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Citroën C3 Pluriel : trop singulière mais (presque) donné (2003-2010)

C3 pluriel

On débute cet article avec une devinette : quel est le point commun entre une Citroën C3 Pluriel et un couteau suisse ? La modularité ! La petite Française est incontestablement la voiture la plus inventive de ces vingt dernières années. Cependant, la Citroën réunit le pire et le meilleur de chaque catégorie. Que ce soit en berline, en cabriolet, en spider ou encore en pick-up. Les designers se sont fait plaisir et pas toujours pour le meilleur.

Ressortir de la banalité

Au début des années 2000, Citroën tente de sortir de la banalité de son design dater des années 1990. L’originalité est de retour et la marque surfe à nouveau sur le succès et rajeunit son image auprès du public. L’innovation fait elle aussi son grand retour à bord des nouveautés de la marque.

Cette renaissance commence en 1999 avec le concept C6 Lignage ou le concept Lumière voire, avec la Citroën Osée par Pininfarina. Elle prend forme dans les concessions dès 2001 avec la première génération de la citadine C3. Inspirée par la 2CV, elle se décline deux ans plus tard sous la forme singulière de la Pluriel. Pourtant, avant le naufrage, Citroën nous avait avertis de la catastrophe industrielle qui allait nous arriver. Deux concepts avaient été présentés entre 1998 et 1999, on ne pouvait pas dire qu’on n’a pas été prévenu.

Les équipes du design, mené par Donato Coco, se sont lâchées. Le concept sera adapté pour la série sans être remis en question ou évoluer en perdant de sa superbe. Citroën ayant travaillé avec Matra et le designer Giugiaro pour l’industrialisation de son modèle. Matra a tenté de récupérer le projet pour le produire à Romorantin après l’échec du Renault Avantime. Peine perdue, la C3 Pluriel est assemblée dans l’usine espagnole de Citroën, à Madrid. Sa présentation arrive et la Pluriel va dérouter toute la presse. La ligne, le concept ou encore la conception surprend de manière magistrale. Du grand Citroën me direz-vous ? Presque, la fiabilité est sur le banc de touche.

De la marquette à la version de série, l’orange est dominant dans la conception du modèle, d’où le surnom de « citrouille »

Une C3 esprit Méhari

Toute en rondeur comme la C3 de base, la C3 Pluriel est un véritable couteau suisse de l’automobile. Vous voulez un cabriolet, oui, monsieur, un spider ? Oui, messieurs. Un pick-up ? Oui, messieurs, une découvrable ? Oui, madame ! Une Méhari ? Il ne faut pas déconner non plus. Équipée d’un toit souple repliable et ses arches mobiles, la petite Française permet toutes les excentricités. Elle est donc découvrable, classique. On peut retirer les arches, la lunette arrière et le toit dans le coffre afin d’obtenir un cabriolet. Astucieux, enfin on peut retirer les arches, le toit, la lunette arrière, le coffre et obtenir un pick-up : c’est du génie.

Présenter sous la forme de deux concepts. Les grandes lignes étaient déjà là, ci-dessus, la maquette qui a servi a validé la forme de la Pluriel.

La Citroën C3 pluriel, l’autre définition d’hybride

Enfin dernière solution vous clipser les éléments glissés sous le coffre pour obtenir un roadster en supprimant les sièges arrière. Par contre, 20 ans après, je ne sais toujours pas si Citroën a pensé au poids des arches. 13 kilos tout de même, mais surtout aux intempéries. Le génie de la voiture va vite devenir le point faible de la voiture : les arches. Au premier rayon de soleil, vous retirez les arches vogue à travers champs et au loin, l’orage : vous êtes foutu.

Bien qu’orienté loisirs, la C3 pêche sur certains aspects : rien n’est prévu pour évacuer l’eau dans l’habitacle et la sellerie n’est pas traité contre les UV ou même les intempéries. Attention donc aux couleurs des tissus, les cuirs étant de bonne qualité supportent mieux le soleil. On aura aussi une pensée pour l’ordinateur de bord et l’électronique, qui subiront la pluie. N’est pas Méhari qui veut.

Pour avoir eu une Pluriel, combien de fois, ai-je eu le droit à la vidéo de Top Gear avec Jeremy Clarkson. Tout fier de raconter l’histoire des essais de la berline au Portugal et des journalistes pris sous la pluie ? J’ai arrêté de compter. Les arches restent dans le garage et aucune option ne permet pas de se mettre à l’abri (sauf à l’arrêt), c’est la douche assurée. Le toit souple ne pouvant tenir si les arches ne sont pas en place.

Un couteau suisse, mais français

Autres bizarreries de la conception de la voiture, la configuration pick-up est interdite sur la route, en effet, la plaque d’immatriculation est intégrée dans la porte de coffre basculant ainsi que le troisième feu-stop, le Code de la route interdit en France de conduire son véhicule ainsi. Ces deux « oublies » prouve le côté inachevé de la C3 Pluriel. Au passage, la voiture prend 130 kilos à cause de renforts latéraux obligatoires pour préserver sa rigidité et qui peut causer sa perte : à cause du poids, le châssis s’écarte au niveau des ailes avant. Encore une autre aberration ?

Le remplacement des arches est coûteux, pas moins de 4000€ et seulement dans quelques garages « expert » de la marque. La plupart sont soit à la retraite, soit ils sont changés de crémerie.

En configuration cabriolet, la C3 pluriel est désirable mais gare aux intempéries !

Une Citroën C3 Pluriel anémique

Au lancement, la Pluriel n’est disponible qu’avec un 1,4l de 75 ch (essence et diesel HDI) et un 1,6l essence de 110ch, ce dernier n’étant associé qu’à la boîte semi-robotisée Sensodrive (avec un système hydraulique). Les prix sont une bonne surprise, la voiture débute à 15 200€ (environ 19000€ selon l’Insee), 16 900€ (21 000€) pour la seconde. Seulement, avec la prise de poids, il faut fuir la pauvre version équipée du 75 ch qui ne supportera pas les 130 kilos supplémentaires.

Malgré toutes ces faiblesses, l’équipement est complet avec l’ABS l’aide au freinage d’urgence, 4 airbags, les 4 vitres électriques. La version 1,6l ajoute la radio CD, les antibrouillards ou encore les rétros électriques. La clim, les jantes ou encore l’ESP sont en option. Le gros des ventes passera par le petit 1,4l HDI. Elle restera dans l’ombre de la Peugeot 206 CC, des ventes loin d’être ridicule, mais qui vont plonger au fil des années. La C3 n’évoluera que par détails et par des séries spéciales.

D’évolutions à série spéciale

Dès 2005, la petite Citroën va évoluer, elle recevra un tableau de bord noir, des éléments peints en gris alu pour l’habitacle et un pack alu avec des éléments de décor peint couleur alu à l’extérieur. En 2008, les feux arrière sont désormais peints en noir, les rétroviseurs redessinés, les chevrons agrandis sur la calandre.

À chaque évolution, de nouveaux coloris font leur apparition et multiplie d’autant le nombre de séries limitées : Tic Tac, Côté Sud, Côté Ouest, So Chic, Charleston, Transat, etc. La plus intéressante étant la Charleston inspirée par la 2CV du même nom avec sa teinte Delage rouge-noir. La bizarre C3 Pluriel disparait en 2010 après 110 000 exemplaires et vu le carnage dans le domaine de la fiabilité, elle ne sera pas remplacée.

Citroën tentera bien le retour dans les découvrables avec la DS 3 Cabrio sans la même originalité.

L’intérieur de la Pluriel est repris de la C3 classique, mais aussi de la C2, sans profiter d’un traitement particulier contre les UV ou… la pluie

L’Avis des Cylindres

Je n’ai pas été très tendre avec la C3 Pluriel, en quelques années on est passé de concept génial, bizarrerie, à l’échec cuisant avec une fiabilité aléatoire. À cause de sa grande originalité, la C3 Pluriel ne coûte absolument rien. Avec des prix débutant à 1 500€, on trouve des exemplaires kilométrés (supérieur à 200 000 kilomètres), mais fonctionnels, on évite les modèles sous les 1000€ plus proches de la donneuse de pièce que de la route.

À 150 000 kilomètres on déboursera 2500€, toutes dotées du 1,4l essence, mais aussi du 1,4l HDI. Pour le 110 ch, qui supportera plus le surpoids de la citadine, les prix débutent à 2000€. Pour moins de 100 000 kilomètres, les prix prennent facilement entre 1000 et 1500€ selon l’état et les options. La plus rare, la Charleston réclame pas moins de 5000€.

À choisir, on prendra le 1,6l, mais il faudra supporter le mauvais caractère de la boîte Sensodrive capricieuse. Le HDI, plus économique, mais souffrant sur les grandes routes, il s’apprécie en ville, bien que ce dernier soit désormais interdit dans certaines grandes villes avec la vignette Crit’Air. Au final, le 1,4l essence n’est pas sportif, mais il est le plus fiable et la consommation est maîtrisée, à favoriser.

Si les blocs sont robustes et plutôt fiables, les HDI, souffrent de soucis d’injection, tandis que la boîte Sensodrive accuse pas mal de soucis. S’agissant d’une boîte robotisée, c’est une simple boîte manuelle avec un robot qui change les vitesses, l’embrayage ne supporte que très peu la raideur du système hydraulique, le passage chez le garagiste se fera… régulièrement. Il faudra surveiller l’actuateur d’embrayage fragile (environ 800€) et des capteurs qui lâchent.

Le plus gros point noir de la voiture est tout naturellement le toit. On le surveillera attentivement, les fuites étant nombreuses, prévoir un parapluie en cas d’urgence. Il a aussi la fâcheuse tendance à rester bloquer voire à ne plus ferme du tout. Le remplacement du toit ainsi que des arches sont salés. A vérifier avant tout achat.

La seule à véritablement prendre de la valeur, c’est la version Charleston ; en hommage à la 2Cv du même nom

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