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La solution de la voiture volante n’est pas nouvelle. Dès les années 20, les artistes et autres journalistes imaginent la voiture volante pour désengorger la ville. Bien avant Le Cinquième Élément de Luc Besson, un homme a imaginé et fait voler une voiture du genre, l’AVE Mizar, un drôle de projet de taxi volant. Avec comme fin, la mort de son concepteur à son volant et la fin de ce rêve un peu fou.

L’AVE Mizar, un Ford Pinto avec des ailes

Depuis des décennies, l’homme a toujours voulu voler. D’Icare à Henry François Reichelt, tous les essais ont toujours ratés et mené à la mort de leur inventeur. Dans les années 1970, Henry Smolinski, développe à son tour un prototype de voiture volante. Notre homme, diplômé du Northrop Institute of Technology, aux États-Unis, imagine un moyen de transport volant dont la finalité est de crée un réseau de taxi-volants entre les aéroports et les villes. Il s’associe à Harold Blake, lui aussi diplômé d’un titre d’ingénieurs en aéronautique.

Le projet démarre en 1971, avec la création par Henry et son ami Harold Blake de la société Advanced Vehicle Engineers (AVE), dont le siège se situe à Van Nuys, dans la région de Los Angeles aux États-Unis. Le véhicule va prendre le nom de Mizar en référence à une étoile faisant partie de la constellation de la Grande Ourse. Mizar signifiant ceinture en arabe. Outre le fait d’être l’une des premières voitures volantes, la Mizar est tristement célèbre pour avoir causé la mort de sa créateur. Mettant fin à l’aventure.

L’engin est un hybride entre une Ford Pinto classique et un Cessna Skymaster à moteur à hélice. L’arrière de l’avion se greffe directement à la voiture grâce à une configuration bipoutre. La configuration de l’avion se montre idéale pour l’installer sur la petite compacte de la marque à l’ovale. Malheureusement, peu d’informations ont filtré concernant le développement de la voiture et surtout si Ford a donné son accord à l’époque.

Ave Mizar

La Mizar aussi à l’aise sur route que sur les airs

La configuration du projet, un peu fou, consiste à assembler une automobile à un avion : le pod-and-twin-boom. Une sorte d’hybride, permettant de se passer de la cellule de l’avion. Il permet ainsi à la Ford Pinto de se déplacer sur la route et d’aider au décollage du véhicule en plus du réacteur. Sur la route l’AVE Mizar est propulsé par le petit quatre cylindres Kent de 54ch en plus du réacteur de 210ch. Ce qui permet de raccourcir considérablement le décollage.

Une fois dans les airs, le moteur de la Pinto se désactive et laisse seul le réacteur agir. Pour atterrir, la Mizar utilise les freins de la Pinto et demande une piste d’atterrissage d’au moins 160m pour aider les petits freins. Enfin les embarcadères, des supports pour les ailes télescopiques sont étendus et la cellule se détache permettant une autre base au choix. L’engin pouvait atteindre au maximum 12 000 pieds (soit 3 767,6m).

Ave Mizar

Un projet artisanal

Quoi de mieux qu’un projet sorti du fonds d’une grange ? Les deux hommes se tournent vers un agent Ford locale pour obtenir les Ford Pinto. Le partenaire de la société, la concession Van Nuys Ford, propriété de Bert Boeckmann, croit dans le projet. Même si le projet paraît totalement loufoque fournis six véhicules. Tous les prototypes reposent sur la même configuration. Un châssis bipoutre avec hélice, enchâsse la voiture grâce à plusieurs points de soudure. La cellule Cessna, est donc supprimée au profit de la petite Ford. AVE souhaitant éviter à tout prix de dépendre de Cessna quitte à utiliser une autre base, plus en adéquation avec le projet.

Dès le début de l’année 1973, deux prototypes sont construits tandis que trois autres sont en construction. Henry et Harlod présentent à la presse le prototype. À la fin du mois d’avril 1973, le magazine Hot Rod, a l’exclusivité du scoop. Les deux premiers prototypes passent sous l’objectif du photographe Mike Brenner. Le 8 mai 1973, nos deux Géo trouvetou dévoilent le premier AVE Mizar sur base de Pinto allié à un moteur Teledyne Continental Motors équipant les Cessna Skymaster. Le moteur d’avion envoie 210ch grâce à une hélice. Le second prototype, une coquille vide, trouve sa place en exposition dans la concession de Van Nuys, de Bert Boeckmann. Un second devait être envoyé à la concession de Galpin Ford, propriété de Bert. Imaginer sa fierté devant les clients !

Ave Mizar

Des tests sont réalisés en tant que taxi

Eh Taxi ! L’avion routier c’est le futur ! Ainsi la société AVE commence une série de tests de taxi entre la ville de Van Nuys et l’aéroport de la ville. La petite société aéronautique installe une base d’essai dans la Marina de Naval Air Station Point Mugu en Californie. Ce tour de force s’opère grâce à un accord avec la fédération Federal Aviation Administration grâce à des discussions débutées au cours de l’année 1973.

Face à ce joli succès, rien ne semble arrêter la petite société américaine. Henry Smolinsky annonce une production de la Mizar dès 1974. Malheureusement, lors d’un vol d’essai le 11 septembre 1973 (ça ne s’invente pas), l’un des montants d’ailes se détache de la Ford, entraînant le crash de l’AVE Mizar et la mort des deux fondateurs. Mettant ainsi fin au projet, seuls deux des six prototypes ont vu le jour. Les deux associés avaient même annoncé les tarifs : de 18 300 à 29 000$US.

L’un des premiers sketchs

La voiture avait un talon d’Achille

L’accident aurait-il pu être évité ? Possible. Dès le 26 août 1973, un pilote remarque durant un vol d’essai qu’un accessoire de montage se montre fragile. La jambe de force de l’aile droite tombe. Oui, la pièce se détache tranquillement pendant le décollage. Le pilote se rend compte que la pression de l’air sur l’aile en tournant, fait décrocher la voiture de la structure. L’essayeur parvient à poser l’avion dans un champ peu après le décollage et revient à l’aéroport par la route.

Malheureusement, le 11 septembre, nouveau vol d’essai depuis l’aéroport de Camarillo. À son bord, les deux concepteurs sans l’essayeur. Cette fois, l’entretoise de l’aile droite se détache à nouveau lors du décollage. Les témoins de l’accident racontent que la Ford Pinto se détache de la cellule et s’écrase au sol. Le contrôleur raconte quant à lui que l’avion a été désintégré en plein vol, après un premier virage à droite, laissant la voiture percuter le sol.

Pour conclure, les éléments de l’enquête pointent du doigt le surpoids de l’engin. Même si la Pinto reste une voiture légère, l’ajout des ailes et du réacteur dépasse les limites autorisées par le constructeur. Pour conclure, le National Transportation Safety Board avait signalé un souci de soudures sur la fixation de la jambe droite de l’aile et sur les panneaux de carrosserie de la Pinto. Le dernier prototype non finalisé se trouve aujourd’hui dans un musée de Californie.

GALERIE

VIDEO

Via Trash, Ford Performance, History

Guillaume Pina

Passionné par l'automobile depuis tout petit, j'adore l'automobile ancienne, mais aussi les plus récentes. Je m'intéresse tout particulièrement au design des voitures, les anecdotes autour de leur conception et encore plus quand elles ont fait un flop !

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