Dans les années 80, le constructeur MG perd des clients. La situation est catastrophique, la marque ne propose plus que des Austin rebadgés sans saveur. La MG B dernière, représentante du plaisir chez l’Anglais, date de 1962. Pour résister aux normes antipollutions et sécurités, elle reçoit des pare-chocs dignes d’une candidate de télé-réalité. Le constructeur anglais va tout faire pour se sortir de cette situation et travaille sur le concept MG EX-E. Une voiture dérivée du rallye, qui voulait chercher Ferrari et rajeunir l’image de la marque.
La MG EX-E, laboratoire expérimental
Alors au plus mal le groupe British Leyland, propriétaire de MG, se rapproche de la faillite. La situation est désespérée pour la marque sportive, réduite à vendre des resucés d’Austin qui ne séduisent pas. Roy Axe, directeur du design de la marque, réfléchit à un moyen de surprendre son monde. L’objectif : l’automobile anglaise n’est pas morte (ou pas encore). Au Salon de Francfort 1985, la marque dévoile le concept-car MG EX-E qui prend la forme d’une supercar radical dérivé des modèles de rallyes. Enfin, dans la réalité, il s’agit d’un prototype non roulant, question d’économie.
Étrangement, la MG EX-E ressemble au concept HP-X,conçu par Pininfarina, pour le compte de Honda. La voiture conserve une partie basse carrossée et l’habitacle forme une bulle vitrée autour des occupants. Les lignes sont fluides, l’avant est bas et l’arrière tronqué du plus bel effet. À l’avant, les feux sont dits pop-up avec un ensemble bloc clignotant/feux de jour dans le pare-chocs. L’arrière se distingue par ses feux trapèzes avec trois entrées d’air pour le moteur et 4 sorties d’échappements chromées. L’Anglaise insuffle un nouveau style et une recherche dans le langage que veut exprimer la marque britannique au travers de son design.
La MG EXperimantal-E : bienvenue à bord
À bord, l’ambiance et les équipements se veulent futuristes. L’ouverture des portes se fait via une carte, qui remplace la traditionnelle clé. La voiture est équipée de deux cartes pour chaque porte avec mémorisation des réglages des sièges ainsi que la climatisation. Le rétroviseur intérieur profite d’un système nocturne contre l’éblouissement et les essuie-glaces automatique. De plus, la MG EX-E devance même la connectivité mobile avec l’intégration d’un téléphone mains libres avec des micros directement dans les appuie-têtes des sièges. Pour conclure, le concept MG embarque l’affichage tête haute et la navigation à bord. Une armada technologique qui de toute façon n’aurait pas été intégrée sur un véhicule de série. D’ailleurs le nom du concept désigne EX pour expérimental (pas pour votre ex qui vous a quitté) et E pour le segment.
Avec la MG EX-E, on prend facilement le melon
Le concept-car repose sur un châssis et une carrosserie ultralégers. Le constructeur utilise des panneaux polypropylène collés à un cadre (une structure tubulaire) en alliage d’aluminium. La carrosserie est teintée dans la masse, une véritable innovation à sa sortie. Le poids non communiqué est annoncé léger par la marque. En outre, la voiture se montre personnalisable avec l’ajustement de l’appui de traînée ou en virages. La voiture s’équipe de suspension à double triangle, un frein antiblocage (type ABS) et d’un amortissement actif. Le coefficient aérodynamique se montre travaillé puisqu’il annonce un faible Cx de 0.24. Plutôt pas mal.
Selon l’un des concepteurs de la supercar MG, l’EX-E se montre tellement radical pour la marque, qu’Honda s’en serait inspiré pour la conception de la Honda NSX. Bien que le développement de la NSX a vu le jour en janvier 1984. Alors dans ce cas-là, on peut dire que l’Anglaise se présente comme l’inspiratrice des Honda NSX, McLaren F1 et de quelques Ferrari. Je ne sais pas si notre homme put passer les portes après ça. Cependant, la mécanique se rapproche de la Jaguar XJ220.
« Vous devez admirer ce que [les Japonais] on fait. Prenez la Honda NSX par exemple. Cela est arrivé longtemps après notre conception MG EX-E et j’ai parlé à leurs gars qui étaient intrigués par la voiture – vous pouvez faire vos propres comparaisons à partir de cela »,
Gerry McGovern, désormais directeur de la création chez Jaguar-Land Rover, à MG Enthusiast Magazine.
MG met les petits plats dans les grands
L’inspiration de la MG EX-E vient directement de la firme de Maranello, avec la Ferrari 308. La ligne puisse sont inspiration de la Lotus Esprit. Sous sa séduisante carrosserie, l’Anglaise embarque le V6 3.0l de la version de rallye Groupe B de la (diabolique) MG Metro 6R4. Conçu en partenariat avec Cosworth, le V6 profite d’un refroidissement à air. La motorisation développe 250 ch selon MG Cars.
Pour la transmission, la MG ne sera pas futuriste : elle fait confiance à une bonne boite manuelle. Le tout assorti à une transmission intégrale. Lui permettant de réaliser un 0 à 60 miles en seulement 5 secondes. Sportive, mais pas trop, la MG EX-E revendique une vitesse de pointe à 275 km/h.
Lors du Salon de Francfort, un dirigeant d’Austin-Rover sous-entend que le concept-car pourrait connaître une suite. En effet, on annonce que la voiture passe par un banc d’essai comme pour les voitures de série. Plutôt qu’une version de série, MG sous-entend que la voiture pourrait bien fouler les pistes des circuits. Probablement pour succéder à la Métro 6R4 (groupe B) pour le nouveau Groupe S.
Un lancement compliqué
Le concept se dévoile dans le plus mauvais timing. En septembre 1985, le gouvernement Thatcher veut vendre les bijoux de famille de la British Leyland. Ford se porte acquéreur sur la partie automobile et General Motor veut s’offrir Land Rover, avant que tout le monde ne revienne sur sa décision face à la fronde. Du coup, BL devient Austin-Rover Group avec un nouveau directeur à sa tête : Graham Day, nommé par Margaret. C’est grâce à Graham que la décision de faire remonter Rover en gamme s’effectue.
Le groupe anglais se rapproche du japonais Honda et développe en commun la Rover 800, la première puis la seconde génération de Rover 200. Cette nouvelle gamme donne naissance à des voitures plus fiable et plus qualitative. La 800 puis la 200 enterrent au passage la marque Austin. MG va connaître une relance malheureusement la MG EX-E de connaîtra pas pas de suite. Enfin, presque. Le concept va connaître un inattendu come-back (comme disent les anglophones). L’arrière va inspirer une décennie plus tard un petit roadster : la MG F.
Finalement, le concept en tant que tel ne connaîtra pas de suite. Quelques années plus tard, Rover et MG feront à nouveau les mêmes erreurs… Finissant à l’agonie et par disparaitre. Désormais le concept peut s’admirer au British Motor Muséum de Gaydon.
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Via AROnline, Below The Radar et News d’Anciennes