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Avec le SUV Saab 9-7X, General Motors prouve une nouvelle fois qu’il sait produire des merveilles et… des horreurs contre nature. La marque suédoise, reconnue pour son innovation, sa qualité et son sérieux, a parfois subit le (pire) du service marketing de GM. Il est ainsi possible de dégoter un SUV premium de 5 places et un V8 de 390ch avec griffon sur le capot. Voilà un joli SUV suédois qui parle (presque) Texan. Surtout, il s’agit du premier SUV de la marque.

Le Saab 9-7X pour conquérir l’Amérique

Au début des années 2000, GM veut élargir le plus rapidement possible la gamme de la marque de Trollhättan. Le service marketing américain compte sur l’image rigoureuse de Saab pour proposer un SUV premium avec les standards américains. C’est ainsi que le Chevrolet TrailBlazer va devenir le donneur d’organes idéal. La naissance du premier SUV Saab, ce fait dans une espèce de grand n’importe quoi dont seul GM a le secret. En réalité, le groupe américain cherche une solution pour combler le trou laissé par la disparition de la marque Oldsmobile. Ça tombe bien depuis 1999, GM détient Saab à 100%.

Devant l’urgence d’augmenter les ventes de la marque, le brainstroming n’a pas duré des heures au siège du groupe de Détroit. Les Américains choisissent un véhicule déjà en production avec la plateforme GMT 360, que l’on retrouve sur bon nombre de véhicules du groupe (GMC, Buick, Isuzu, Olsmobile et Chevrolet). Le Saab 9-7X devient ainsi le premier modèle de la marque suédoise à être construit sur le territoire nord-américain. Profitant de la synergie avec Chevrolet, le SUV sort des chaines de l’usine de Moraine dans l’Ohio. Un projet qui rappelle sans conteste les choix hasardeux de la Lotus Elan M100. La décision part sur du grand foutage de gueule en se disant que les clients ne verront pas la différence. On a en premier lieu le lancement de la petite Saab 9-2X, une Subaru Impreza maladroitement rebadgée, qui fut un flop.

Saab 9-7X : mélange Kanelbullar-Fried chicken (2005-2009)

Saab développe le 9-7X

Le projet est confié à Lars Falk en coopération avec Rohan Saparamdu, pour l’extérieur, et John E. Zelenak, pour l’intérieur. Les designers de Saab redessinent toute la face avant (comme le pare-chocs, les feux, la calandre, le capot et les ailes), mais aussi l’arrière et les barres de toit. Il y a du boulot, car le TrailBlazer comme le 9-7X reprennent la structure du vieux Oldsmobile Bravada. Quitte à faire dans l’économie d’échelle, le châssis découle logiquement du Bravada, en étant profondément corrigé et modernisé.

Du TrailBlazer au Trollblazer

À bord, c’est mi-Ikea mi-Coca-Cola avec une ambiance Saab dans laquelle on retrouve des éléments forts de la marque avec la clef de contact entre les deux sièges avant, des touches de bois, mais aussi une finition… américaine. Le Saab 9-7x fait l’impasse sur le night panel ou encore les appuis-têtes actifs SAHR.

À son arrivée en concession, les choses ne se passent pas comme prévu. Le SUV suédois hérite du surnom peu élégant de TrollBlazer avec son design trop proche du TrailBlazer. Le Saab (et le Chevrolet d’ailleurs) ne peut nier ses origines antiques (voire amérindienne) de 1991. Le châssis conserve sa structure en échelle avec essieu arrière rigide, mais abaissée de 25mm. Le Saab 9-7X correspond complètement aux attentes des Américains avec une longueur de 4.90m. L’empattement gigantesque mesure quant à lui 2.87m (soit 40cm de plus qu’une DS 9). La Saab 9-7X profite d’un privilège que lui seul aura le droit : la transmission intégrale. La suspension montée sur notre SUV est plus ferme et pneumatique sur le train arrière. La direction se montre plus précise et le freinage a d’office quatre gros disques ventilés. Des modifications très loin de l’image dynamique de la marque.

Saab 9-7X : mélange Kanelbullar-Fried chicken (2005-2009)

Un V8 de 390ch pour le Saab 9-7X

Sous le capot, le client a le choix entre deux blocs moteurs : un 6 cylindres 4.2l injection de 285ch et un V8 de 5.3l de 300ch. Pour sauver les meubles, GM rentre par tous les moyens le V8 Small-Block de 6.0l qui développe 390ch de la… Corvette. Les trois motorisations peuvent s’équiper d’un système de carburation au GPL. Chaque moteur à sa finition, Linear, Arc et Aero. Le V8 Small-Block et sa finition Aéro annoncent un 0 à 100km/h expédiés en 5.9 secondes. Des performances de haute volée pour un pachyderme qui oscillent entre 2 400 et 2 950 kilos. Tous les moteurs proposent une transmission automatique moderne à… 4 rapports (lol). La vitesse se voit autobridée à 190km/h.

Saab 9-7X : mélange Kanelbullar-Fried chicken (2005-2009)
A l’arrière, les designers ne se sont fatigués

En France via un importateur

Si le cœur vous en dit entre 2006 et 2009, un importateur basé aux États-Unis et dont une agence se trouve dans l’Ouest parisien en a importé. Certes au compte-gouttes, profitant du désintérêt de Saab France pour le SUV. Le Saab 9-7X venait de Californie et sans offre diesel, mais au GPL. A sa tête, Christian Joigny ex-Saab France, désormais à la tête de Saab Espace Défense Automobiles à Neuilly et Nanterre. Ayant eu l’exclusivité de distribution du pachyderme dans nos contrées. D’ailleurs, certaines concessions Saab passaient par lui pour obtenir pour les commandes du SUV. Une manière de rouler encore plus différent par rapport à la Saab 9-3 ou la dernière 9-5.

Le Troll fera… un flop

La première année de commercialisation en 2005, se passe comme un charme puisque le gros Saab 9-7X… Ne convaincs pas. Le mélange Kanelbullar-Fried Chicken ne prend pas et pire seuls 2 272 exemplaires s’écoulent. L’année 2006 sera bien meilleure avec 5 789 unités (sa meilleure année), pour tomber selon les millésimes à 5 257 dès l’année suivante. Pas de quoi casser trois pattes à un canard, le 9-7X disparait en 2009 après seulement 20 417 exemplaires. Dans le lot, il n’y a eu que 639 V8 Aero, à moteur Corvette. Payant les erreurs de GM qui en a fait un apatride pas tout à fait suédois ou américain.

L’Avis des Cylindres :

Vendu à l’unité par espace Défense Automobile, avec des prix entre 53 900 et 60 000€. Difficile de dire combien sont encore en circulation en France. Néanmoins si le charme des États-Unis allié au style suédois vous intéresse voici quelques points à vérifier si vous dégotez cette licorne.

La consommation, avec le prix qui enfle, l’américain consomme entre 13 et 16l de sans-plomb. Les étriers de freins ont tendance à se gripper. La barre stabilisatrice perd ses joints ou l’échappement peut connaitre des soucis. Attention au prix des pièces et une grosse intervention se fera chez un spécialiste … Chevrolet et autres américaines. Côté finance, le gros Saab vous demandera entre 9 000 et 12 000€ selon le kilométrage. Attention, à ce jour aucun exemplaire n’est en vente en France, il faut privilégier l’import.. D’Allemagne ou des Pays-Bas.

*Kanelbullar : pâtisserie d’origine suédoise avec de la cannelle – Fried Chicken : poulet frit

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Via Saab Blog

Guillaume Pina

Passionné par l'automobile depuis tout petit, j'adore l'automobile ancienne, mais aussi les plus récentes. Je m'intéresse tout particulièrement au design des voitures, les anecdotes autour de leur conception et encore plus quand elles ont fait un flop !