Lorsque la Lancia Beta est apparue, tous les amateurs ont encore fait la gueule. Alors lorsque apparait la Lancia Beta HPE, c’est un soulagement. Depuis tant d’années, Lancia réussi à rater ses berlines tandis que les dérivés sont de vraies pépites. A l’image de ce break dit « de chasse » ou encore plus réussi le coupé Fulvia.
Une berline conçue en deux ans
Quittons l’an 2023 pour revenir quelques décennies en arrière. En 1969, Lancia sauvé in extremis de la faillite par l’ami de toujours, FIAT. Les berlines Lancia ont toujours été innovante techniquement mais esthétiquement plus proche des boites à chaussures. La marque à la lance en profite pour offrir des coupés au dessin fin et élégant.
En 1972, lors de sa présentation au salon de Turin, c’est l’accident industriel avec la sortie de la Beta. La ligne est proche de la Rover SD1 ou justement de la Citroën CX, avec sa forme bicorps. Elle choque les puristes de la marque avec ses lignes futuristes. Devant marquer les esprits par une ligne empreint de modernité et devant ouvrir un nouveau chapitre dans l’histoire de la marque. La nouvelle berline Lancia reprend le nom de son illustre prédécesseur apparu en 1909. La marque doit frapper les esprits et pour cela il faut une carrosserie originale qui frappe les esprits, la Lancia Beta sera conçu en seulement deux ans.
Un break de chasse à l’italienne
La marque dévoile au fil des mois différentes déclinaisons du modèle : berline, coupé, spider et le break de chasse. C’est au salon de Genève 1975, que la dernière variante de la gamme Beta est présentée. C’est Ugo Gobatto, président de Lancia, qui propose cette carrosserie pour répondre aux besoins des nouveaux clients. Place à la nouvelle Beta HPE (pour High Performance Estate).
La Lancia Beta HPE est un pari osé. L’un des points forts de la voiture est sa ligne due à Castagnero, sa ligne mêle l’aspect pratique du break, l’esthétique d’un coupé et la ligne d’une berline. La Beta HPE est audacieuse, tout l’avant est intégralement repris de la Beta, tandis que l’arrière est spécifique à la HPE.
La première série est reconnaissable à sa calandre avec 5 baguettes horizontales pour la HPE 2000 ainsi que les double phares séparés (sauf sur la HPE 2000). L’équipement était déjà complet et plutôt moderne avec la climatisation, la direction assistée ou encore le toit ouvrant. En 1978, apparait la série 3 avec une nouvelle face avant et un nouveau tableau de bord. En 1982, la série 4 s’inspire de la récente Lancia Delta avec un parechoc enveloppant et la disparition de certains chromes (poignées de porte et cadres de vitres). Ainsi qu’un changement de nom, la Lancia Beta HPE devient H.P.Executive.
Un intérieur 4 étoiles
Si le mobilier est repris de la Beta coupé (Lancia Beta MonteCarlo), tout comme les sièges, c’est la banquette arrière qui fait la différence. Cette dernière est rabattable afin de libérer le maximum d’espace pour agrandir le volume de chargement avec un hayon finement dessiné. Tapissé de velours coloré, et de formes singulières des années 1970. En 1978, lors du premier facelift, chez Lancia on se dit qu’un nouveau tableau de bord était une bonne idée. On confie sans trop savoir pourquoi à Mario Bellini le développement du nouveau tableau de bord qui déboutera plus d’un client grâce à sa complexité déconcertante.
La Lancia Beta HPE, est sans réelle concurrence sur le marché des breaks de chasse. Apparu en 1971 à 1973 en petite série, la Volvo P1800 ES, n’allait pas inquiéter notre italienne produite de manière artisanale. Le plan de la marque italienne est de produite en grande échelle le nouveau break. Dans la foulée du lancement en octobre 1975, la Beta HPE reçoit le 2.0 L (dite 2000ie) coupé à un carburateur Solex ou Weber double corps inversé à la puissance de 115 ch.
Une Lancia avec un cœur de Fiat124
Non content d’avoir bâclé les premières séries avec des aciers de mauvaises qualités. La finition est sous le feu des critiques. La Beta HPE et ses sœurs sont améliorées dès 1979. N’étant pas à un scandale auprès des aficionados de la marque à la lance, les têtes pensantes de la marque, supprime petit à petit l’orignal moteur Lampredi de la gamme Beta.
Malgré tout, Aurelio Lampredi reprend du service et développe de nouveaux moteurs pour la Beta HPE à partir des mécaniques de la Fiat 124 Sport. Pour autant, c’est le drame ; les puristes crient au scandale. Loin de bouder les performances de la Beta, les nouveaux moteurs à double arbre sont finalement plaisant.
La Lancia Beta HPE pour l’oncle Sam
En 1976, la Lancia Beta HPE débarque aux Etats-Unis avec un moteur 1.8 l qui ne développe plus que 86 ch. Cette grosse perte de vitesse est dû aux normes anti-pollution américaines plus sévère. De plus, en traversant l’océan la Beta HPE prend 115 kilos sur la balance. Pour des normes de sécurité US, autant dire que le moteur va souffrir. En 1978, le break gagne une boite automatique et surtout bénéficie d’une cousine ibère : la Lancia-Seat Beta HPE. La Seat est assemblée en Espagne grâce à des kits et dotées d’un 2.0 L 115 ch.
Sous le capot, la Lancia Beta HPE va surtout s’offrir une version qui va marquer commercialement le modèle : la Volumex. Griser par le succès de la victoire au rallye de Monte Carlo dans le groupe N. Preuve de son homogénéité et d’une tenue de route efficace, en 1983, Lancia équipe la Beta d’un compresseur volumétrique dit Volumex et d’un carburateur.
On retrouve le Lampredi 2 litres injection qui développe désormais 135 ch et atteignant les 200 kilomètres/heures. L’équipement est complet avec les vitres électriques, la direction assistée et d’autres équipements de confort. Tout comme la Trevi, la HPE rencontre des problèmes avec un compresseur fragile. Autre frein de la version Volumex : sa grande consommation. Avec de tel défaut, la Beta HPE disparait en 1984. En même temps que la gamme Trevi et la marque écoule la même année les derniers exemplaires.
L’Avis des Cylindres :
La Lancia Beta berline et surtout en version Trevi ont été des flops, si les versions berlines sont un style insipide chez Lancia, les versions dérivés ont toujours rencontrés le succès. En témoignes le joli succès d’estime de la Lancia Beta HPE produite à 71 258 exemplaires. Un score honorable au vu du concept dont l’Avantime doit envier ce succès. Revenons à la HPE.
Trouver un exemplaires en bonne état revient à trouver le graal, tant la rouille et le temps a fait son effet sur le break coupé, la première série bénéficiant d’un acier fragile. La gamme Beta traîne aussi une image de Fiat maquillées par les plus intégristes, dont les modèles ont sombré depuis bien longtemps dans l’anonymat. Un bel exemplaire d’une Beta HPE avec moins de 90 000 kilomètres s’échange contre 8 000€.
Pour une Lancia Beta HPE Volumex les prix frôlent les 15 000 voire 20 000€. C’est le moment d’investir, il y a 10 ans, je me rappelle qu’une Volumex en bonne état s’affichait à 5000€. Mise à part la rouille, il faut prendre en compte l’état des divers équipements intérieurs ainsi que des problèmes électriques. Les Beta sont exigeantes dans l’entretien et réclame une vidange tous les 5000 kilomètres. Attention aux versions Volumex, produites à seulement 2 369 exemplaires et leur fragilité. Si vous vous relancer dans le projet d’une restauration complète : les pièces de carrosseries sont rares voire introuvable.
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Photos : Marc Vorgers pour Classicargarage.
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