Le succès grandissant de la Mazda Mx-5 agace tous les constructeurs, surtout ceux qui par le passé avaient un roadster dans leur gamme à l’instar de Fiat. Au début des années 1990 et en plein renouveau esthétique, la marque italienne peut s’appuyer sur la récente Punto, comme sur un véhicule image, la Barchetta.
Après une belle offensive avec la Fiat Punto qui remplace la révolutionnaire Uno, Fiat continue d’explorer de nouvelles pistes dans son design, sous les ordres de Paolo Cantarella. Il faut des produits forts qui provoquent de l’émotion et qui modernisent l’image du vieux constructeur de Turin. Il y a eu dès 1993 la Fiat Coupé puis arrive la sympathique Fiat Barchetta (Spider 176). Dévoilée durant le salon de Genève 1995, le petit roadster doit séduire les propriétaires de Mazda Mx-5 avec une ligne plus rétro.
La Fiat Barchetta : le petit bateau italien
La Barquette récupère le châssis raccourci de la Fiat Punto et développe son roadster en piochant dans la banque d’organes du groupe. La Barchetta va s’inspirer directement dans le passé de la marque avec comme évocation les mythiques Fiat 124 et 850.
Au milieu des années 1990, tous les constructeurs européens foncent sur le créneau des roadsters : BMW Z3, MG F, Opel Speedster, Ford Streetka… Le segment est la nouvelle coqueluche des constructeurs. Fiat doit pouvoir tirer son épingle du jeu et sort le grand jeu avec un roadster inspiré de son passé et à la motorisation ultra moderne. La petite italienne inaugure le bloc 4 cylindres dérivé du 5 cylindres de la Lancia Kappa et gagne un déphaseur d’arbre à cames. Avec ses 16 soupapes, le moteur développe 130 chevaux et se permet de franchir les 200 km/h.
Disponible à partir de 128 000 francs (soit 29 026,62 € de 2023, selon l’INSEE), la Barchetta se paie le luxe d’être moins chère que sa rivale japonaise, la Mazda Mx-5 de 130 ch, affiché à 172 000 francs (soit 39 004,52 € actuels). La version Pack, la version haut de gamme, se négocie à partir de 135 800 francs (l’équivalent de 30 559,36 €) avec de série l’ABS et la sellerie cuir et les rétros électriques.
Un projet qui sent la pizza
Le projet de roadster est lancé en 1990 sous la direction de Chris Bangle et sous le code 183. Deux propositions, réalisées en interne, s’opposent. La première nommée Diavola de Chris Bangle (qui partira en 1994 chez BMW) et le second Mariana porté par Andreas Zapatinas, qui sera choisie par le constructeur. Le style du Spider sera gelé dès 1993. Le nom du roadster fait le lien entre nautisme et le type de carrosserie en vogue dans les années 40 et 50 : la barquette. De plus, la petite italienne au design néo-rétro s’inspire librement de la Mazda Mx-5 et de la Lotus Elan, une voiture de sport très légère et suffisamment motorisée. Fin 1993, lors du salon de Turin, le constructeur annonce l’arrivée du roadster avec le concept Scia, afin de tâter le terrain de la Barchetta. Certains éléments sont révélés, comme la ligne des flancs ou les feux arrière.
Lors de sa sortie, les amateurs du genre vont reprocher à l’italienne d’être une traction et non une propulsion en ignorant que l’italien a travaillé les liaisons au sol du roadster pour offrir un agrément de conduite dynamique et efficace.
La fabrication va être un puzzle géant, et heureusement que Fiat n’avait pas prévu de vendre la Barchetta comme des petits pains. Chez Ilcas, les caisses sont fabriquées puis partent chez Bertone pour y être peintes et terminent le voyage chez Maggiora (propriété de Fiat depuis 1990) à Chivasso, dans la banlieue de Turin, pour être assemblées. Le moteur vient du sud de l’Italie, où il est directement construit. Les ventes débutent doucement avec 10 000 unités en la première année et ne feront que baisser les années suivantes. La Fiat Barchetta ne va que très peu évoluer.
Un habitacle néo-rétro
L’intérieur a été source de débat chez l’italien. Finalement, cet intérieur adopte un style néo-rétro à la fois sobre et ergonomique. Le volant est réglable en hauteur et permet d’avoir la meilleure position de conduite. Le levier de vitesse et le volant sont habillés de cuir, tout en étant idéalement placés. Derrière le volant, les cadrans ronds contiennent le compte-tours au centre, encadré par un tachymètre et les cadrans de température moteur et la jauge à essence. Le fond blanc est du plus bel effet. Malheureusement, l’éclairage est vert fluo de nuit. Les sièges baquets, recouverts de tissu ou de cuir selon la finition, maintiennent très bien. Le sol est recouvert de vinyle qui résiste au temps et facile à nettoyer.
Le toit est une formalité avec deux crochets au-dessus des pare-soleils qui se replient en un clin d’œil derrière les sièges. Le coffre est minuscule avec seulement 140 litres et une ouverture étroite. Typique des italiennes, la finition est légère : si les plastiques vieillissent bien, la finition est quelconque mais les rappels de la couleur carrosserie pardonnent l’assemblage.
Sous le capot, la Fiat Barchetta se prend pour une Lancia
Le 1747 cm3 à 16 soupapes est partagé avec la Fiat Bravo 16V. Le petit 4 cylindres est un concentré de technologie : calage d’admission variable, pistons refroidis par jet d’huile, déphaseur d’arbre à cames… Il dérive en réalité du 5 cylindres de la Lancia Kappa. Vigoureux, le moteur joue deux mélodies : il gronde sous les 4000 trs/min et se transforme en cris aigus lorsqu’il flirte avec les 7000 trs/min. Le constructeur italien n’a pas oublié le plaisir des mélomanes.
Les reprises du moteur sont franches et capables d’en surprendre plus d’un. Le poids contenu de 1060 kg et l’excellent étagement de la boîte courte jouent sur l’agrément général. Même à bas régime, la Barchetta permet de belle performances.
Des évolutions subtiles
En 1998, le moteur gagne une nouvelle alimentation. L’année suivante, la marque réorganise la gamme avec une seule finition qui reprend la finition Pack. Début 2000, le roadster reçoit un nouveau couvercle de malle intégrant un troisième feu stop (enfin, en option). En 2002, la production s’interrompt… Maggiora, qui assemble la voiture, fait faillite ! La production de la voiture reprend en 2003 sur le site de Mirafiori, l’usine historique du groupe Fiat. La même année, l’italien facelift le roadster : elle gagne un bouclier avant, modifie légèrement le cockpit, enrichit l’équipement et la dote de nouvelles jantes, mais elle perd en finesse dans son dessin. La phase II est mine de rien plus rare car seuls 3 000 exemplaires seront produits entre 2003 et 2005.
D’ailleurs, les finitions sont revues avec en entrée de gamme la finition Barchetta et le haut de gamme Spider Europa, qui offre le cuir et la climatisation. Les tarifs démarrent à 20 310 € (26 922,17 € de 2023) et 23 770 € pour le haut de gamme (31 508,61 € en 2023). En fin de carrière, la Barchetta reçoit une édition limitée qui clôture son aventure : la Consacrazione. Elle sera dure à dénicher, il n’en a que 75 en France (ou moins) dont 40 en gris et 35 en rouge.
La Fiat Barchetta disparait en 2005 après 57 791 exemplaires. Un chiffre faible, mais la production aussi bizarre qu’étrange explique le peu d’exemplaires vendus. Malgré son charme, elle reste en deçà de la concurrente indéboulonnable : la Mazda Mx-5. Le succès aurait pu être différent si l’italien avait proposé pour les anglais et les japonais une… conduite à droite. Elle reste à ce jour très appréciée chez eux.
L’Avis des Cylindres :
La Barchetta va doucement sur une autre étape de sa vie : le passage en collection à partir de 2025. Le petit roadster est une voiture fiable et le moteur est infatigable. L’arbre à cames a posé quelques soucis à ses débuts. Attention à ses vibrations qui peuvent provoquer le départ pour un monde meilleur de la courroie de distribution. C’est un roadster et c’est italien : on note aussi des infiltrations d’eau dans les blocs optique à l’avant… et à l’arrière. Dans la pure tradition des italiennes, on aura aussi des soucis avec l’électronique, sans gravité. Autre tradition italienne, la corrosion des passages de roue arrière, à vérifier avant l’achat.
Côté tarif, les exemplaires en bon état commence à 6 000 € avec 150 000 kilomètres. En dessous, une bonne remise en état sera nécessaire. À 8 000 €, on aura un beau roadster avec moins de 100 000 kilomètres. Les moins kilométrées tutoient les 10 000 voire les 15 000 €. La cote de la Barchetta monte en flèche ses derniers mois.
NB : si le cœur vous en dit, la série 1 est à considérer. La phase 2 est moins réussie avec ses antibrouillards haut perchés et ses parechocs semblables à un Fiat Doblo. Enfin, les séries limitées (Limited Edition, Naxos…) sont presque au même prix que les autres finitions.