La Peugeot 304 permet à Peugeot de diversifier son offre. C’est même avec elle que la gamme se diversifie en sortant de la traditionnelle offre entrée de gamme/haut de gamme. Ce milieu de gamme, vous l’aurez compris, a rempli un trou entre la bourgeoise 204 et la luxueuse 404.
La Peugeot 304 comble un trou
La marque sochalienne va s’inspirer à la fois de Renault et de Citroën (plus ou moins). En effet, après le lancement de la Peugeot 204 en 1965. La marque doit attirer une nouvelle clientèle éprise d’espace et qui ne peut s’offrir une 404 puis la 504. Chez Renault la solution a été trouvée : la R8 devient la R10 en étant plus cossue avec un allongement de la face avant et arrière. Chez Citroën, après avoir longuement hésité, la Citroën GS vient combler le trou entre la 2CV et la DS.
Mais le premier à dégainer, c’est Renault qui prouve qu’on peut proposer une voiture différente dans sa gamme avec un coût de développement plus que réduit. Mais revenons à notre lion, qui lance donc en 1965 sa compacte. La 204 est la première 6cv de la marque qui descend en gamme. En 1968, la marque dévoile la 504 qui prend la suite de la 404, mais aucun modèle ne se place entre les deux voitures. La marque va y remédier par l’arrivée en 1969 par une certaine Peugeot 304.
Le projet D18
Le projet D18 commence en 1967 au côté du projet de la 504 dont la commercialisation approche. La nouvelle venue doit être plus spacieuse que la 204 sans être trop proche niveau tarif avec la 504. Pour faire des économies, Peugeot va s’inspirer de Renault et reprend la base de la 204 et l’allonge. La berline sochalienne reprend l’architecture de sa petite sœur : la traction. Si la voiture est allongée, la motorisation reprend aussi celle de la 204. Le petit 4 cylindre 1,1l en ligne, se transforme en 1,3l de 65ch. Ce dernier peut atteindre la vitesse max de 150km/h.
La suspension avant de la voiture reprend ceux de la petite berline : des pseudos McPherson. À l’arrière, la suspension repose sur des triangles inférieurs fixés à même le berceau via des silentblocs. L’ensemble est relié à chaque roue avec un porte-fusée et l’ensemble ressort-amortisseur. En 1978, la 304 reçoit la suspension McPherson (la vraie) héritée de la 305. Le tout accompagné par une barre antiroulis et un bras qui forment ensemble le triangle inférieur qui repose sur le porte-fusée. L’arrière évoluera lui aussi au fil de la commercialisation pour une meilleure tenue de route et de confort. Le freinage de la voiture passe par une commande hydraulique. Le maître-cylindre utilise un système d’assistance par Mastervac. Ce dernier agit directement sur les roues via des conduites hydrauliques. La Peugeot propose des freins avant à disques et des tambours à l’arrière.
La caisse de la Peugeot 304 repose sur un modèle dit monocoque avec dix ouvrants. Tous démontables et fixé par des vis et des écrous (capot, ailes avant, portières, malle de coffre, ailes arrière). Des pare-chocs en inox massif, revêtus de bourrelet en caoutchouc, protègent la carrosserie.
La Peugeot 304 une grosse 204 ?
Pour le design, les concepteurs du projet D18 cherchent au maximum à différencier les deux berlines. L’objectif : que la nouvelle berline s’éloigne le plus possible de la petite sœur pour s’approcher de la future 504. La 304 s’allonge de deux centimètres à l’avant et gagne un regard trapézoïdal qui l’approche de sa grande sœur, la 504. La cellule centrale pour des raisons d’économies provient de la 204. Cependant, l’arrière s’allonge de 13cm par rapport à la berline d’entrée de gamme. L’allongement de la malle arrière va au bénéfice de l’espace de chargement. Le coffre annonce une respectable valeur de 326dm3.
Comme la 504, la 304 hérite du regard façon Sophia Loren, qui achève le style de la berline compacte. Les hommes du lion, pas débiles, ne reprennent pas l’intérieur de la 204. L’intérieur à le droit à un nouveau tableau de bord qui fait chic avec son insert en faux bois d’arbre. La sortie de la 304, arrive à point nommé : la France découvre la 4e semaine de congés, idéal pour des congés plus long.
1969 : l’année érotique de Sophia Lauren la 304
Pour découvrir la Peugeot 304 il faudra attendre le traditionnel Salon de Paris en 1969. La 304 comme son nom l’indique, se place au-dessus de la 204, mais aussi, car la nouvelle lionne fait partie des berlines 7cv. Les commandes démarrent sur les chapeaux de roues. L’année suivante, la gamme s’élargit avec l’arrivée de la carrosserie cabriolet et coupé. Pour supporter le coût exorbitant du développement de la famille 204. Peugeot ne s’embête pas : les deux nouvelles carrosseries ne sont que des 204 avec une face avant différente. En outre, les deux nouvelles bénéficient d’un levier de vitesse au plancher et non plus façon parapluie.
En 1971, durant le Salon de Paris, la 304 s’offre le break. La gamme est désormais complète et elle s’offre en parallèle l’allume-cigare pour plus de confort. La dynamo disparait au profit d’un alternateur sur toute la gamme. En mars 1972, la déclinaison S rejoint la gamme avec son 4 cylindres qui délivre 74,5ch avec une nouvelle culasse, un carburateur double-corps et un échappement doublé. Les versions S se reconnaissent à ses nouvelles jantes, une calandre noire, des appuis-têtes et un compte-tours spécifique. La V/max atteint ainsi 160km/h pour la Peugeot 304 S coupé. L’année suivante, la berline adopte aussi la finition S. À bord, la sellerie est en similicuir, les sièges reçoivent les appuis-têtes des autres versions S et un nouveau volant. Tandis que l’extérieur se dote des nouvelles jantes et d’une calandre noire.
La Peugeot 304 évolue en douceur
Pour l’année 1973, la 304 s’offre un lifting très léger. Le tableau de bord est inédit avec l’apparition de trois cadrans et l’ajout d’une horloge à la place du compte-tour. Les versions S conservent le compte-tour, mais ajoute une horloge déportée au centre de la planche de bord. En outre, l’extérieur se distingue de la 204, avec son nouveau toit plus haut et à la chute de pavillon plus carrée. Les portières arrière sont redessinées pour l’occasion. La série 2 est reconnaissable à ses grilles d’aérations sur le montant arrière, ainsi qu’à ses feux arrière désormais rectangulaires. Les pneus deviennent plus larges, passant de 145 à 155 et toujours en 14 pouces.
En juillet 1975, Peugeot fait le ménage dans la gamme, le cabriolet et coupé sont supprimés. Quelques mois plus tard, la 304 bénéficie d’un nouveau carburateur et surtout d’un nouveau moteur 1.3l (il propose toujours 65ch) avec une nouvelle culasse et un nouveau système de freinage. En 1977, pour pallier à la disparition de la 204, Peugeot ajoute en entrée de gamme le break 304 GL et son petit moteur 1.3l de 59ch ainsi qu’un moteur diesel 1.4l de 45ch. Une version fourgonnette est également proposée. L’offre diesel augmente avec l’arrivée des XL5 et XL5S fort de 65 et 74.5ch pour 1.3l de cylindrées. La boîte de vitesse est désormais au plancher pour toutes les versions.
La finition S devient SLS
Les versions S deviennent SLS et la finition GL et SL remplacent les Grand Luxe et Super Luxe. À partir de 1978, la Peugeot 304 va cohabiter avec la 305, sa remplaçante. Comme expliqué plus haut, la mécanique de la 305 est partagée avec la vieille 304. Les ceintures apparaissent à l’arrière et une nouvelle calandre est adoptée par la 304. En 1979, la berline disparait laissant la place à l’unique version break. Le break disparait à son tour en 1980. Au total, 1 178 425 exemplaires de la Peugeot 304 sont écoulés durant 11 ans.
En bref :
La Peugeot 304 connait une carrière discrète aux États-Unis où elle ne parviendra pas à s’imposer face à la cox. Nous y reviendrons dans un prochain article.
L’Avis des Cylindres :
Bon comme toujours la rouille a décimé les pauvres berlines. Alors si vous trouvez un exemplaire dans son jus, gare à la corrosion. Tous les éléments sont touchés : plancher, carrosserie, longeron, traverses, intérieurs d’aile, puits d’amortisseur, passages de roues, etc. L’humidité stagne partout dans la voiture et s’infiltre même sous les insonorisants. Ce qui accélère le processus de décomposition de la voiture… La Peugeot 204 déteste l’eau et l’humidité !
La Peugeot 304, se place malheureusement dans l’ombre de la 204, comme étant une simple évolution. Pourtant la lionne offre toutes les qualités de sa petite sœur avec un bel espace intérieur. Avec sa forme plutôt classique, la 304 a disparu avec les différentes primes à la casse et avec l’aide de la rouille. En occasion, on trouvera plus facilement un coupé ou un cabriolet, mieux conservés par les collectionneurs.
On passe à l’addition, un modèle (toutes carrosseries confondues) à rénover se trouve dès 5 000€. Une berline première série se trouve dès 9 000€. Pour une série 2, comptez 7 000€. De la même façon, pour un break d’ailleurs. La finition S et SLS demandent une rallonge de 2 500€. Enfin, les cabriolets et les coupés, plus nombreux, demandent un minimum de 14 000€.
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