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Heuliez Talbot Wind : la voiture des surfeurs (1980)

Talbot Wind

Pendant le Salon de Paris 1980, le carrossier Heuilez présente le concept car Talbot Wind, un pick-up qui surfe (littéralement) sur la mode des véhicules de loisirs quelques années après la sortie de l’inimitable Simca-Talbot Rancho.

Un mélange des genres

Le concept de Talbot Wind est imaginé à partir de l’utilitaire Talbot VF2 (anciennement Simca 1100). Il s’adresse aux amateurs de loisirs extérieurs sur les plages de France, notamment grâce à ses supports de planche à voile. Il bénéficie également d’un plateau recouvert de matelas en tissu-éponge dans la benne. Sous le capot, c’est la motorisation de la version 1300 Ti, simple évolution du 1100 cm3 de 55 ch. Heuliez tente un véhicule habituellement acheté par les professionnels pour séduire les particuliers.

Quelle bouffée de fraîcheur pour une Simca 1100 pick-up faite pour satisfaire les innombrables amateurs de planche à voile. Après la Caravan Renault 5 sur une idée de Francis Dumoulin, voici la « Wind », aussi dessinée et réalisée par le Centre d’Etudes de Heuliez.

Michel Guégan, Auto Verte

Historiquement, Heuilez a toujours été un sous-traitant pour les constructeurs d’automobiles, d’autocars et de véhicules spécifiques. Par le concept Talbot Wind, Heuilez rappelle qu’il assemble le Simca Talbot 1100 utilitaire (qui sert de base au Talbot Matra Rancho). Ainsi, le carrossier de Mauléon montre que lui aussi sait faire des voitures de loisirs originales et économiques. De plus, le concept est un appel du pied auprès des constructeurs pour remplir les carnets de commandes et les chaînes du carrossier situé dans les Deux Sèvres.

La Wind souffle un air frais lors de sa présentation en octobre 1980.

Le savoir-faire français contre les Japonais qui gagnent du terrain

Pour les journalistes français, le Talbot Wind est une offensive à l’ogre japonais qui arrive sur le marché européen. Toyota, Honda ou encore Suzuki débarquent avec des véhicules aboutis et dédiés aux loisirs, tels que le Honda Civic Shuttle.

Heuliez soigne avec beaucoup d’attention son véhicule avec un minimum d’investissement. La presse souligne le côté frais, gai et adapté au marché grandissant du véhicule de loisirs. Le Talbot VF2 qui sert de base s’habille d’un très joli bleu clair et de blanc immaculé. La calandre est reprise du Rancho mais peinte en blanc, d’un arceau repliable avec un support pour planche et de roues peintes en blanches. Le Talbot Wind donne l’impression qu’un engin américain est venu se perdre dans l’immense salon français. À l’époque, Heuilez donne déjà une indication de son prix : 35 000 F (16 316 € actuels). Le carrossier imagine déjà que le groupe PSA va dire oui.

Le Heuliez Talbot Wind : un vent d’air frais

La structure de la voiture ne reçoit aucun changement par rapport à l’utilitaire de base : c’est un Talbot VF2 1100 pick-up. En outre, seuls les chromes sont retirés de la carrosserie tandis que la voiture est peinte en blanc, accompagnée d’un camaïeu de bleu. De plus, la voiture s’équipe d’un roll-bar, d’un matelas avec coussin habillé d’un tissu rappelant les couleurs de la carrosserie, de rehausses de ridelles en plastique, d’arceaux de sécurité et d’un embouti « Talbot » sur la porte de la benne. La voiture est vraiment proche d’une mise en production rapide. On retrouve certains éléments partagés avec le Talbot Matra comme la calandre, les grilles de phares ou l’entrée d’air du capot.

Le carrossier des Deux-Sèvres compte bien sortir sa voiture en kit. Dans un premier temps, les équipes imaginent la Wind comme un modèle de série au côté de la Rancho. La seconde idée est de transformer le prototype en un kit de pièces, laissant dans ce cas toute liberté à l’acquéreur de faire évoluer son pick-up selon ses envies et surtout ses moyens.

Au-delà de l’intérêt et du succès du prototype, la presse et le public saluent la proposition, avec des échos favorables durant le Salon de l’Automobile. La Talbot Wind est bien partie pour prendre la route, mais le nombre d’acheteurs ne suit pas. Faute de clients en nombre, la Wind restera un prototype à tout jamais.

Le retour du Talbot

En 2012, le carrossier de Mauléon fait faillite. La collection est vendue par Artcurial, on y redécouvre la Peugeot 405 Coupé mais aussi la Talbot. Plus surprenant, la planche de surf est toujours présente sur la voiture. Le véhicule est mis en vente le 7 juillet 2012 par la célèbre maison de vente avec seulement 1 063 kilomètres au compteur. Avec une fourchette d’estimation à 15 000 € et 25 000 €, la voiture se vend pour « seulement » 8 340 € avec les frais.

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