Lors du Salon de Genève 2014, la presse comme le public n’a d’œil que pour un concept : l’Infiniti Q50 Eau Rouge. Il faut dire que la sage berline premium de la marque japonaise, qui appartient au groupe Nissan, fait tout pour séduire le public. Sous son capot, l’un des meilleurs moteurs de la production des années 2000-2010 avec celui de sa cousine, la Nissan GT-R. Pour nous faire monter la chaleur, la Q50 emprunte son nom au mythique circuit de Spa Francorchamps et surtout de son terrible virage d’Eau Rouge. Une voiture qui nous a mis les paillettes dans les yeux avant que l’histoire ne finisse en eau de boudin ou comme votre amour d’été, hélas.
La GT-R des familles
Pour vous la faire courte, Infiniti est la division haut de gamme de la marque Nissan, conçu de toutes pièces en 1989 pour concurrencer Toyota et sa filiale Lexus. Le premier modèle est comme par hasard une limousine du nom de Q45 pour mieux répondre à la Lexus LS400. Bref, en 2008, Carlos Ghosn se dit, tient et si l’on proposait Infiniti en Europe ? Pas bête. Mais Carlos met un avertissement, l’Europe n’est pas la priorité pour le constructeur. Après avoir commercialisé la berline et le SUV d’entrée de gamme, Q30 et QX30 sur base de Mercedes Classe A et GLA, sur le segment star d’Europe. Infiniti se rend à l’évidence : la sauce ne prenant pas vraiment et la direction profitent du lancement de la berline Q50 en 2013, pour imaginer une routière bien vénère: l’Infiniti Q50 Eau Rouge et son V6 repris de la Nissan GT-R. En manque de visibilité sur le marché européen, Infiniti développe sa sportive en la nommant, sobrement Eau Rouge, du nom du terrible virage du circuit belge de Spa Francorchamps. Les Japonais ne sont pas là pour déconner.
La Nissan GT-R pour ceux qui l’ignorent offre des performances de premier plan avec son moteur V6 biturbo de 3,8l et 534ch. La sportive 2+2, est impressionnante avec son prix défiant la concurrence des sportives allemandes et italiennes, avec les mêmes prestations. Avoir 534ch c’est bien joli, mais quand on part en vacances la GT-R n’a pas vocation à se transformer en super familiale. Bingo ! Chez Infiniti on prend le moteur, un chausse-pied, un peu de peinture rouge et Bim ! Voici le concept Q50 Eau rouge. L’objectif est clair, la Japonaise veut montrer les canines en s’attaquant au trio allemand et à leurs berlines hautes performances. Il n’en faut pas plus pour qu’on rêve tous de la berline et qu’on envoie aux oubliettes les BMW M5, Audi RS6 et autre Mercedes Classe E AMG.
L’Infiniti Q50 Eau Rouge adopte un design acéré et vénère comme on aime. D’un côté, les bas de caisse adoptent des jupes et des diffuseurs en fibres de carbones. De l’autre, les jantes passent à 21 pouces et s’équipent de double sortie d’échappements pour mieux faire chanter le V6 de la GT-R. La Japonaise adopte tous les éléments de la sportive hautes performances. De plus, son rouge profond rend grâce à son design. Tous les ingrédients étaient là pour en faire un succès !
Sous le capot, des chiffres qui donnent le tournis
La routière japonaise est boostée aux hormones avec son V6 de 3,8l de cylindrée et ses 568ch. Non content de mettre le V6 biturbo de la GT-R, la puissance dépasse celle de la Nissan GT-R Nismo et ses 550ch. C’est beaucoup, non ? Pour que la berline Q50 puisse digérer une telle puissance, que ce soit en propulsion ou en traction, les ingénieurs y montent tout simplement une transmission quatre roues motrices. Ah oui pour votre info, elle poutre un Concorde avec 600Nm de couple (soit 28Nm de moins que la GT-R). Tout en poutrant à son tour les allemands puisqu’elle se place entre les Audi RS6 et la BMW M5 avec 560ch et sous la Mercedes E63 AMG S et ses 585ch.
Les ingénieurs d’Infiniti ont calé le newton mètre de la voiture à 600Nm maximum en raison… de la boite automatique à 7 rapports de la Q50 de série. En effet, les équipes craignent que le couple de BVA ne supporte pas la puissance du bolide rouge. La berline japonaise n’annonce pas son poids, surement proche des 2,0 tonnes. Les Allemandes de l’époque explosent les compteurs avec des V/max expédiés à la vitesse de la lumière. Ainsi l’Audi RS6 explose le 0 à 100km/h en seulement 3,9 secondes. L’Infiniti Q50 Eau Rouge, expédie elle aussi le 0 à 100km/h en moins de 4,0 secondes. N’atteignant pas les 3,6 secondes de la Mercedes E63. Par contre, la Japonaise laisse sur la bande d’arrêt d’urgence la M5 qui revendique 4,3 secondes. Il faut aussi dire que la munichoise fait encore confiance à la propulsion quand les deux autres sont passés à la transmission quatre roues motrices.
Vettel aux commandes volant
Pour les réglages du châssis, c’est le pilote de F1, Sébastian Vettel qui s’y colle. La voiture s’annonce pimentée et dès le Salon de Genève 2014, la direction indique que la voiture est en développement et qu’il est bien avancé pour répondre rapidement aux Allemands. Alors nous y voilà, on y croit l’Infiniti Q50 Eau Rouge va devenir une réalité et va répondre frontalement au BAM. La presse et le public pensent que le projet est plié et que la voiture va rapidement devenir une réalité en concession. Puis le temps devient long… Très long. En décembre 2014, Johan de Nysschen se confie à Jalopnik et annonce qu’Infiniti n’est plus très sûr de commercialiser la Q50 Eau Rouge. Finalement la douche froide arrive en septembre 2015, le dossier Eau Rouge est classé sans suite. La voiture ne viendra jamais et le constructeur plie bagage au début de l’année 2020 après avoir annoncer son intention de quitter l’Europe dès 2018 et confirmant son départ dès 2019 de manière officielle.
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Via Le Point, Infiniti, Turbo, Jalopnik