En voilà une voiture à déguster comme les lasagnes de la mama, avec un bon goût d’Italie dedans. La Maserati 3200 GT, se déguste avec un V8 maison. Première pierre de la relance de la maison italienne par Ferrari. La Gt italienne, est un savoureux mélange du savoir-faire de la marque : une Grand Tourisme à l’ancienne, un V8 biturbo maison et un zest du savoir-faire du constructeur de Maranello. Pour les puristes, elle est même considérée comme la dernière vraie Maserati.
Maserati 3200 GT : ce n’est pas une Ferrari aseptisée !
Bien que Ferrari a veillé à la conception du coupé, cette dernière a laissé Maserati faire sa popote. Concevant à sa guise une GT qui reprend la vielle recette des voitures plaisirs et exclusives. La conception de la 3200 GT remonte à bien plus loin que l’on pourrait le penser. En 1975, Citroën, propriétaire de Maserati, jette l’éponge après le premier choc pétrolier et le flop de la SM. Alejandro De Tomaso, mets la main pour une somme dérisoire sur le constructeur italien. Bien que souvent critiqué pour sa gestion des marques, on lui doit le sauvetage de la marque au trident. Dès 1979, il commercialise la berline Quattroporte puis la famille Biturbo en 1981.
Après être passé entre les mains de Chrysler en 1983, c’est Ferrari et surtout le puissant constructeur Fiat qui met la main, en 1987, sur le constructeur. Autrefois ennemi, Ferrari se coltine un nouvel associé plus proche du canard boiteux que de l’ennemi redoutable. Désormais sous la tutelle de Ferrari, la marque va connaitre (encore) une nouvelle renaissance avec la 3200 GT. Y voir une Ferrari aseptisée est une grosse erreur, c’est une pure Maserati.
Génétiquement, la 3200 GT réinterprète avec brio la Biturbo, première berline, coupé et cabriolet à avoir été produit en quasi grande série chez le constructeur italien. Visant la BMW Série 3, la famille Biturbo inaugure une autre première pour Maserati : la technologie double turbo, agrémentant un V6 à 3 soupapes par cylindres. Ce dernier a connu pas mal de soucis de fiabilité à ses débuts qui disparaitront par la suite.
Le renouveau de Maserati
En 1997, Fiat refile le bébé à Ferrari, pas loin de l’AVC, qui décide de relancer son ennemi et voisin. Le design va être confié à Giugiaro et aux équipes d’ItalDesign. Toute la ligne de la 3200 GT, est chic, sportive et somptueuse. Évoquant avec grâce l’Aston Martin DB7, signée Ian Callum, considérée comme l’une des plus belle GT des années 1990. Giugiaro a eu tort de ne pas s’en inspirer. Faite toute en douceur et en courbe, l’Italienne renoue avec la grande tradition des GT sauce bolognaise Maserati. Les coupés sportifs avaient disparu dans les années 80, faute de vente.
Les designers italiens subliment la base technique par des éléments devenus remarquables au fil des années. Outre le regard de l’Italienne, rond et à double étage, les feux arrière arborent une forme de boomerang. On apprécie les ouïes sur le capot qui cache la merveille. Le profil de la GT est équilibrée et fluide et l’arrière tronqué se termine sur quatre sorties d’échappement, prodigieux. L’italienne prend son premier bain de foule lors du Salon de Paris 1998 (Pour les moins de 20 ans c’était THE évènement auto, porte de Versailles).
Le nom de la GT rend hommage à un autre grand coupé de la marque : la 3500 GT. Première Maserati produite en grande série. Dans les années 1990, les GT de luxe ont de nouveau la côte et la marque va surfer dessus. La 3200 GT va connaitre une carrière courte, de seulement trois ans, les États-Unis n’homologuent pas les feux en boomerang à iodes, obligeant Maserati à la remplacer par le coupé GT, avec un arrière plus consensuel. En juin 1999, le coupé de Modène passe le millième exemplaire produit, la voiture est un véritable succès.
Un bijou dans un écrin : le V8 Biturbo
À deux doigts de l’orgasme, le plus beau arrive : le capot couvre un V8 3,2l biturbo, nommé Ottocilindri Quattrovalvole AM585, développant 370ch. Pour bien, aider la cavalerie, Maserati, fait confiance à une boîte manuelle Getrag à 6 rapports, dont un différentiel à glissement limité ZF intègre le tout. Tandis que l’injection provient de chez Magnetti-Marelli. Le 8 cylindres en V n’est pas d’origine Ferrari, mais bien frappé du trident. La Maserati Shamal inaugure ledit moteur en 1990. Maserati, va abandonner le moteur à son sort durant quelques années, avant que Ferrari lui donne une chance. D’origine, le V8 dérive du V6 2.0l 4AC qui développe à sa sortie 325ch. La Quattroporte IV l’avait déjà ramenée à la lumière, en version Evoluzione.
Un an après sa sortie, la 3200 GT bénéficie d’une boîte automatique en option à 19 000 F (4 150€ de 2023). Qui ne proviendra pas de chez Ferrari, mais de la société australienne, BTR. La boîte est classique avec un simple convertisseur, qui ne fait prendre que 25 kg à la GT. De plus, l’Italienne propose des amortisseurs pilotés Skyhook, autrement plus confortables à 13 900 F (3 030€ de 2023). Néanmoins, elle offre une facilité d’utilisation et de la douceur. Malheureusement, Maserati fait descendre le régime du moteur et les performances s’en ressentent avec un 0 à 100km/h, qui passe de 5,4 à 5,7 secondes.
La 3200 GT en chiffres
Avec la 3200 GT, Maserati renoue avec la tradition du V8. La cylindrée parait faible avec seulement 3,2l bien aidés par les deux turbos. Aucune perte de caractère bien au contraire, car avec 370ch, le V8 qui ne pèse que 221kg, offre un rapport poids/puissance de 4,3kg/ch. Le compteur indique 320km en V/max, mais elle s’arrête à 280km/h. Non supervisé par Ferrari, le constructeur donne son aval du moment qu’elle ne marche pas sur les plates-bandes du cheval cabré. La surprise de Modène vient de son couple gargantuesque de 491 Nm, en version manuelle. Les galbes du coupé permettent un coef remarquable de 0.34.
Un intérieur à l’image de l’extérieur
L’habitacle, quant à lui, offre le maximum de raffinement pour accueillir quatre personnes. C’est un écrin tapissé de cuir, dont la qualité de finition est à faire pâlir les précédentes productions de la marque. La Maserati 3200 GT fait une entrée remarquée dans le XXIe siècle, car outre sa finition, son équipement est complet : sièges électriques, horloge à pendules, accoudoirs avant ET arrière, hi-fi, cuir à profusion, clim, etc. La seule bizarrerie ou radinerie, aux choix, le rétroviseur électrochromatique reste en option. Plus longue que la berline Quattroporte IV, la 3200 GT accueille dans un grand confort quatre convives au détriment du coffre.
À son lancement, la 3200 GT demande 537 000 F (soit 117 259€ de 2023), ce qui la place d’office face à la Porsche 996 qui n’a « que » 300ch. Son succès est tel, que la production de Maserati triple. En dépit de son incroyable succès, la voiture disparait après seulement trois ans de carrière, en 2001. La faute à ses feux boomerang. Pour fêter son départ, la marque propose la série limitée Assetto Corsa limitée à 250 exemplaires. Facturée 580 000 F (121 970€ en 2023).
L’Assetto Corsa, bénéficie de série d’une suspension sport, de pneus spécifiques et d’une meilleure direction. À cause de ces maudits feux boomerang ou plutôt à cause des ricains (maudits américains !), la Maserati disparait en 2001 après seulement 3 ans de carrière et 4 795 exemplaires dont 2 106 boîtes auto et autant de manuelles. La bête conduite n’importe comment, lui a permis de faire la bise aux arbres et autres obstacles routiers, c’est-à-dire qu’elle se raréfie sur nos routes.
L’Avis des Cylindres :
Alors avez-vous succombé à son charme ? Les galbes et les prestations de la Maserati sont à la hauteur du plumage. Préférer une boîte manuelle qui exploite mieux le V8 de 370 bourrins, que la BVA trop pépère. Attention à la consommation, elle peut s’envoler rapidement et tutoyer les 25l/100. Du côté de la fiabilité, quelques soucis ont été remontés à sa sortie : principalement électroniques, depuis résolus via des rappels, tout comme la direction, les suspensions Skyhook, l’ABS et l’antipatinage, ou encore l’accélérateur électronique. En outre, on peut facilement citer le boîtier papillon (2000€ si changement chez Maserati) ou encore des morts subites de différents capteurs. À l’intérieur, une inspection de la clim est recommandée, les capteurs pouvant dysfonctionner. Comme toujours, un regard sur l’histoire de la bagnole est recommandé.
Que surveiller ? Préparer le carnet (de chèques)
Au titre des frais à prévoir, les bras et les suspensions sont à changer aux 100 000 kilomètres. De plus, trois clés accompagnaient la livraison de la voiture, dont une pour l’atelier Maserati. En cas de perte, le neiman et les barillets vous délestent de plusieurs milliers d’euros. Du côté de l’entretien, la courroie de distribution doit être remplacée tous les 50 000 kilomètres ou 3 ans. La distribution nécessite un remplacement tous les 4 ans pour les modèles d’avant 2000 et plus pour les modèles d’après. Les opérations qui peuvent vous coûter un bras, correspondent au remplacement des silencieux arrière et le remplacement des radiateurs.
À la même occasion, on règle le jeu des soupapes, du fait de l’âge et la conception canoniques du moteur. Cependant, il n’y a pas de calage pour les arbres à cames. Tandis qu’à 100 000 kilomètres, on vérifie, voire, on remplace la chaîne de synchronisation des arbres à cames. Tous les 1 000 kilomètres, on surveillera la consommation d’huile, classique, basique. L’embrayage tient facilement 100 000 kilomètres, à condition de ne pas patiner (gros fragile). Le vilebrequin peut prendre du jeu à cause d’une usure prématurée… D’une rondelle de butée.
Pour le reste, il faut aussi se tourner vers les forums et les connaisseurs avant l’achat. À ce sujet, on vous recommande le site Maseratitude. Pour le reste, la mécanique est solide et la finition ne bouge pas. Exceptionnelle à tout point de vue, l’Italienne est exigeante et superbe.
Passons à l’addition
Malgré son exclusivité, la 3200 GT reste relativement accessible, à 24 000€ on trouve des exemplaires sous les 100 000 kilomètres en BVM ou BVA, avec quelques travaux, dont la clim à faire changer. À 25-26 000€ on peut mettre la main sur un exemplaire propre avec plus de 150 000 kilomètres. Compter plutôt 30 000€ pour un exemplaire sous les 70 000 kilomètres avec un suivi béton et sans frais. On trouve des BVA sous les 30 000€ sans frais à prévoir. Sous les 50 000 kilomètres, le prix s’envole à 35 000€ et la rare Assetto Corsa tutoie les 50 000€ quel que soit le kilométrage. S’il y en a une en vente.