot affiche le numéro 25, très loin des 500 initialement prévues et plus à côté de la plaque avec les 75 exemplaires définis.
L’Avis des Cylindres :
C’est un flop avec un F majuscule ! La Lancia Hyena, non désirée par la marque à la lance, n’a eu aucune chance. Malgré un lieu de naissance prestigieux avec Zagato. Le pauvre Paul Koot a tout fait pour relancer une tradition qui s’éteignit avec la Hyena. Ce petit bijou est une rareté absolue sur les routes. Au point que l’édition 2022 d’Epoqu’Auto n’avait même pas un exemplaire à présenter.
Sachez que du côté des enchères sa rareté fait son prix, il y a quelques années, l’exemplaire (le numéro 25) de Paul Koot c’est vendue pour la modique somme de 187 000€. Bien que sa cote explose littéralement, il reste qu’elle est encore boudée par les collectionneurs, car le même exemplaire plusieurs fois aux enchères, est resté invendu. Son estimation commence tout de même à frôler les 200 000€.
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Via Wikipédia, Zagato, Wheelsage