La Lancia Delta HF est la première compacte un brin sportive dotée de quatre roues motrices. L’italienne a mis en orbite la concurrence et modifié la vision des autos de sport. Lors de sa sortie et sans concurrence, elle a été la voiture la plus efficace de son temps. Elle est une remarquable voiture qui gagne en notoriété derrière les mythiques versions Intégrale HF.
Du rallye à la route de tous les jours
La Lancia Delta HF profite de la victoire de la marque en rallye pour s’offrir une déclinaison sportive et à la fois calquée sur la Delta de compétition avec sa technologie à quatre roues motrices. Lancia propose de série sur sa compacte l’idée d’Audi qui, deux ans plus tôt, avait lancé le système Quattro en rallye. Mine de rien, la Delta HF 4WD est plutôt rare sur le marché. La Lancia Delta dérive de la Fiat Ritmo et bénéficie de train roulant spécifique, sans oublier un essieu arrière travaillé avec des jambes de force, de bras de guidage et d’une barre antiroulis. Ce sont là des équipements partagés avec sa grande sœur la Gamma et avec un châssis aux petits oignons la Delta gagne en 1980 le titre de voiture de l’année.
Démarrant avec un moteur de 85 ch, la base mérite mieux. Dès 1982, l’italienne gagne une version GT avec 105 ch mais la marque italienne présente le concept Turbo 4×4. En 1983, la première à être dégainée est la Lancia Delta HF Turbo et ses 130 ch. La même année, la 037 remporte le championnat du monde de Rallye. Simple propulsion, la championne commence à ramer devant l’Audi Quattro et surtout face à Peugeot 205 Turbo 16, équipée de quatre roues motrices.
De la Lancia Delta S4 à la Delta HF
En 1984, la Peugeot 205 maltraite le Groupe B et Lancia. La marque finit de mettre au point la tonitruante Delta S4 avec sa transmission intégrale. Pour en faire la communication, la marque dévoile le concept Turbo 4×4 qui annonce enfin l’arrivée d’une version AWD dans la gamme. Le concept récupère le 2,0l injection électronique 165 ch provenant de la Thema Turbo ie. Pour la technique, le moteur est équipé d’un double arbre Lampredi doté de deux arbres d’équilibrage et d’une fonction Overboost permettant d’augmenter le couple de 255 à 284 Nm si besoin. En 1986, La Lancia Delta HF 4WD arrive sur le marché et elle devient simplement la compacte la plus puissante et la plus sophistiquée de son segment. Elle prend dix ans d’avance sur la concurrence et surtout sur les Allemands.
Le meilleur sinon rien
Pour la répartition du couple, la marque dote la compacte d’un Viscocoupleur central Fergusson. Par défaut, le couple est réparti à 56 % sur le train avant. Pour le train arrière, la Delta s’équipe d’un différentiel arrière Torsen. Le différentiel agit de manière progressive, à l’inverse des auto bloquants habituels. Résultat : c’est l’une des meilleurs transmission de son époque… rien que ça ! L’italienne est plus efficace et performante que jamais en se permettant d’être la première Lancia de série dotée de quatre roues motrices. Ce petit missile est capable d’atteindre 208 km/h en vitesse de pointe. D’ailleurs, la Lancia Delta HF se paye le luxe d’être seule sur son segment. En tarif, la Delta HF s’échange à son lancement contre 130 000 F (soit 37 365,02 € selon l’INSEE).
Un intérieur haut de gamme
Plutôt GT que réellement sportive, la Lancia Delta HF est en effet richement équipée. On retrouve les vitres teintées électriques, les jantes en alliage, la fermeture centralisée, les antibrouillards, une sellerie mixte tissu/alcantara… En option, l’italienne permet d’avoir les baquets Recaro ou le toit ouvrant. En 1986, la Lancia Delta HF 4WD séduit immédiatement. Malheureusement, le lancement va être entaché par la disparition au volant de la Delta S4 d’Henri Toivonen et son coéquipier Sergio Cresto durant le Tour de Corse. Suivi par d’autres crashs mortels durant la saison 1986 des rallyes du Groupe B, ce dernier est arrêté dès la fin de l’année.
Avec les nombreux morts dans le Groupe B, Lancia lance timidement sa compacte avec une première fournée de 2300 exemplaires, tous vendus en 1986 — insuffisant pour homologuer la Delta dans la catégorie A. En 1987, Lancia remet en route les 2 700 exemplaires manquants et ils s’arrachent. En effet, la nouvelle catégorie reine du rallye est le groupe A où Lancia engage une Delta HF 4WD. Elle sera l’arme absolue et remporte le championnat du monde tranquillement. La Delta HF disparaît fin 1987 et sera remplacée par la non moins mythique Lancia Delta Intégrale. Finalement, la Delta HF 4WD s’écoule à 5 298 exemplaires dont 860 modèles ont été vendus en France.
L’Avis des Cylindres :
La Lancia Delta HF 4WD n’offre qu’une seule version mais elle est diabolique. On regardera du côté des versions 100 % d’origine et on évite celle tomber dans les mains des Jacky Tuning qui demanderont une remise en état avec des pièces plutôt rares. On fera attention à la corrosion, à l’entretien minutieusement suivi et à l’historique limpide et complet.
Les versions les plus désirables possèdent les options comme le toit ouvrant ou les sièges Recaro. Peu produite, la Lancia Delta HF 4WD est rare sur le marché de la seconde main. Rester à l’ombre de sa petite sœur l’Intégrale, la HF 4WD gagne enfin en notoriété. Une Delta HF en bonne état avec un peu plus de 100 000 kilomètres demande minimum 20 000v€. Sous les 100 000 kilomètres et selon l’état, la Delta HF demande entre 25 000 et… 40 000 €.
Solide mais fragile aussi
Sous le capot de la Delta le 2,0l est solide mais il lui faut un entretien rigoureux. Sans souci sous le capot de la Thema Turbo, le moteur subit qu’elle faiblesse sous le côté des bielles de la compacte. La Thema est une traction, lors d’une forte accélération, les pneus se sacrifient. La Delta quant à elle est une quatre roues motrices, ce sont les bielles qui souffrent. D’où le besoin d’une huile de qualité, renouvelée tous les 5 000 kilomètres. Précieuse, la robuste boîte de vitesse doit être vidangée régulièrement car la Delta a besoin d’avoir un niveau d’huile sous surveillance pour préserver son turbo. Tandis que la courroie de distribution se change tous les 50 000 kilomètres, la corrosion s’attaque assez durement à l’italienne. On surveillera les longerons avant et les passages de roue arrière, le pavillon au-dessus du hayon et le bas des ouvrants.