Voilà une marque qui nous manque : SAAB. Le constructeur suédois à su bâtir une réputation en béton grâce à son design, son inventivité et sa fiabilité. Dans une période de turbulence, la marque détenue par le puissant groupe General Motors mets au point son nouveau vaisseau amiral. La berline va être enterré en même temps qu’elle : la SAAB 9-5, une berline pleine de promesse.
Une crise et des idées
En 2008, SAAB est en perte de vitesse et ses ventes s’en ressentent. La maison mère américaine vacille avec la crise économique des sub-primes. Il faut alors se presser et c’est dans ce contexte que la marque va mettre au point, la der des der, celle qui va sauver les meubles. La voiture va reposer sur une nouvelle plateforme moderne avec un design soigné. Qui réinterprète avec brio le style maison et un équipement haut de gamme. A cette période, on est très loin de voir le mur que la marque va se manger.
La gamme SAAB européenne est vieillissante, le gros du volume est fait par la famille 9.3 dont la sortie remonte à 2002. Le « SUV » 9.3 X (en réalité une 9.3 break habillée en crossover et la 9.5 plus qu’ancienne puisqu’apparu en 1998. Pour la gamme américaine, GM s’est contenté d’un vilain crossbadging avec la 9.2X, une Subaru Impreza break, ainsi que le 9.7X basé maladroitement sur le Chevrolet Trailblazer. Chez GM, on fait des miracles avec des bouts de chandelles, SAAB ne va pas y échapper. (lire : SAAB 9-3 Viggen)
Une nouvelle plate-forme pour la Saab 9-5
Revenons à la 9-5, conçue à partir d’une feuille blanche, la nouvelle berline profite d’une toute nouvelle plateforme nommée Epsilon II, partagée avec l’Opel Insignia. Conçue sous la direction de Mats Fägerhag, la voiture intègre un package fait de nouvelles technologies innovantes. Comme le Saab DriveSens qui permet le réglage électronique en temps réel du châssis. L’Advanced Park Assist qui aide le conducteur dans les manœuvres via un calcul de la trajectoire, le régulateur adaptatif de la vitesse, du Variable Effort Steering qui adapte la dureté de la direction en fonction de la vitesse ou encore de la reconnaissance des panneaux de signalisation. Et bien d’autres équipements.
Malgré un budget serré comme un café noir. La conception est de haut niveau dans la tradition de la marque suédoise. La mission de la Saab 9-5 est des plus simples : sauver le constructeur de la faillite. Depuis plusieurs années, les ventes sont en chutes libres et pire encore, la marque perd de l’argent. Le cas de Saab n’est pas un cas particulier. Ce n’est pas propre à la marque, non, il concerne tout le groupe GM.
Depuis plusieurs années, le groupe enchaîne les pertes financières. Des erreurs de stratégie et croule sous les innombrables marques aux placements floues et illogiques. Pour relancer la marque suédoise, tout est bon pour fournir un véhicule aux standards européens et cela commence avec son design…
Un design propre et traditionnel
Si la plateforme Epsilon II doit faire des miracles avec son lot d’innovation et de technologie. Le style de la Saab 9-5 doit être propre à la marque et respirer la tradition suédoise : l’aérodynamique. Tout le dessin de la voiture doit être différent de la cousine allemande venue de Russelsheim. Le design est ainsi typique de SAAB, on retrouve les jantes Turbine, des feux avants dit bloc de glace, soulignés d’une ligne bleue de LED pour les feux de jour et la calandre habituelle de la marque.
La ligne générale est fluide et très lisse, le vitrage est inspiré de la SAAB 900 classique dont le style doit évoquer une verrière d’aéronef, de ce fait, les piliers A et B seront peints en noire. Les feux arrières translucides se rejoignent via un bandeau et un insert chromé. La voiture est dessinée sous la direction de Stefan Rundquist et annoncée au travers de plusieurs concept-car. Dont le concept Aero X, dessiné par Simon Padian, responsable du design de la marque.
L’équipe a travaillé particulièrement l’aérodynamisme de la Saab 9-5, dont l’écoulement des flux d’air : avec un Cx de 0,28. La forme de galet de la voiture optimise au maximum l’écoulement de l’air, grâce à des ouïes latérales derrière les roues avant et un sillon horizontal sur le bouclier arrière. Tout comme le design étudié pour les rétroviseurs.
A bord, un intérieur suédois
L’intérieur de la Saab 9-5, lui aussi est travaillé pour faire oublier le partage des pièces avec l’Insignia. La console centrale reçoit un écran tactile qui gère l’ordinateur de bord et le système multimédia, pilotable via une molette. Dans la plus pure tradition SAAB, le démarrage du véhicule reste situé entre les deux sièges avant, sous la forme d’un bouton Start&Stop. Le levier de frein de parking disparait et l’espace libéré autorise des rangements supplémentaires. L’atmosphère aéronautique, ce fait aussi ressentir par un indicateur tête-haute sur le pare-brise ou encore les illuminations vert sur fond noir.
Sous le capot, GM met le paquet. Avec un 4 cylindres Turbo de 220ch en diesel et un V6 Turbo essence de 2,8l de 300ch. Les autres puissances vont de 160 ch à 180 ch en essence ou en diesel (les essences sont tous équipés d’un turbo). La cylindrée va d’1,6 l à 2,8 l. Il existe aussi une version BioPower 2.0l Turbo.
L’effet papillon
En 2009, l’Amérique tousse jusqu’en Suède. Tandis que l’économie américaine chute après la faillite de la banque Lehman Brothers. Les taux de remboursement s’envole et les créances ne sont plus remboursés. Les Big three s’enrhument à leur tour et se placent sous le chapitre 11 de la loi américaine. Chez GM, on décide enfin à faire le ménage dans l’offre. Saturn, Pontiac ou encore Hummer sont enterrés et débarrasse le plancher.
L’Etat américain mets aussi la main au porte monnaie en prêtant pas moins de 18 Milliards de dollars. On fait table rase du passé et on organise la mise en vente des joyaux de la famille pour libérer du cash. Saab échappe à la faillite en étant mis en vente. Pendant que Jaguar-Land Rover passe sous pavillon indien, Volvo est revendu au puissant groupe chinois, Geely.
Le tour du suédois arrive assez rapidement : la marque est en vente dès l’a fin de l’année 2008. En janvier 2009, pour attirer un repreneur, la marque assemble une dizaine d’exemplaires de pré-série de la Saab 9-5. Alors que tous doute de la possible reprise de la marque, un repreneur débarque avec ses gros souliers : Victor Muller. Victor est le patron d’une petite marque, Spyker, une marque automobile venant des Pays-Bas. Le 23 février 2010, GM et Spyker signe la vente de la marque après un passage de témoin plus long que prévu.
Un bon démarrage commercial
La nouvelle Saab 9-5 est commercialisée dans la foulée, la production démarre petit à petit dès mars 2010. Les premiers essais valident la voiture, malgré un petit surpoids, et les ventes remontent. La voiture est une réussite et le nouveau propriétaire est plein de promesses et de bonne volonté. Après seulement 15 jours de production, les chaines de production s’arrêtent : il n’y a plus de pièces.
Spyker, malgré sa bonne volonté, n’a pas les capacités de la grande production, ni le savoir-faire. Les fournisseurs ne sont plus payés et la marque dépose le bilan en essayant de repartir avec un nouvel actionnaire ou d’être revendu.
Dès le mois de juin 2010, la marque n’est plus en mesure de payer les salaires, ni de livrer la moindre voiture. Après avoir serrer les fesses pour un potentiel repreneur, c’est sous pavillon chinois que la marque va avoir de l’argent frais. Finalement la marque dépose le bilan en décembre 2011, c’est la fin de Saab Automotive. La fin aussi de la Saab 9-5 berline et break.
L’Avis des Cylindres
En voilà une voiture rarissime produite à seulement 11 280 exemplaires dont 27 breaks, la Saab 9-5 est un collector en puissance. Fiable, bien fini et confortable dans la grande tradition des suédoise, la 9-5 est finalement dans la tradition de la marque. Son style est un argument à elle seule. Si en France, dénicher un exemplaire est mission impossible, ce sont principalement les Pays-Bas qui se sont arrachés les modèles. Marque à la fois attachante et à l’histoire étonnante, si aujourd’hui les concessions ont disparus, il reste l’excellent garage SAAB Héritage en région parisienne qui propose régulièrement de beaux exemplaires ainsi que des pièces.
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