On connaît tous la firme de Turin pour les bijoux automobiles qu’elle a signées depuis le milieu des années 1930, de Lancia à Ferrari en passant par Peugeot ou encore Volkswagen. Toutes les marques ont un jour eu un véhicule portant la griffe du célèbre studio. Pourtant il existe une période pas si lointaine où Pininfarina n’a pas du tout été inspiré, rétrospective du bal des monstres signés Pininfarina.
Pininfarina, une histoire de lignes et d’hommes
En 1930, Gian-Battista Pinin Farina co-fonde le bureau d’études Carrozeria Pinin Farina avec ses actionnaires et amis Gaspare Bona et le talentueux fondateur de la marque Lancia, Vincenzo Lancia. En 1961, la petite carrosserie du 107 Corso Trapani à Turin devient Pininfarina.
Gian Pinin farina profite pleinement des liens de son père, Joseph, qui travaille chez Fiat. Les Farina ont des liens étroits avec Fiat, notamment Joseph qui a pour ami d’enfance le fondateur de Fiat, Giovanni Agnelli et de Vincenzo Lancia.
Rapidement, la jeune société investit dans une soufflerie et travail sur une quarantaine de carrosserie avec ses 90 salariés. En 1936, sort le premier modèle signé Pinin Farina. Ce n’est pas Fiat qui aura l’honneur d’être le premier partenaire de la carrosserie, son premier client sera Lancia. L’Aprilia, sera le premier modèle de cette longue collaboration. Ce coupé dont les lignes sont travaillées est très aérodynamique et surtout en avance pour son époque. Le succès est immédiat, l’aventure décolle.
Pinin Farina collabore dès 1951 avec Peugeot, cette collaboration fructueuse donnera naissance à des modèles mythiques. Allant de la 403 en passant par la sublime 406 coupé et…la 1007. On gardera en tête les collaborations avec Ferrari qui se poursuivent jusqu’en 2018.
L’an 2000 : le bug de Pininfarina
Après le petit topo histoire, je me pose une question sur la période 1995-2005, était-il en panne d’inspiration ? Il faut dire que la fin des années 1990, la période n’a pas été des plus sereine pour les carrossiers et autre studio de design automobile. Les turbulences commencent avec la création des studios de design chez les constructeurs et les compétitions entre bureau de design disparaissent peu à peu, les constructeurs se concentrant plus sur leur propre studio.
Pininfarina tente tout de même de charmer les constructeurs avec des concepts comme la Fiat Wish, ou encore la Peugeot Sésame en 2002. Les constructeurs ne se bousculent plus au portillon, il faut se réinventer ou devenir une image d’Epinal. Nombreux seront les carrossiers à être dans le fossé à commencer Heuillez suivi de Bertone en 2015.
Le bal des monstres : Hyundai Matrix, Peugeot 1007 & Cie.
Dès 1998, on sent que Pininfarina n’a plus de motivation ou plus vraiment l’envie d’innover, premier massacre, le petit monospace du coréen Hyundai. Le constat est simple si les constructeurs européens se détournent des studios, il faut aller voir les asiatiques qui eux, veulent monter en puissance en Europe. Hyundai a dû penser que c’était une bonne idée de confier le projet du Matrix à l’italien. Ce dernier est présent sur le marché, le nom est connu et surtout le marché du monospace compact est européen. Je ne sais ce qui est le pire : la première version ou le facelift ?
En 2002, la Sésame fait sensation, l’idée : un monospace coupé avec deux portes coulissantes. Le concept intrigue le public, bingo ! Peugeot donne le feu vert et le concept Sésame va accoucher du flop que nous connaissons tous : la Peugeot 1007. Parfois il est mieux que les concepts restent des concepts…
Mais si vous trouvez déjà la 1007 totalement immonde au point de vous donner la nausée. Pininfarina réussi à faire pire : la BlueCar. Généralement entre le concept et le modèle de série 50 voire 60 % des particularités du concept passent à la trappe lors du passage à la production. La petite BlueCar c’est tout qui passe à la trappe. Reconnaissons tout de même que la faute ne vient pas de l’italien mais du français Bolloré. Mea Culpa ! Autre chapitre des horreurs de la marque, la Mitsubishi Colt Czc. Pas mauvaise mais dont le dessin avait déjà 7 ans et une configuration 2+2, peu convaincante. La firme turinoise signera la Ford Focus Cabriolet sur la base de la deuxième génération.
Un passage à vide ?
C’est en préparant l’article sur la petite Fiat Wish devenue Colt Czc, que j’ai fait un simple constat : les années 2000 ne sont pas une période prolifique pour ce grand nom de la carrosserie italienne. On peut même les jugés comme déroutante. Tout n’est pas perdu, la Nissan Cube est ainsi l’exemple parfait des recherches esthétique et pratique des studios de Turin. Cependant, ce passage à vide a été rude pour Pininfarina, tout comme pour Bertone. Il faut se réinventer : Bertone jette l’éponge et abandonne l’automobile tout en étant, en 2015, démantelé. La même année, Pininfarina est racheté à son tour par l’indien Mahindra&Mahindra avant de devenir sa propre marque en 2018.
Être carrossier en 2020 est un luxe que seul Touring Supperleggera détient (encore) le secret…