La Citroën Xantia fête ses trente ans, oui, déjà ! La berline qu’on peut qualifier de bagnole de vieux, prend de l’âge et se bonifie. Dès le milieu des années 1980, la marque aux chevrons se pose la question du remplacement de la BX. Bertone, Citroën et Peugeot sont sur les rangs pour concevoir la remplaçante de la berline dessinée par Gandini. La vie de la Xantia va être rythmée de versions épicées et d’une carrière calme comme un sénateur. Tradition Citroën oblige.
Rupture ou continuité ?
Dès l’été 1985, Citroën réfléchit à l’héritière de la BX. Donato Coco, imagine de faire évoluer le design de la BX en douceur face à l’engouement qu’elle a suscité. Cependant, le projet n’aura pas directement de suite avec l’arrivée d’Art Blakeslee à la direction du style Citroën. Dès la décennie 80, les bureaux de design cherchent à rééquilibrer les masses et asseoir au mieux les véhicules sur la route. Les roues vont devenir un élément du design d’une voiture. Il faut cinq ans pour le développement complet de la voiture. La Citroën Xantia profite d’un CX de 0,30 (pas remarquable comparé à la XM). Qu’importe, la Xantia veut séduire les amateurs de berlines allemandes qui s’imposent sur le marché. Tout en séduisant le jeune cadre dynamique.
En 1987, avec le restylage de la BX, Citroën lance le projet du développement de la future Xantia. Le projet X, son petit nom, passe par tous les bureaux : d’abord via le dessinateur Jean Giret puis Bertone, Citroën et Peugeot. Chacun fait sa proposition et c’est le projet de Bertone qui remporte la mise. Le dessin de la nouvelle berline est confié à Daniel Abramson. L’avant est plongeant, les traits tendus, les surfaces lisses et épurées s’éloignent nettement de la vieillissante BX. La nouvelle berline adopte un style dit deux volumes et demi. La Xantia offre une configuration 5 portes avec hayon. Première bonne nouvelle, Bertone ne suit pas la tendance du bio-design. Enfin, la berline sort des chaines de l’usine de Renne-la-Janais.
La Citroën Xantia, voiture de l’année 1993
La Citroën Xantia débarque en décembre 1992, avec une première présentation au public au Salon de Genève 1993. La commercialisation se fait dans la foulée du salon helvétique. La presse et le public apprécient rapidement sa ligne sobre et classique. Sans oublier ses moteurs qui couvrent la plupart des besoins. La gamme débute avec un diesel 4 cylindres 71ch (XUD9) et culmine à 194ch avec le V6 3.0l (ES9), en version Activa. La gamme comporte au lancement trois versions : X, SX et VSX. La Activa n’arrivant au catalogue qu’en 1996.
Au lancement de la berline, priorité au direct aux blocs essence. La gamme s’articule autour des 4 cylindres 1.6i de 89ch, 1,8i de 103ch puis d’un 2,0i de 123ch et d’un 2,0 16V de 155, provenant de la ZX. Au début de l’été 1993, deux blocs diesel arrivent sur le marché : les 1,9l de 71ch (atmosphérique)et le 92ch turbo. Juillet 94, Citroën ajoute le 2.0 16V de 150ch essence. Tous les moteurs profitent d’une boite 5 manuelle et d’une transmission automatique à 4 rapports (sauf pour le 16V 150ch indisponible en BVA).
En décembre 1993, l’hydractive évolue avec un nouvel ensemble de pompe à 6 pistons. Le répartiteur de débit disparait au profit d’une pompe à deux sorties. Surtout, la Xantia inaugure le système SC-MAC (Système Citroën de Maintien d’Assiette Constante). Ce dernier permet de gérer la pression ou de couper la circulation du liquide hydraulique entre les vérins de suspension et le circuit de haute pression. Résultat,en cas d’arrêt prolongé, la voiture ou sa suspension ne s’affaisse pas.
La Xantia monte en gamme
Paradoxe Citroën, celui d’être à jamais dans l’ombre de Peugeot et de cesse se chercher (encore pire depuis l’arrivée de DS Automobiles. La Xantia affiche une montée en gamme à bord. La voiture profite d’une meilleure finition que sur la BX. L’ergonomie et les matériaux de bonne facture rassurent. Le légendaire confort Citroën se montre d’ailleurs au rendez-vous dès l’entrée de gamme. Le démarrage commercial va être compliqué, car l’équipement est un chiche à bord. Avant une amélioration dès le millésime 94.
La berline se veut moderne et innovante en inaugurant chez PSA des connecteurs électriques équipés d’un verrouillage pour éviter les faux contacts. La sécurité évolue également avec l’arrivée de barres de renforts en acier dans les portières, de poutres longitudinales à l’avant, pour mieux supporter le moteur ou encore de montants latéraux renforcés. La carrosserie de la Xantia est étudiée pour mieux canaliser les chocs dès le prédécoupages des tôles. Les ingénieurs étudient également la réaction des prétensionneurs de ceinture. De ce fait, la Xantia moins haute, mais plus longue subit une hausse de poids conséquente par rapport à la BX. Affichant ainsi un poids en 1 176 et 1458kg selon les versions.
La tradition Citroën
Autre tradition Citroën très bien respectée : le confort. À l’image des grandes berlines Citroën, la Xantia VSX reçoit la fameuse suspension hydropneumatique (Hyadractive II). Pour des raisons d’économies, notre Xantia reprend l’essieu arrière autodirectionnel de la ZX. L’insonorisation est particulièrement travaillée par les équipes de la marque avec un silence remarquable par rapport à la BX. Dès l’été 1993 (millésime 94), les vitres avant électriques, la direction assistée sont de série avec le filtre d’habitacle si l’option climatisation est sélectionnée. Dans le même temps, la gamme s’élargit par le haut avec la nouvelle finition Exclusive.
La Française construit sa réputation sur ses qualités routières et son comportement serein. Ne craignant pas les chaussées déformées, le soleil, la pluie ou encore la neige. En novembre 1996, la marque frappe un coup avec l’arrivée de la Citroën Xantia Activa. Nous n’aborderons pas cette dernière, car elle a déjà eu un article juste ici.
L’origine du nom Xantia
Le nom semble emprunté au grec ancien, qui signifie jaune/jaunâtre ou blond. Le blond chez les Grecs étant signe de noblesse. Une explication proche du choc du nom mythologique de la Renault Clio. Originalement le nom Xantia s’écrit avec « Th ». Pour des raisons commerciales, Citroën supprime le h pour une meilleure lecture. Xantia correspond également à Athéna, déesse grecque des arts, des techniques, de la guerre et de la sagesse. Une autre légende raconte que le nom a été trouvé par ordinateur. Mais je préfère la première, car elle correspond mieux à la période.
Les évolutions de la Xantia
Dès la fin de l’année 94, les chevrons migrent du capot moteur à la calandre, quelques mois avant le restylage de la XM, qui subit le même changement. Le volant se modifie avec 4 branches et reçoit un airbag. Début 95, la Xantia 2.0 Turbo CT, la 2.1 TurboDiesel de 110ch et le V6 reçoivent un bouclier avant élargi. D’ailleurs le Turbodiesel et le V6, voit leur avant être lourdement modifié : le nouveau berceau moteur impose des voies élargies et des élargisses d’ailes. Un nouveau spoiler avant, avec de grosses entrées d’air et des antibrouillards spécifiques. Ce dernier sera adopté sur la phase 2 dès 1998 à toute la gamme. La Xantia revoit également sa gamme moteur avec l’arrivée, du 1.8 16V de 112ch, du 2.0l 16V de 135ch en remplacement du 150ch (le fameux 2.0 16v ACAV). En 1994 (millésime 95), la Xantia fait le break, construit par Heuliez.
En 1997, juste avant le restylage, les diesels sont catalysés. Un 3e feu-stop encadre le hayon sous la lunette arrière. La Xantia reçoit le V6 qui équipe l’Activa (BVM) et l’Exclusive (BVA d’origine ZF). Le break bénéficie également du V6 en Exclusive avec BVM ou BVA (une spleeper pratique). Pour le millésime 98 la Citroën Xantia profite d’un restylage. À l’extérieur, seuls les feux arrière changent avec l’arrivée d’une bande lumineuse rouge et blanc pour les clignotants. L’avant généralise en réalité les ailes « élargies » de la Turbo CT et V6. À bord, la barre de maintien disparait pour une boite à gants plus classique et intègre un airbag. Tandis, que les airbags frontaux et latéraux rejoignent l’équipement de série.
La Xantia phase 2
Sous le capot, la Citroën inaugure un nouveau bloc diesel 2.0l HDI de 110ch. C’est elle qui inaugure la technologie HDI chez PSA. Parallèlement le 2,1 TD vie encore quelque temps avant de disparaitre. Le 1,9 TD peut enfin avoir la BVA. En 2001, la Xantia approche doucement de la fin de carrière. La gamme se simplifie avec la seule finition Tendance est trois motorisations. La même année, la Citroën commence sa seconde vie en Iran, avec la marque Saipa.
Au mois d’octobre 2002, la Citroën Xantia disparait des concessions françaises. Une berline qui connut un immense succès avec 1528 800 exemplaires. Derrière son image de berline à papi se cache une berline sérieuse, robuste et fiable. 80 000 exemplaires de la version iranienne s’écoulent jusqu’en 2010 et elle connait une troisième vie en Chine sous le nom de C-Élysée. Au passage, depuis 1999, la Xantia Activa V6 détient le record de vitesse au test de l’élan avec une v/max à 85km/h.
L’Avis des Cylindres :
Derrière ses lignes classiques, Citroën signe l’une de ses meilleures berlines avec la DS ou encore la XM. On fera attention aux sièges qui souffrent après 200 000 kilomètres. Les sièges s’affaissent, car ils sont composés d’air. Les matériaux du tableau de bord vieillissant bien. Plutôt moderne, la Xantia compose avec de nombreux boutons, mais aussi avec des commandes au volant. De plus, l’équipement se montre hyper complet.
Côté fiabilité, pas de soucis, c’est costaud et fiable. Seules l’hydroactive et ses sphères poseront des soucis. Côté tarif, on trouve la Xantia à tous les tarifs. Les plus gros kilométrages 150-200 000 kilomètres on en trouve entre 500 et 1 000€. Sous les 100 000 kilomètres, comptez 2 500€. On en trouve même sous les 60 000 kilomètres pour 3 000€. Les V6 et Activa se négocient à plus de 5 000€. Les plus beaux exemplaires tournent et dépassent même les 10 000€.
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Via Citroën, Club Xantia Citroën, Car Design Archives