Chez le constructeur allemand, les coupés sport ont toujours fait partie de son histoire. Au fil des générations, BMW semble avoir conçu une recette qui allie, élégance, luxe et performance. En 1976, c’est l’apothéose avec l’apparition de la BMW Série 6 et son nez de requin, née du coup de crayon de Paul Bracq. Avec elle, le constructeur allemand passe un cap, il s’agit tout simplement de la première voiture à passer la barre des 250 km/h sans assistance électronique avec la M6.
Paul Bracq : le nouvel homme de la situation
Par un froid de décembre 1969, Paul Bracq rejoint BMW. Il a la priorité de concevoir la BMW 320/E21 qui prend la suite de la Série 2 (dont la mythique 2002). Son chantier suivant est de développer la première génération de la berline Série 5, la 520/E12. Bracq va très vite faire comprendre qu’il n’aime pas la série 2 dessinée par Michelotti. Le nez de requin ne lui convient pas, il surnomme cet élément de design « l’inclinaison négative ». Paul Bracq apprécie les BMW d’avant-guerre pour leur ligne plus douce et élégante.
À son arrivée, il adopte un nouveau langage fait de formes aérodynamiques et de formes douces. La direction et Wilhelm Hoffmeister en tête, refusent. La petite BMW Série 2 a permis de remettre BMW dans la course et le nez de requin est un élément distinctif de la marque. La direction ne veut pas perdre ce design qui fait le succès de la marque. Paul Bracq accepte la décision à l’exception de quelques concepts qui adoptent les éléments de langage voulu par Bracq comme les concepts Turbo ou ESV. Mine de rien, le fameux Shark Nose va être sublimé par le français. En devenant un élément clé du style de la marque durant près de 20 ans.
En 1972, les équipes de BMW commencent à travailler sur le projet d’une Série 5 E12 coupé. Pour son design on fait appel à Marcello Gandini, alors chez Bertone, pour imaginer les lignes du véhicule dans la mouvance du concept Garmisch. Manfred Rennen assiste Gandini dans le processus de création. Ensemble, ils imaginent une version fastback pour le marché américain. Malheureusement, on ignore le pourquoi du comment, mais le projet de coupé est annulé.
Montée en gamme
Si la direction de BMW annule le projet de Série 5 coupé. Paul Bracq et Manfred Rennen partent d’une feuille blanche avec la BMW Série 6. Le nouveau coupé se positionne sur le segment supérieur et s’inspire largement du coupé CS (E9) de 1965, qu’il va remplacer. BMW avait en tête de développer un modèle plus haut de gamme qui coiffe la Série 5. Par mesure d’économie, ce nouveau véhicule doit partager le maximum d’éléments avec la nouvelle berline.
Ainsi, la voiture est dévoilée en 1976. Pour sa fabrication, c’est le carrossier Karmann qui va s’en occuper. Mais patatras, en août 1977, BMW va reprendre la fabrication de la Série 6 E24 à l’usine de Dingolfing. Karmann ne va plus que produire la carrosserie brute du coupé. Le design du coupé BMW Série 6 bénéficie d’une ligne dynamique et élégante, grâce à des lignes simples et des formes réduites, tout en offrant une dynamique et un toucher de route unique. La BMW Série 6 se dote d’une ceinture de caisse basse et de larges surfaces vitrées. BMW définit encore, aujourd’hui, la voiture longue de 4.75m de long comme une œuvre d’art. Le profil de la voiture est statutaire avec ses grandes lignes qui parcourent toute la carrosserie. Sans oublier le célèbre pli Hofmeister pour le montant C.
Sous le capot (que) des 6 en ligne
À sa sortie, la BMW Série 6 est l’un des rares coupés à quatre places à offrir autant de sensations et de puissances. Sous le capot, l’Allemande est dotée ou plutôt chouchoutée avec uniquement des 6 cylindres en lignes (tradition BM’ oblige). La gamme s’articule avec les versions 628 CSi 2,8l de 184ch, en passant par la 630CS 3,0l à carburateur Solex de 185ch puis 635CSi qui elle, développe 218ch. Tandis que la marque reste en propulsion, savoir-faire oblige.
La voiture va par la suite suivre les progrès techniques de la marque. En recevant l’injection ou encore l’électronique, pour l’épuration des gaz d’échappement avec un catalyseur, et voir sa gamme de moteurs gagner en puissance. Si la voiture est moderne, il ne faut pas oublier que les BVM proposés sont des 4 rapports et les automatiques… à 3 rapports. Pour la technique, l’Allemande est dotée de quatre roues indépendantes partagées avec la série 5.
Un équipement pauvre, comme un régime sans sucre
Surement une bonne vieille tradition allemande, l’équipement de série n’est pas très complet. Comme toujours il faut piocher dans la longue liste d’options. Néanmoins, notre BM’ offre les vitres électriques et les jantes en alliage de série. Les clients répondent présents, malgré la crise économique, pas de 5 000 unités sont vendus la première année. Il faut dire qu’à partir de 129 744 fr (soit 90 724,18€ de 2023).
Motorsport se penche sur la BMW Série 6
En 1981, la 635CSi va jouer le rôle de la sportive de la gamme avec son 6 cylindres 3,0 puis de 3,5l de 218ch. Elle reçoit des barres antiroulis et des amortisseurs plus fermes. L’année suivante, la BMW Série 6 va recevoir son premier restylage, avec principalement une refonte des moteurs. En 1984, la BMW M635CSi débarque et avec elle, c’est l’ultime évolution de la BMW Série 6. L’allemand installe le moteur M88, qui équipe également la BMW M1. Au passage, la sportive reçoit une boîte de vitesses à 5 rapports renforcée, un châssis retravaillé et un système de freinage à la hauteur des sensations de conduite des modèles Motorsport.
La fin de carrière du requin de Munich
En 1987, le BMW Série 6 reçoit un deuxième restylage, les phares et les moteurs sont remis à jour. En 1989, le grand coupé allemand quitte la scène après 86 216 exemplaires produits. La Série 6 n’est pas remplacée directement. C’est la série 8 qui va venir prendre sa place mais c’est une autre histoire. Il faudra attendre 2004 et la période Chris Bangle pour voir revenir le coupé dans la gamme du constructeur allemand.
On n’a pas abordé le sujet, mais la BMW Série 6 s’est aussi illustrée dans la compétition. La 635C Si a remporté de nombreux titres comme le Championnat d’Europe des voitures de tourisme (FIA) conducteur entre 1981, 1983 et 1986. Ainsi que plusieurs titres allemands du championnat allemand et même au Japon (liste non exhaustive). Pour conclure, le coupé allemand a fait de l’endurance en remportant à plusieurs reprises le prix des 24 Heures de Spa en 1983 (doublé), 1985 et en triplé en 1986. Sans oublier les 24 Heures du Nürburgring en 194 et 1985.
L’Avis des Cylindres :
La BMW Série 6 est un véritable bijou automobile, elle incarne le design, le luxe et la sportivité. Outre ses lignes d’une finesse chirurgicale signée Paul Bracq et Manfred Rennen, la belle Allemande se déguste uniquement avec des moteurs 6 cylindres en ligne. Elle participe aussi à l’évolution de la marque vers une certaine montée en gamme.
Sur les forums de propriétaires, nombreux sont ceux qui apprécient la version 628 moins sophistiquée. Si votre budget vous le permet, tournez-vous vers une M635, version collector. Les retours sur les autres versions sont des boîtes mal étagées ou trop courtes. Pour le reste, les ailes sont victimes de la rouille comme le haut du coffre ou encore les bas de caisse. Nous avons une bonne et une mauvaise nouvelle : BMW dispose toujours des pièces, mais elles sont très chères. Attention à l’intérieur, les pièces ne sont plus fabriquées.
Vous aimez le piment ? Parce que ça va piquer ! Les tarifs pour une très belle Série 6 quel que soit le kilométrage débutent à plus de 35 000€. Un exemplaire demandant des soins réclame entre 15 et 20 000€. Les M635 demandent pour leur part plus de 45 000€. On veillera à un entretien dans les règles et un historique limpide. La mécanique étant fiable, nous n’avons pas de retour sur la consommation d’huile ou de casse prématuré sur cette auto qui vieillit très bien.