C’est fait. La sixième génération du Renault Espace a été présentée ce mardi 28 mars 2023. Avec lui c’est la fin de l’aventure dans le monospace. Ce dernier-né de l’association entre Matra et Renault a fait une véritable révolution à sa sortie — un segment que le constructeur a lui-même popularisé, voire créé. Alors, séduit ou pas séduit par cette nouvelle itération du porte-étendard de Renault ? Les amateurs du genre sont mi-figue, mi-raisin (sec).
C’est l’histoire d’un monospace, d’un crossover et d’un SUV
Ça part comme une blague, mais il s’agit en réalité de l’évolution du patronyme Espace qui depuis presque 40 ans est présent dans la gamme Renault. Indéboulonnable, le Renault Espace n’a jamais quitté le catalogue de la marque depuis sa présentation en 1984. Pendant 31 ans et quatre générations, la grosse Renault a été le porte-étendard d’une gamme qui a vu évoluer les besoins des consommateurs. L’Espace c’est comme le petit vieux du village : il a vu passer des générations de Renault. Certaines sont restées, comme la Clio ou la Megane, il en a vu d’autres s’installer dans le temps comme le Kangoo ou le Captur. Il en a même vu arriver et partir aussi vite qu’ils sont venus comme la Wind ou encore la Laguna. Le patriarche de la gamme a lui aussi évolué à chaque génération, selon les besoins de clients.
Comme l’église au milieu du village (c’est ma journée métaphore, OK ?), il a fait de ses atouts une force. Il a acquis une notoriété grâce à sa modularité, son espace à bord, ses versions, ses motorisations et son style. Qu’on soit catho, citadin, campagnard ou juste qu’on voulait une voiture à la fois spacieuse et puissance, on choisissait l’Espace. C’est simple, le TGV de la route était partout.
Ses larges surfaces vitrées ou encore son pare-brise en 3 parties ont apporté des arguments idéaux en ville. Que dire des rangées de sièges individuelles qui s’adaptent au besoin d’une famille ? Que dire son coffre sa soute, qui avale tous les bagages ? Des arguments solides qui l’ont installée durant plus de trente-cinq ans de carrière.
L’Espace V a bien failli être le dernier
Cependant, en 2015, le segment du monospace vacille. Il est loin le temps où ce type de véhicule connaissait le succès. Tandis que la plupart des concurrents s’éteignent, classé sans suite, le Renault Espace doit se métamorphoser. Il devient encore plus haut de gamme que le précédent et s’affiche désormais comme un crossover. Un mélange entre monospace, SUV et berline. De plus, il ne mise pas sur l’hybridation, fait une croix sur la modularité et les soucis de fiabilité à ses débuts ne permettent pas de le maintenir à flot. Hélas, la nouvelle formule ne prend pas : pire, on annonce que l’Espace V sera le dernier. Le navire-coule, clap de fin ?
Eh non, retournement de situation. Prévisible, Renault dévoile finalement une sixième génération d’Espace. Fini le monospace, fini le crossover, le véhicule se métamorphose encore, place au SUV 7 places. L’esprit de l’Espace doit rester et Renault l’a bien compris. L’espace à bord est préservé tout comme le sens de l’accueil avec 5 places et 2 supplémentaires dans le coffre.
Lucas De Meo croit dans le nom Espace
Depuis l’arrivée de Lucas De Meo, en 2020, le catalogue du constructeur a bien évolué. La Talisman et le Scenic ont disparu, le Koleos qui n’a pas convaincu, va connaître la même fin, tout comme la Twingo ou encore la Megane thermique. Pourtant, certains noms mythiques vont survivre à ce grand ménage. Le Scenic va faire son retour l’année prochaine et l’Espace se réinvente. Nous sommes loin de cette période des 1970/1980, lorsque Matra dévoile le prototype P23 à Bernard Hanon, le premier Espace est un OVNI, un nouvel objet de consommation. La sixième génération que l’on vient de découvrir n’est qu’un Austral avec une rallonge. Avec le nouvel Espace, Renault fait le ménage, adieu Espace V, adieu berline et surtout bon débarras le Koleos qui n’a pas eu les armes face au Peugeot 5008 ou encore le VW Tiguan All-space.
Il faut capitaliser sur le nom. Comment se vendrait la Golf, si demain le constructeur allemand la renommait ? On a vu le succès relatif de l’ID.3 qui ne convainc pas. Ou encore, l’on peut citer Toyota qui, après deux générations d’Auris, est revenue en 2019 avec la Corolla. Il y a des patronymes auxquels on s’attache et que l’on ne veut pas voir disparaitre, comme en 2006 lorsque Lancia ressuscite la Delta. Dans ce registre, nombreuses sont les marques qui tentent par tous les moyens de maintenir un nom. Par exemple, aux USA, la Charger, née coupé, est devenue une berline.
Et si le vrai luxe c’était l’Espace ?
Mine de rien, le nouvel Espace fait couler pas mal d’encre sur les réseaux sociaux. On peut y lire des commentaires négatifs du type « c’est un grand Austral », « un Austral à rallonge » ou encore « un Koleos avec 7 places ». C’est comme si le Renault Espace avait régressé en devenant une voiture lambda. C’est peut-être ça le souci, il rentre dans le rang sans rien apporter de plus par rapport à un Peugeot 5008.
D’autres sont positifs, l’Espace ne meurt pas, il s’adapte à sa clientèle et aux attentes de ses clients. Une manière de réinventer une voiture qui l’année prochaine passe le cap des 40 ans. Il profite d’une finition soignée, d’une sécurité active et passive accrue et de toujours plus de rangement pour la famille. Alors va-t-il inquiéter dès le mois de juin prochain le roi Peugeot 5008 ?
Alors Renault rate-t-il sa cible avec le nouvel Espace ? La réponse est à prendre au conditionnel. Ce n’est plus l’Espace que l’on a connu depuis 1984 jusqu’en 2015, mais bel et bien, un nouveau véhicule qui n’occupe plus le segment E mais redescend sur le segment sur le C/D. Ainsi va la vie et la voiture s’adapte à son temps….
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