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Mazda RX-8 : l’exotisme comme manifeste (2002-2012)

Mazda RX-8

En 2002 apparait une voiture que l’on pourrait qualifier encore aujourd’hui de dinguerie. Savant, mélange de berlines, de coupés et de sportives. Atypique avec ses portes antagonistes et suicide, une répartition des masses parfaite et surtout un moteur Wankel aussi souple que réactif. Un moteur original qui coûte un rein à chaque passage chez le garagiste. Bref, elle a 20 ans en 2023, on parle évidemment de la splendide Mazda RX-8.

Mazda RX-8 : une longue tradition de moteur Wankel

La première génération de Mazda à moteur rotatif apparait en 1967, sous le nom de Mazda Cosmo Sport 110S. S’en suivront toute une cargaison : R100, RX-2, RX-3, RX-4 et bien sûr RX-7 et RX-8. La principale qualité du moteur Wankel de la marque japonaise est d’être fiable. Principal défaut qui a entaché la carrière de la Citroën M35, mais aussi de la marque germanique NSU. Pour la faire simple, dans les années 60, Mazda acquiert le brevet du moteur Wankel. La marque constitue une équipe d’ingénieurs dédiés menés par un certain Kenichi Yamamoto, qui viabilise le bloc moteur Wankel. 

Le concept RX-Evolv

En 1978, la marque dévoile le modèle qui va faire basculer le Wankel et le faire rentrer le moteur dans la légende. En le plaçant sous le capot de la Mazda RX-7, plus connu sous le nom de SA22C. L’objectif de ce coupé est de répondre à la fois à Nissan et à sa Skyline, mais aussi à la petite Fairlady Z et à la Porsche 924. Pour s’armer d’un moteur qui décoiffe, la marque d’Hiroshima choisit l’implantation d’un moteur rotatif Wankel. Soulignons que le moteur connu pour être glouton (13l/100) apparait dans un contexte de crise mondial avec le second choc pétrolier de 1977. 

Contre toute attente, la marque Mazda commercialise le coupé RX-7 et son moteur rotatif. Ce dernier connait un assez joli succès avec 471 018 exemplaires produits jusqu’en 1985. Une seconde génération du coupé prend la suite jusqu’au 1991 avant de passer le relais à une troisième génération qui disparait dès 1995. Faute de succès. 

Le concept Mazda RX-8 de 2001 annonce la Mazda RX-8 de série

La Mazda RX-8, une berline coupé

La Mazda RX-8, va en quelque sorte balayer le format de coupé à moteur rotatif du coupé RX-7 en devenant une berline sportive. Bien avant la grande mode des berlines dites coupé-4-portes initiées par l’immense Mercedes CLS. Mazda dévoile un concept lors du Salon de Tokyo en 1999. Son nom, le RX-Evolv. Il annonce la future Mazda RX-8 avec son profil étiré et musclé, tout en étant bien posé sur roues (aux quatre coins de la bagnole). De profil, on remarque l’aspect coupé-berline de la future sportive. 

Surtout, il conserve ce qu’il faut de pureté dans son dessin. On remarque que la marque n’avait pas encore bien décidé de la ligne pour la calandre avant. Une simple ouverture rectangulaire refroidit le moteur. Les feux avant sont présents en faisant écho de manière verticale à la calandre horizontale. L’ouverture des portes antagonistes est déjà présente. On peut dire qu’à environ 70%, le concept RX-Evolv annonce la Mazda RX-8. Véritable laboratoire, il faut attendre un autre concept plus proche de la réalité. Il existe d’ailleurs deux versions du concept, un rouge, mais aussi une configuration gris-bleu. L’accueil est tel que la marque ne se fait pas prier pour finir la mise au point. 

En 2001, rebelote avec un second concept plus abouti et surtout plus proche du modèle de série. La plus grosse évolution concerne la face avant des plus réussis. Son esthétique est une ode à son moteur rotatif et son design d’une finesse rare. On remarque les ouïes sur le capot moteur, non conservé pour la version de série ou encore la calandre en forme de rotor. Le dessin de la voiture est signé Ikuo Maede, fils de Matasaburo Maeda, père de la dernière RX-7.

Un coupé 4 porte pour 4 personnes

Avec la RX-8 de série, apparue en 2002 durant le Salon de l’Automobile de Paris, la marque fait son grand retour dans le monde de sportive à moteur Wankel. Le bloc Wankel prend le nom de Renesis (diminutif de Re-Genesis, Re signifiant Rotary Enegine) pour avec son nouveau bloc à pistons rotatifs. Créneau que la marque japonaise à elle-même (presque) créée. Car depuis de nombreuses décennies, seul Mazda propose des moteurs Wankel et c’est bâti une réputation autour de ce moteur aussi onctueux que glouton. Les premières livraisons arrivent au printemps 2003.

La berline japonaise catégorisée par les observateurs comme d’une berline coupé reprend l’architecture quatre portes et quatre places. Point fort ou remarquable de la voiture, ses portes à ouverture antagonistes (nommées Freestyle) sont reprises du concept de 1999. Les portes-suicides à l’arrière ne s’ouvrent d’ailleurs que lorsque la porte avant est ouverte. D’ailleurs, les ouvrants se passent de montant B pour une ouverture maximale sur l’habitacle.

Esthétiquement, la Mazda RX-8 reprend les grandes lignes de la RX-Evolv. On retrouve de profil élancé à la fois lisse et musclé, soignant sont apparences par certains détails comme les grandes arches de roues, la ligne de caisse, son vitrage latéral fin et ses feux arrière haut placés. Les ailes avant possèdent aussi un extracteur d’air pour permettre le passage de l’air. La face avant s’éloigne le plus du concept avec des phares plus « classique » façon trapèze. La calandre s’élargit et se positionne plus bas afin d’offrir la meilleure aération possible au moteur, tout en reprenant le dessin du rotor. 

Une esthétique soignée

Petit point beautey : le design du rotor se retrouve disséminé un peu partout. Il apparait ainsi sur la calandre, mais aussi sur le capot moteur, l’antibrouillard arrière, les appuis-tête ou le pommeau du levier de vitesse. La rendant ainsi toujours plus unique. 

L’ensemble est harmonieux, un brin futuriste, surtout très sportif. Au fil des millésimes, le look de la RX-8 va muscler son style pour des kits de carrosserie plus imposante voire, badasse. Comme un spoiler avant et arrière, un aileron ou encore de doubles sorties d’échappements avec le 231ch. Outre sa plastique spectaculaire, l’ingénierie soignée de RX-8 est enthousiasmante surtout avec son gabarit minuscule puisque l’auto ne mesure que 4,43m de long.

Un nouveau moteur rien que pour la RX-8

Plus compact qu’aucun autre moteur thermique, le petit moteur Renesis (13B MSP) se positionne en central avant. Permettant de ce fait une répartition de masse idéale, 50% à l’avant et 50% à l’arrière. Le nouveau moteur à doubles rotors fait une croix sur la suralimentation (présente sur la RX-7) et accessoirement le turbo. Le moteur cube à 1 308 cm3 (l’équivalent de 2 616 cm3 pour un moteur traditionnel) soit 654cm3 par rotor. La berline sportive offre deux puissances : 192ch et une boite manuelle 5 rapports et 231ch avec une sixième vitesse. 

Le moteur Renesis de la Mazda RX-8 souffre d’une durée de vie plutôt limitée, en effet ce dernier doit subir une réfection aux alentours des 100 000 km. Cette opération prend le doux nom de rebuilt et consiste principalement à la remise en état des segments du moteur. Tandis qu’il faut pendre en compte la consommation élevée en huile et en carburant de la bête. Car la belle RX-8 consomme tout de même 1l d’huile tous les 1000-1500 kilomètres. À noter que la RX-8 possède un frein moteur plus faiblard, s’expliquant par un nombre de pièces mobiles plus faible par rapport à un autre moteur thermique. 

La puissance du Wankel est envoyée à l’arrière profitant d’un centre de gravité bas pour mieux coller à la route. Le train arrière est bien aidé par un différentiel autobloquant type Torsen ainsi qu’un châssis aux petits oignons avec un ESP. Pour les trains, Mazda installe à l’avant des triangles superposés et une épure multibras à l’arrière. Tout cela profite à une tenue de route exceptionnelle.

L’arrière donne l’impression d’un vrai coupé

Un moteur, non un laboratoire 

Pour rendre le moteur le plus moderne possible, les ingénieurs de Mazda rivalisent d’ingéniosité comme pour l’injection : il y a deux injecteurs par rotor sur un rail commun. Lors des phases de bas régime, un seul fonctionne. Quant à l’allumage, ce dernier est électronique et il est assuré par une bobine et deux bougies par rotor. D’ailleurs, un peu plus haut vu avez du lire moteur Renesis 13B MSP, MSP n’étant pas une MST, mais Multi Side Ports pour signaler que les lumières d’échappement sont actives pour le renvoi des gaz dans la chambre de combustion et ainsi améliorer le rendement du moteur. Au contraire de la RX-7, le moteur birotor perd son turbo, mais conserve la même cylindrée.

Au titre des performances, la 192ch propose une plage d’admission supplémentaire activée dès 6 250 tr/min et plafonne à 7 500 tr/min grâce au MSP. Tandis que la version 231ch le système s’active dès 5 500 tr/min et plafonne à 9 500 tr/min. Ce qui permet d’atteindre confortablement un couple à 8 000 tr/min pour la 192ch et 8 200 tr/min pour la 231ch. Le couple des deux versions va être son principal défaut avec un manque de souffle, car compris entre 211 et 220 Nm dès 5 000 tr/min. 

La Mazda RX-8 se montre attractive

Bien que relativement performante et haut de gamme, la Mazda RX-8 se montre relativement abordable avec un premier prix à 29 000€ (39 230€ en 2023) en 192ch (élégance) et 33 000€ (soit 44 641€) pour la version performance et ses 231ch. À ce tarif, la Japonaise propose tout de même une dotation riche, ABS, ESP, clim, projecteurs au xénon de série. En option, on pouvait opter pour le GPS et sa fantastique télécommande. La version Performance ajoute le GPS et la sellerie en cuir. 

À la fin de l’année 2008, la Mazda RX-8 évolue en douceur. Les boucliers sont redessinés et les jantes renouvelées. Du côté de la technique, les rapports de la boite sont raccourcis, la rigidité de la caisse se voit augmentée et la version 192 gagne 13ch pour s’afficher à 205ch. Malheureusement, les ventes de la RX-8 cessent au bout de quelques mois, en cause; ses rejets de CO2 trop élevé avec 290 grammes. Avec la mise en place du malus écologique, la Japonaise écope d’un malus de 2500€ (dits-vous qu’en 2023, c’est 50 000€ le malus, douche froide).

La RX-8 R3 n’a été vendu sur le marché français que quelques mois

En 2010, Mazda tente à nouveau un come-back avec le retour de la RX-8, dites R3, sur le marché français. Elle adopte un look ostentatoire et un châssis encore plus affûté. Malgré tout, c’est la fin. À la fin de l’année 2010, la Mazda RX-8 disparait définitivement, prenant une retraite bien méritée en Europe. Enfin, plutôt parce qu’elle n’a pas répondu aux attentes en termes d’émissions de CO2, toujours plus exigeantes.

Cependant, la RX-8 continue son petit bonhomme de chemin au Japon, quittant les chaines de production de l’usine d’Hiroshima le 22 juin 2012. Le moteur voit sa production s’arrêter définitivement le 21 juin 2012. La berline emportant avec elle, le dernier moteur Wankel au monde. Au total, la berline s’écoule à 192 094 exemplaires.

Répartition des masses parfaite avec le moteur en position avant central

L’Avis des Cylindres : 

Voilà une machine incroyable, aussi belle à regarder qu’à conduire, la belle Japonaise vous demandera tout de même un porte-feuille garni car outre le rebuilt, il faut prendre en considération la soif de la bête, aussi élevé que votre oncle en fin de soirée familiale avec une conso comprise en 10,6l et 11,2l/100km. Sans oublier son intérêt pour l’huile, à ce sujet, la belle n’apprécie qu’une huile: la 5W30 minérale. Heureusement, les performances vous en donnent pour votre argent avec 7,6 sec pour le 192ch et 6,4sec pour le 231ch. La V/max est honorable avec 230 pour la 192 et 239 pour la 231ch. 

Sur les points à surveiller, on note l’apparition de corrosion sur les soubassements de la voiture. Plus étonnant par rapport à l’âge de la voiture, la rouille peut également toucher la suspension. Une maladie qui concerne principalement les véhicules qui se situent sur les zones où l’on sale les routes l’hiver. Approchant les 100 000 kilomètres, on surveille l’état de la mécanique. Côté mécanique, les premiers exemplaires souffrent de souci de bobines d’allumages et d’un calculateur capricieux, repoussant le rebuilt à … 50 000km. Les derniers exemplaires vont s’en soucier jusqu’à 200 000 kilomètres.

Côté tarif, la Mazda RX-8 se trouve à tous les tarifs : dès 3 500€ avec la conduite à droite. Pour le même tarif, on trouve des conduites à droite qui nécessite des frais mécaniques et esthétiques. Pour 5 000€ on retrouve les exemplaires les plus anciens (max 2005). À partir de 2006, les prix remontent pour atteindre les 8 000€. Passé 2008, les prix atteignent 12 000€. Les R3 plus rares se négocient à partir de 25 000€. Vous l’aurez compris, on surveille la mécanique et le rebuilt ! Sinon gare aux ennuis.

GALERIE

VIDEO

Via Mazda, Auto-hebdo, Wikipédia, Electronic-now

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