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Peugeot 206 RC : Orgueil et préjugés (2003-2006)

Peugeot 206 RC

La Peugeot 206 est à l’image de son aïeule : une star. La starlette a su séduire grâce à son design moderne, ses qualités dynamiques et sa faible consommation. C’est un succès qui n’a pris fin qu’en 2013 en Europe et qui continue sa carrière encore à ce jour. Après une 206 S16 qui n’a pas convaincu, la marque dégaine la Peugeot 206 RC qui veut faire le lien entre la 205 GTI et surfer sur le succès de la 206 WRC, tout en taillant des croupières à la turbulente rivale : la Renault Clio RS.

La Peugeot 206 RC doit rattraper son retard

Après le succès de la Peugeot 205 GTI, la marque au lion renouvelle son offre sportive avec la Peugeot 206 S16. Malheureusement, cette dernière n’est pas à la hauteur des attentes. Surtout, Renault commercialise depuis l’an 2000, une truculente Renault Clio RS qui met tout le monde d’accord. En 2002, Peugeot réagit et dévoile, durant le Salon de l’automobile de Paris, la Peugeot 206 RC. La voiture débarque en concession à partir du mois de mai 2003. Le problème de la sportive de Sochaux reste que la Clio RS a pris ses marques depuis sa présentation au Salon de Francfort 1999. La bombinette au losange a renvoyé dans les loges les S16 et Peugeot ne doit pas laisser passer !

Peugeot réagit avec une voiture qui met enfin tous les amateurs d’accords : elle a bouffé du lion la 206 ! Car la lionne a fort à faire : en face, la concurrence se dote d’un 4 cylindres 2.0l 16 soupapes de 172ch (pas mal pour un tranquille moteur de 140ch sous le capot de la Laguna). Le bloc F4R Renault est passé entre les mains expertes du département Renault Sport. Alors, commençons par ce qui se cache sous le capot de la Sochalienne…

Un esprit GT plutôt que GTi

La petite Française se dote de son atout majeur : son moteur. Sous le capot, la Sochalienne reprend le moteur EW10 J4S, un 4 cylindres de 2.0l 16 soupapes de 138ch que l’on retrouve sur la Peugeot 406 et… la 206 S16 (sans oublier la 206 CC) depuis 1999. Contrairement à Renault qui a confié la confection du moteur à Renault Sport, Peugeot fait appel à une société étrangère. Cette société n’est nulle autre que… Lotus Engineering ! Oui, c’est le département technique de la firme d’Hethel, spécialisé dans la préparation de moteurs de compétition, qui officie. Les Anglais s’occupent de revoir le bloc de 2.0l. Et Peugeot Sport ? Ils avaient apparemment aquaponey.

En réalité, cela permet à Peugeot de s’offrir une vitrine du savoir-faire anglais et de briller à l’échelle européenne, tandis que la Clio met en avant le savoir-faire des ingénieurs français. Du coup, si la Peugeot 206 RC passe presque inaperçue en France face à la première Clio RS, c’est la Fiesta en Angleterre ! Lors de son apparition au salon de Birmingham, la 206 RC devient la 206… GTI 180 ! En réalité, la lionne ne fait que 177ch (tout de même 5ch de plus que la Clio). Pour obtenir plus du bloc 2.0l de 138ch, les Anglais y apportent des modifications spécifiques. Le collecteur, l’admission (à calage variable – VVT), l’échappement et le déphaseur d’arbre à cames, combiné au pignon, sont modifiés pour plus de sonorité.

Voici les entrailles du monstre : le 2,0l de 177ch

Des efforts mécaniques

La culasse est aussi nouvelle avec une conception française via Mécachrome et l’arbre d’admission se voit doté d’un calage variable continu de type VVC, ce dernier permettant un meilleur régime du moteur. Le bloc délivre les 177ch dès 7 000 tr/min. Le couple atteint désormais 202 Nm dès 4 750 tr/min. Sportive, 80% du couple se voit disponible dès 2 000 tr/min. Pas mal ! Pour envoyer la puissance, la transmission passe par une boîte manuelle 5 rapports reprise de la S16. La puissance est transmise aux roues avant. Enfin, le poids de la bête reste relativement faible avec 1 100 kilos sur la balance, permettant un rapport poids/puissance de 6,2 kg. La Peugeot 206 RC se paye même le luxe d’être à sa sortie la citadine sportive la plus puissante de sa catégorie, jusqu’en 2004 lorsque la Clio RS passe à 182ch.

MAJ : Eric Barthelat, de l’Aventure Peugeot confie à l’Argus (2020) que la proposition de Lotus n’est pas retenue. C’est donc bien Peugeot Sport qui s’occuper du bloc moteur. Merci à Noé pour l’info.

Esprit 205 GTI es-tu là ?

Pour pouvoir recourir au titre de la descendante de la Peugeot 205 GTI, notre Peugeot 206 RC annonce un 0 à 100km/h en 7,5 secondes (soit 0,7s de mieux que la S16), soit aussi bien que la 205 GTI en version 1,9l. La Peugeot 206 RC se permet même de faire une seconde de mieux que son ainée avec le départ arrêté sur 1 000m abattus en 28 secondes. La presse regrette cependant la paresse de la boîte. Heureusement, la lionne se rattrape avec une vitesse de pointe à 220 km/h. Pour conclure, la conso s’annonce aux alentours de 8,2l/100 km, même si en réalité on est plus proche des 12l/100.
Comme toujours, la presse salue le châssis Peugeot qui se montre aiguisé et agile dès les premières épingles, faisant le rapprochement avec la Peugeot 205 GTI.

Rappelons que le début des années 2000 est rythmé par les réformes de la sécurité routière engagées sous le second mandat de Jacques Chirac. Les dirigeants de Peugeot jouent les timides avec une voiture timorée sur le plan du style et sur son appellation. Exit, les trois mythiques lettres et place à « RC » en référence à la Peugeot 206 WRC, disparue l’année… précédente.

Outre-manche, le hayon affiche fièrement le logo « GTI » et ce modèle de pré-série conserve les feux de la phase I.

La Peugeot 206 RC, une sage comme une image

L’attente a été longue pour les amateurs et les fans de la marque au lion. Initialement présentée lors du Salon de l’automobile de Paris en septembre 2002, la lionne débarque en concession au mois de mai 2003, soit huit mois après. La petite sportive profite au passage du restylage de la 206. Elle gagne une calandre agrandie, les feux avant transparents, la peinture intégrale sur les baguettes, boucliers et poignées de porte, de la baguette de coffre, de nouveaux feux arrière et un logo apposé sur le hayon quittant son carré noir. Pas de changement esthétique par rapport au reste de la gamme, la RC reste politiquement correcte.

Parmi les originalités (ou plutôt les détails), la 206 RC se dote d’une double sortie d’échappements, laissant comprendre les aboutissants, ainsi que sur le choix des jantes de 17 pouces provenant de la 307 XSI et un petit becquet. Elle en impose grâce aux jantes sans que la robe ne diffère. Mais restons un moment sur le becquet : il permet à la 206 de bien prendre appui sur l’asphalte et de chercher la vitesse, pourtant ce dernier provient simplement… du catalogue accessoire de Peugeot.

C’est donc sous une robe classique pour ne pas dire triste à mourir que la Peugeot 206 RC s’attaque la Renault Clio RS plus démonstrative. Les observateurs regrettons ce choix frileux de la part du constructeur, qui quelques années auparavant aura commercialisé la provocante et exubérante : Peugeot 206 GT. Timide dans sa présentation, la lionne culmine au haut du catalogue avec un premier prix à 21 500 € en 2003 (soit 28 499 € de 2023). En gros, le prix d’un très beau produit sportif.

À bord, c’est encore le catalogue des accessoires qui fait la loi

Comme pour l’extérieur, l’intérieur pioche inévitablement dans le catalogue des accessoires. Trop de stock à écouler ou Peugeot est-il pingre ? Probablement les deux. À bord, le conducteur découvre un pédalier de belle facture en aluminium (dispo au catalogue accessoire). L’accueil est assuré par un marche pied chromé (aussi du catalogue). Toutefois, on découvre (avec joie) une sellerie spécifique ! Les sièges baquets ne viennent pas du catalogue accessoire et s’habillent d’une sellerie mixte cuir/Alcantara et de surpiqures en tissu argentées. Un logo « RC » prend place au centre du dossier du siège. Au passage, la lionne remplace les ceintures par des harnais.

La banquette arrière n’offre que deux places, mais opte pour des sièges typés sport. Comble du chic, Peugeot revoit la présentation du combiné avec un insert chromé et habillé d’un cuir surpiqué. Malheureusement, les assemblages ne sont pas à la hauteur du pedigree. Pour conclure, le volant en cuir et le pommeau chromé proviennent de la S16, dans une mesure d’économie.

L’équipement de série n’a pas à rougir. Outre les équipements classiques, la Peugeot 206 RC ajoute le pare-brise athermique, les essuie-glaces avec capteur de pluie, l’ABS, l’ESP – avec fonction antipatinage et contrôle de voie (déconnectable), la climatisation automatique, l’autoradio CD, les feux de détresse automatique en cas de freinage intensif et les rétroviseurs rabattables électriquement. La 206 RC affiche ainsi plus un caractère de GT que de GTI à proprement parler et encore moins de GTI à l’ancienne comme la Clio RS Jean Ragnotti par exemple.

Pour reconnaître une 206 RC, il faut regarder les jantes et le becquet

Le savoir-faire Peugeot brille une fois de plus

La critique félicite encore une fois le savoir-faire Peugeot avec la tenue de route aiguisée et sa suspension qui ne fracassent pas le dos au moindre défaut de revêtement, grâce à des amortisseurs hydrauliques. Le châssis de la 206 RC aux petits oignons est un régale et possède une barre anti-dévers et le train arrière est aidé par plusieurs barres de torsion (équipant aussi le break SW).

Les critiques sont unanimes, elle tient la route, s’accroche au bitume pour le plus grand plaisir des amateurs. La lionne y va en étant grisante pour son conducteur avec un retour précis de la direction et un contrôle de la trajectoire à faire pâlir un amateur de parc d’attractions. La voiture propose son lot de reprise et son moteur se montre joueur et nerveux. La Peugeot 206 RC disparaît en 2006, avant l’arrivée de la 207, si elle n’a guère eu une carrière aussi florissante que son ainée la 205 GTI. Ne bénéficiant d’aucune évolution esthétique ou esthétique, elle tire sa révérence avec un moins de 13 000 exemplaires écoulés.

L’Avis des Cylindres :

Produite durant seulement trois années et faisant oublier instantanément la 206 S16, la 206 RC est une denrée rare. Actuellement sur Leboncoin, seuls 130 modèles sont disponibles. La lionne va demander de surveiller plusieurs points. Tout d’abord, la boite de vitesse ne doit pas accrocher, sinon butée d’embrayage fatiguée en plus d’être fragile, le silencieux et l’échappement qui rouille facilement. Étrangement, les sièges baquets connaissent des soucis avec leur réglage et le basculement (ça touche toutes les 203 3 portes). Peugeot ne les répare pas et recommande de changer toute l’armature du siège (environ 500 € ou moins directement à la casse). Attention, la phase 2 de la 206 étrenne le multiplexage pour l’électronique et donc des bugs de voyants. Enfin, attention à l’état des roulements de bras de suspension arrière qui fatigue comme vous dès le lundi matin.

Dans les petits désagréments, notons la fragilité du joint sur le support de filtre à huile provoquant une fuite d’huile. Le support moteur connait des soucis avec la rouille, tout comme la distribution sous dimensionné par rapport au poids de la voiture. Pour le reste, la voiture se montre fiable et robuste. Selon la conduite, les pneus avant s’usent, mais il faut prendre en compte les 17 pouces (outch). Enfin, le moteur aime l’huile et en consommera beaucoup si la mécanique est mal traitée. Le cycle des vidanges préconisées par Peugeot est de 20 000 km. Si un exemplaire vous charme attention à l’Alcantara qui s’effiloche avec le temps.

Côté tarif, la couleur fait le prix ! Sur les cinq coloris retenus, certains sont convoités. Les versions peintes en Gris aluminium et Bleu récif sont les plus communes, les grises sont même les moins chères avec un premier prix à 5 000 € avec 200 000 kilomètres et plus. Les noirs onyx et les bleus demandent environ 5 500 € avec 200 000 kilomètres. On arrive au top du top avec le rouge Aden, peu répandu et qui demande 1 000 € de plus à kilométrage équivalent.

Enfin, le Graal absolu reste le Blanc banquise, rarissime et qui demande une rallonge de 2 000 € minimum à version équivalente. La fourchette selon les versions et le kilométrage se situe entre 7 000 et 10 000 € pour un exemplaire sain et un faible kilométrage. Selon l’équipement (GPS et audio JBL) et les millésimes, la cote s’envole puisque l’on trouve des exemplaires entre 13 000 et 20 000 € (outch X2).

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Via Génération 206

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