Le Simca-Matra Rancho est présenté au salon de Genève 1977. Sa commercialisation se fera dans la foulée et celui qui ne fut qu’un essai est aujourd’hui, malgré lui, considéré comme un précurseur d’un genre nouveau : le SUV.
Le Simca-Matra Rancho, un puzzle
Véritable hybride de l’automobile, cette voiture a été développée par la société Matra en partenariat avec Simca. Pour parler de cette pâtisserie de l’automobile, nous devons citer l’instigateur du projet, Philippe Guédon, ancien ingénieur automobile et dirigeant de Matra Automobile : « C’est la recette du pain perdu appliquée à l’automobile« . Les bases sont posées et surtout l’association de Matra et de Simca aborde les bases d’un futur segment tendances des années 2000 : les SUV.
Dans les années 1970, la tendance est aux voitures populaires et à tous les styles. De nombreuses marques ou des carrossiers n’hésitent pas à bousculer les codes établis pour surprendre avec une vision différente. C’est à cette période que les marques Jeep ou encore Rover, avec le Land Rover, connaissent un succès inattendu avec un type de carrosserie : les 4×4.
Matra veut sa part du gâteau et s’intéresse à ce segment naissant. La marque planche durant la décennie sur un véhicule capable de mélanger l’aspect d’un véhicule de loisirs et l’espace d’une voiture familiale. Ce nouveau projet va prendre le nom de code P12. En 1976, le projet est révélé au public et sa présentation se fait lors du salon de Genève et surprise, c’est avec Simca que le modèle est développé.
Une voiture à l’économie
Pour des choix d’économies évidentes et non pas par pur radinerie, le châssis permet l’adoption d’une transmission 4×4. Finalement, Simca et Matra n’utiliseront pas la transmission intégrale, et il s’agira d’une simple deux roues motrices. Matra réfléchira bien à une version AWD mais celle-ci ne connaîtra pas la production. Les liquidités n’étant pas au beau fixe, Matra et Simca conçoivent la voiture avec un budget de « seulement » dix millions de francs.
Matra développe la voiture, et Simca fournit les éléments. Pour ces derniers, il n’y a pas besoin d’aller loin. Le tout sera un savant mélange de la production de Simca. Le châssis provient de la Simca 1100 VF2 – une version fourgon – mais aussi la direction, les freins, la suspension ainsi que le mobilier intérieur de la berline 1100.
Les feux sont repris de la berline 1100 et enfin, les motorisations, l’embrayage et la boîte proviennent de la 1308 GT. La structure de la Rancho est renforcée face à la prise de poids de la bête. La garde au sol est également réajustée pour être plus haute. La carrosserie est en résine polyester et en fibre de verre, l’une des spécialités de Matra.
Un démarrage en fanfare
À son lancement, l’ovni français reçoit un bel accueil auprès du public. C’est même le succès : une liste d’attente est rapidement mise en place, sans oublier que la marque propose une (très) longue liste d’options pour équiper son Rancho. L’atout du succès du français est son prix. À sa sortie, le tarif de base était de 15 millions de francs hors options (soit l’équivalent de 9 116,97 € en 2022). Face à ce succès, Simca ajoute quelques années plus tard au catalogue la version Grand Raid, le plus baroudeur des Rancho.
Le Simca-Matra est devenu au fil des années le compagnon des plus baroudeurs pour découvrir les différents déserts et autres terrains abruptes du monde. Le plus inattendu pour les deux marques, ce ne sera pas ses capacités tout terrain mais les chiffres de vente.
Prévoyant 25 000 exemplaires initialement, le véhicule s’écoule sur toute sa carrière à 57 000 exemplaires. La voiture est produit et assemblée à Romorantin directement sur les chaînes de Matra, et l’usine produit en alternance 3 Rancho pour 2 coupé Murena par heure. Pour la vente et l’entretien, c’est Simca qui s’en occupe.
L’évolution du Rancho : de Simca à Talbot
À la fin des années 1970, le ludospace-SUV-utilitaire va connaitre un changement unique : il devient le Talbot-Matra Rancho. En 1979, le groupe Simca-Chrysler est racheté par le groupe PSA (Peugeot, Citroën), un rachat forcé par l’État français, ce qui ne va pas bouleverser le modèle et qui ne verra que l’apparition du nom Talbot-Matra sur son capot avant.
Après sept ans de carrière, l’utilitaire iconique prend sa retraite. Il quitte les chaînes de Matra en 1985. Son succès s’explique par son côté baroudeur, son excellente tenue de route et ses aspects pratique. Le Rancho est souvent comparé à un couteau suisse !
Si l’on cherche aujourd’hui son héritier, on regardera en direction des Renault Kangoo ou encore du duo Peugeot Partner et Citroën Berlingo, mais aussi vers le segment des SUV avec le Dacia Duster en tête qui applique pratiquement la même recette que feu le Simca-Matra Rancho, voire la forme du Peugeot 2008 mk1 avec son profil qui remonte à la manière du ludospace de Matra.
L’Avis des Cylindres :
Avec le Simca-Matra puis Talbot-Matra, c’est s’offrir d’une certaine manière un SUV d’avant-garde. Bien qu’à son époque on ne savait pas comment le classer, aujourd’hui ses contemporains s’intègrent à la catégorie à la mode : les Sport Utility Vehicule. On veillera à surveiller la rouille sur le châssis. La carrosserie en composite est résistante mais attention à l’état de cette dernière, tout comme le manque de pièce peut faire réfléchir avant son achat. Côté prix, on trouve des exemplaires avec plus de 150 000 kilomètres dès 5 000 € et les plus beaux exemplaires aux alentours de 10 000 € avec 100 000 kilomètres. Comptez 15 000 € pour les versions les plus rares et avec moins de 100 000 kilomètres.
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