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Renault 6 : Discrète mais polyvalente (1968-1986)

Renault 6

Les années 1960 marquent une grande mutation pour l’automobile. Les clients veulent des voitures plus modernes, plus polyvalentes et moins bas de gamme. Après le succès des 2Ch et des Renault 4, Citroën dégaine la Dyane, plus cossu, Renault répond l’année suivante avec la Renault 6. Une voiture calée sur le design de la grande R16 avec la polyvalence de la petite 4. La R6 rencontre son public avant de sombrer dans l’oubli.

La Renault 6, un hybride entre R4 et R16

Le développement de la Renault 6 démarre en 1965, Renault sait qu’il va croiser sur sa route la Citroën Dyane. Le projet 118 va donc battre le fer non pas avec une Citroën, mais bien deux ! Elle trouve sur sa route la Dyane, mais aussi l’Ami 8. au sein de la gamme Renault, elle doit s’intercaler entre la R4 et la R16, en ne dépassant pas les 6cv fiscaux. Une sorte de R16 du peuple. La technique est proche de la R4 et le style se cale sur la grande Renault pour mieux séduire. Sous le capot, la R6 embarque le 845cm3 de 34ch de la Renault 4 et Dauphine.

La Renault 6 prend son premier bain de foule durant le Salon de l’automobile de Paris, en octobre 1968. Malheureusement, la voiture n’est pas une surprise puisque certaines photos ont été divulguées durant l’été. Seule grande nouveauté du stand de la marque, la R6 ne marque pas les esprits, loin de là. Pourtant le teinturier mise sur de nombreuses couleurs primaires et vives. Les critiques ne tardent pas avec son style très timoré. Très éloigné de l’excentrique Renault 5 qui sort quatre après. Cependant, la R6 est pétrie de qualité, grâce à sa polyvalence et ses tarifs canon.

À son lacement, la R6 ne propose qu’une seule finition et un seul moteur. Une offre restreinte qui lui permet tout de même de bien se vendre dès son lancement. La petite Renault n’a pas besoin de qualité, car ses arguments vont faire d’elle la star de la gamme avec son grand confort, son insonorisation soignée, sa faible conso, une direction précise et surtout l’argument de poids de la gamme Renault : le hayon. Ce dernier permet un chargement facilité et un grand accès au coffre.

Une voiture qui n’évolue… (presque) pas

La berline séduit aussi grâce à son équipement plutôt complet pour l’époque : aérateurs orientables, chauffage/dégivrage doté d’un ventilateur, plafonnier, boite, gants, lave-glace avec pompe à pied et sécurité enfant sur les portières arrière. La liste des options tient en deux lignes; les fauteuils avant séparés demandent 300Fr (à la place d’une banquette) et la ceinture de sécurité coûte 50Fr.

En 1969, la Renault 6 évolue timidement avec l’adoption d’un nouveau système de chauffage à deux vitesses. Les commandes des feux de stationnement et des essais-glaces changent de place. L’année suivante, le constructeur modifie le dispositif de verrouillage de la banquette arrière et pis c’est tout.

Le principal défaut de la Française est son freinage. Ce dernier se montre léger et la clientèle s’en plaint. Effectivement, Renault mise sur 4 tambours pour assurer l’arrêt du véhicule, mais aussi de la faible puissance du moteur. La Régie réagit dès 1971 avec la présentation d’une seconde finition : la Renault 6 TL. Elle se dote désormais de freins à disque à l’avant et reprend le moteur Cléon de 1.1l de 45ch. Cette dernière bénéficie de nouvelles jantes, d’une calandre plus grande, d’un nouveau volant, d’un habillage de tableau de bord façon aluminium brossé et de nouvelles sorties d’échappements. De plus, Renault retouche l’intérieur de la R6 avec un nouveau levier de frein à main et de vitesse. Tandis que les commandes de clignotants sont redessinées, le réservoir propose désormais 40l et une nouvelle option rejoint le catalogue : le toit ouvrant en toile. À l’extérieur, on signale de nouveaux rétroviseurs.

Coincée entre la R4 et la R5

En 1972, pour pouvoir survivre à la R4 et surtout à la nouvelle R5, Renault fait encore évoluer la R6. Les chromes disparaissent, les bas de caisse reçoivent des baguettes plus fines, un nouvel éclairage de plaque prend place, le feu de stationnement disparait et les phares avant deviennent intégralement blancs (dont les clignotants). En gros, la Renault 6 n’évolue que par petites touches et c’est tout. Pour développer la gamme, Sinpar dote la 6 de quatre roues motrices (nous y reviendrons).

L’année 1974 : un gros restylage pour la Renault 6

En 1973, encore du cosmétique avec l’arrivée du nouveau logo de la marque, la dépollution des moteurs et un nouveau plafonnier. En 1974, la Renault 6 bénéficie enfin d’un vrai restylage… Qui ne lui rend guère grâce. La face avant gagne une nouvelle calandre en plastique avec deux gros feux rectangulaires à la place des ronds. Les clignotants migrent dans les pare-chocs. Les pare-chocs sont aussi nouveaux tout comme les feux arrière. Les baguettes latérales sont désormais en plastique noir. Les logos sont également inédits. Dommage, car la R6 perd en charme et devient quelconque.

À l’intérieur, un nouveau plafonnier à bascule prend place, la moquette de la plage arrière est modifiée, la banquette avant disparait place à deux sièges individuels enfin, les portières arrière intègrent des cendriers. En 1976, la R6 de base devient la R6 L et la TL ne bouge pas, si ce n’est qu’elle reçoit en option des ceintures à enrouleur. La lunette chauffante est désormais de série sur toute la gamme.

Une fin de carrière en toute discrétion

La Renault 6 va ensuite évoluer à nouveau en douceur avec l’ajout et la disparition d’équipements. En 1977, la R6 L disparait et est simplement remplacé par un nom de base : R6. Deux ans plus tard, les phares avant deviennent bicolores et les ceintures sont de série à l’arrière. À la fin de l’année 1979, la R6 de base disparait, la gamme se simplifie, c’est la fin. En 1980, la Renault 6 prend sa retraite avec une nouvelle jauge d’huile. Cependant, en Espagne et en Amérique du Sud, la R6 continue sa carrière jusqu’en 1986 avec une seule finition inconnue en France : la GTL. Après 13 ans de carrière, la Renault 6 disparait dans l’indifférence générale après 1 743 314 exemplaires, dont 327 802 unités rien que pour l’Espagne ! Un joli score mine de rien avec peu d’évolution, une gamme réduite et un look fade.

L’Avis des Cylindres :

Joli succès pour la Renault 6 qui malgré son design très discret a séduit de nombreux conducteurs qui ne voulaient pas de R4. On comprend mieux pourquoi la R6 n’a pas marqué son époque : coincée entre deux populaires. La ligne souffre aussi d’une relative discrétion, tout en étant particulièrement fade. Nombreux sont les exemplaires à avoir fini leur vie à la casse à cause des primes à la casse. Sans oublier que la Renault 6 sert de base à Teilhol pour la Rodéo, concurrente de la Citroën Méhari.

Si cela peut vous donner envie d’avoir une Renault 6, Louis De Funès en a eu deux. Du côté des pièces, on trouve en trouve encore, grâce à la synergie avec des pièces entre la 4 et la 5. Les pièces de carrosseries demanderont plus de difficultés, mais restent accessibles. L’occasion d’avoir une petite voiture de collection à moindres frais.

D’ailleurs question prix, la R6 ne coûte qu’un kopeck, la série 2 du fait de son style plus fade se négocie 1 000€ de moins que la série 1. On trouve ainsi des séries 1 (d’avant 1974) pour 4 000€ quand la série 2 demande 3 000€. Une voiture financièrement accessible comme une certaine Opel Ascona C.

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Via Data94, Autoencyclopedie

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