La Peugeot RCZ est certainement le coupé le plus désirable de la production française. Avec la Renault Laguna Coupé, les Français prouvent encore une fois qu’ils savent faire des voitures désirables et attachantes. Paradoxalement, le coupé se passe de l’habituelle numérotation avec un zéro. La Peugeot est à considérer comme un « hors série » au sein même de la gamme. La lionne est par ailleurs le dernier coupé de la marque, il est à (re)considérer à plus d’un titre.
Du concept à la série
Initialement conçu comme un concept-car, la Peugeot 308 RCZ annonce l’évolution timide de la 307 vers la 308. Apparue en 2007 lors du salon de Francfort, en Allemagne, le public tombe immédiatement sous le charme de la lionne. Le plébiscite est tel que la marque décide de franchir le pas et de lui donner une suite en série. Il faut rappeler que Peugeot veut monter en gamme, la RCZ est un excellent rapport image/montée en gamme.
Plutôt rare dans l’histoire du constructeur, la RCZ est la première Peugeot « civile » à ne pas utiliser les chiffres. Habituellement, ce sont les utilitaires de la marque qui porte des patronymes : Expert, Boxer… Même bien avant, il y a eu le Partner pour les particuliers. Le coupé se passe du patronyme 308 et, pourtant, elle en dérive. Boris Reinmöller signe le dessin du concept et la version de série reste très fidèle pour ne pas en dénaturer la ligne ni l’esprit. L’ami Boris n’est pas un inconnu chez le lion, il a déjà signé différents concept-cars pour la marque : les RC, la 908 RC Concept (pour l’avant) et la RC Hybrid 4 (pour l’arrière).
Le concept 308 RCZ annonce certes la 308 mais n’en reprend que la face avant et accessoirement la planche de bord. Car pour le reste, le concept tire ses influences des autres concepts cités plus haut. Petit clin d’œil à Zagato, le pavillon adopte un double bossage. Les arches de toit en aluminium sont d’une seule pièce. Au passage, la lionne gagne le titre de « La Plus Belle Voiture de l’Année 2009 » lors du Festival Automobile International. Autre récompense, elle obtient à cinq reprises le prix de la « Meilleure Voiture de Sport » par le Diesel Car Magazine, « Coupé de l’année 2010 » par Top Gear, ainsi que plusieurs « Red Dot Awards » pour son design.
Peugeot RCZ : la ligne hors série
Sous sa plastique ultra moderne, la Peugeot RCZ n’est en réalité que le châssis PF2 qui a été inauguré en 2001 avec la berline 307. Pour la production, Peugeot se tourne vers un sous-traitant très bien connu, l’Autrichien Magna-Steyr. Lorsque la Peugeot RCZ se dévoile de manière définitive en 2009, au Salon de Francfort, elle est fidèle à 99,99 % au concept. L’Audi TT trouve enfin à qui parler, mis à part au niveau des moteurs, mais nous y reviendrons. Le carnet de commandes s’ouvre le 16 novembre 2009 et les premiers exemplaires prennent la route le 22 avril 2010.
La Peugeot RCZ mesure 4,29 m en longueur, 1,85 m de large et « seulement » 1,32 m de hauteur. Des lignes trapues et galbées signent les traits du coupé français. La marque évoque même un véhicule exclusif, voire, « hors série » selon les mots du constructeur. Ceci dit, les premières critiques évoquent la planche de bord de la RCZ, jugée trop proche de la compacte. Heureusement, quelques options permettent de la rendre plus luxueux. Elle peut se garnir de cuir comme les panneaux de portes, un pack cuir facturé 3 700 €.
L’équipement, de son côté, est plus tôt riche. De série, la sochalienne offre le Bluetooth, l’aileron arrière rétractable, la climatisation bi-zone ou encore des jantes de 19 pouces pour la version 200ch. Face à l’Audi TT, la lionne est compétitive, sans oublier le côté « pratique » avec un coffre de 384 L qui peut aller jusqu’à 760 L banquette rabattue. À l’arrière, les passagers devront se passer de tête et de leurs jambes, le coupé se résume à un 2+2. L’espace est compté voire simplement inutilisable pour deux adultes (cf. Vilebrequin).
Plus GT que sportive
Fin 2009, une série spéciale « Limited Edition » accompagne le lancement du coupé. Limitées à 200 exemplaires, elles sont toutes vendues en une journée sur un site internet dédié. En France, cette version s’est écoulée à 38 exemplaires.
La gamme débute par le 1,6l THP de 156ch à 30 300 € (35 834 € de 2023), suivi du même moteur décliné en 200ch à 32 900 € (38 909 € de 2023). Du côté HDi, la gamme ne propose que le 2,0l de 163ch à 32 900 € (38 909 € de 2023). Ce dernier va pourtant réaliser la majorité des ventes, face aux différents déboires du moteur THP. En 2013, Peugeot Sport se penche sur le coupé avec l’arrivée de la bestiale RCZ R équipée du 1.6l THP de 270ch, vendue 43 150 € (soit 48 351 € en 2023). Les puissances peuvent paraître faibles, mais la lionne est légère avec un poids de 1200 kg en moyenne, selon les versions. Pas réellement sportive, la voiture se propose plutôt comme une agréable GT.
Une voiture aux petits oignons
Tradition Peugeot oblige, la RCZ récupère les soubassements de sa cousine 308 en les améliorant avec des voies élargies, un centre de gravité plus bas et une barre antiroulis à l’avant pour la version 200ch. Étrangement, la Peugeot fait l’impasse sur le différentiel à glissement limité. Le châssis se rigidifie avec sa suspension McPherson triangulé à l’avant et son essieu arrière déformable. Du côté de la tenue de route, c’est une Peugeot et c’est très efficace. La voiture rencontre immédiatement son public et les chiffres de vente s’envolent.
La RCZ R
Fin 2012, la lionne se refait le make up. L’avant se démarque davantage de la compacte dont elle dérive. L’intérieur n’évolue pas vraiment, etintègre un nouvel écran avec nouveau système multimédia. Sous le capot, le 156ch peut s’associer à une boîte automatique 6 rapports. En face du modèle restylé, Peugeot dévoile durant le Salon de Paris 2012 le concept RCZ R. Sous le capot, Peugeot Sport se lâche, le moteur 1.6l passe à 260ch. Les pistons forgés sont refroidis par gicleur et s’accompagne de bielles spécifiques Mahle. Les bielles ont le droit à des coussinets en polymère, un turbo et un collecteur inédit.
Ce concept laisse tout le monde rêveur et le véhicule de série déboule durant le Festival de vitesse de Goodwood en 2013. La RCZ R annonce finalement 10ch de plus par rapport au concept avec 270ch, un différentiel à glissement limité Torsen, des suspensions raffermies, des étriers à 4 pistons se loge à l’avant… La V/max atteint les 250km/h et le 0 à 100km/h est expédié en 5,9 sec. Elle devient durant quelques années la Peugeot la plus rapide de l’histoire, avant d’être détrôné par la 508 PSE (5,2 sec). Les premiers exemplaires sont livrés début 2014. Le RCZ R se démarque de la version classique, avec des arches noir mat, un aileron fixe, des badges R ou encore des étriers de freins rouges.
Le prix va cependant refroidir les ardeurs des acheteurs avec un prix de base fixé à 43 150 €, un prix qui pique face à la concurrence plus polyvalente. Peugeot annonce que la version R va être limitée à 1 000 exemplaires : au total, ce sont 3 054 exemplaires qui sortent des chaînes. L’Audi TTS trouve enfin un coupé à qui parler, tout en étant moins cher.
La disparition du RCZ
Lors du Salon de Shanghaï 2015, Maxime Picat, directeur de la marque Peugeot, annonce la fin de la carrière du coupé dès la fin de l’année 2015. Les modèles THP et HDi disparaissent dès le mois de mai 2015. Les THP 200 et la version R cessent en décembre 2015. La RCZ reste un joli succès : en 2013, le 50 000ème exemplaire tombe des chaînes.
J’adore le RCZ, mais il faut que nous nous concentrions à tirer le meilleur de nos modèles de base, depuis la Peugeot 108 jusqu’à plus haut dans la gamme, et les exploiter au meilleur de nos capacités.
Maxime Picat
L’Avis des Cylindres :
La Peugeot RCZ reste, près de 10 ans après sa disparition, un coupé toujours aussi désirable. Bon nombre d’exemplaires sur la route tournent au diesel. Cependant, il ne sera pas non plus difficile de trouver un exemplaire en essence. Les versions collectors sont les Limited Edition et surtout la RCZ R. Si une autre version vous fait de l’œil, il faut ne pas hésiter à aller vers la polyvalente version 200ch.
Bien que les débuts du THP aient été difficiles, il reste un moteur solide malgré un goût prononcé pour l’huile, une chaîne de distribution qui fait le coupé-décalé, un souci de déphaseurs d’arbres à cames, une pompe haute pression pas fiable, ou encore les capteurs qui pètent les plombs. Ces péripéties du THP sont désormais terminées. L’électronique peut encore faire des siennes avec le Boitier de Servitude Intelligent (BSI) qui gère… le multiplexage, même si le souci est désormais du passé. La RCZ se révèle fiable.
Côté tarif, un exemplaire de 170 000 ou 200 000 kilomètres démarre à 9 500 €. Les exemplaires à 150 000 kilomètres demandent 10 900 €, tandis que sous les 100 000 kilomètres, il faudra débourser 15 000 € minimum. La phase 2 réclame 2 à 3 000 € de plus. La RCZ R demande au minimum 25 000 € et les moins kilométrés tutoient les 30 000 €. La cote de la RCZ reste haute, mais l’offre ne manque pas surtout avec plus de 68 000 exemplaires vendus.
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