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En voyant il y a quelques semaines pour la première fois la nouvelle Peugeot 408, je me suis fait une réflexion : et si l’AMC Eagle avait eu raison trop tôt ? La française et l’américaine n’ont-elles pas un lien insoupçonné de par leur configuration et leur originalité sur le segment ? L’une est une berline, 4×4 break voire, coupé qui a tout d’une Jeep, et l’autre mélange autant la berline, que le SUV coupé ou encore le crossover.

Un couteau suisse pour sauver son constructeur

Durant les années 1970, le groupe AMC, propriétaire de Jeep, survit grâce à sa marque de 4×4. Les différents chocs pétroliers de 1973 et de 1979 vont mettre à mal le petit groupe automobile, pas très réputé en matière d’économie d’essence du côté de Jeep. Si AMC s’en sortait mieux avec ses petits modèles frugales (en comparaison de Jeep), les véhicules se vendaient mal, la faute à un faible réseau, un manque de moyens et des véhicules… moches.

AMC Eagle
L’AMC Eagle Kammback, n’est resté qu’un an au catalogue. Bizarre !

Une drôle d’hybride

AMC va tenter le tout pour le tout en se disant : « Bon, on fait des berlines, jeep des 4×4, on mixte le tout et on prie ! ». En Août 1979 apparaît ainsi la gamme Eagle : il s’agit d’un coupé, d’un break, d’une berline et… d’une espèce de break deux portes façon break de chasse mais à l’image de la marque, bancale, mais tous équipés d’une transmission 4×4 de chez Jeep.

De l’autre côté, en 2022, la carrosserie typique de la berline du segment C/D et E n’a plus la cote. Pire encore, les constructeurs généralistes jettent l’éponge (cf. Volkswagen Passat ou Renault Talisman). De l’autre, Citroën sort une C5 X qui mélange berline SUV et break et, surtout Peugeot, loin d’être dans le même état qu’AMC (ce fut le cas au début des années 2010), tente de relancer le segment avec la Peugeot 408, qui rajoute par rapport à sa cousine un zeste de berline fastback/coupé. Certes point de transmission 4×4, en 2023, c’est le look qui fait vendre ma bonne dame.

Du coup, je trouve que l’AMC Eagle et la Peugeot 408 sont relativement proches puisqu’elles essaient d’exister autrement que par le biais de la berline traditionnelle que l’on a tous en tête. Elles proposent autre chose qu’une vulgaire ligne trois volumes…

Une AMC Eagle pour sauver la barraque

Bon, revenons à notre américaine. On l’a vu, le paquebot prend l’eau. Alors, pour s’en sortir, quoi de mieux que de faire ressortir le meilleur des marques qui composent le groupe ? Les dessous viennent de chez Jeep, la carrosserie de chez AMC. Il y a des jours comme ça où il vaudrait mieux rester au lit.

A son lancement, AMC y croyait et la gamme était vaste et large : break, berline ou encore coupé, tout est bon pour appâter le chaland. L’AMC Eagle devait sauver son constructeur et niveau transmission, c’est encore le bordel. L’entrée de gamme se composait d’une boîte de vitesse manuelle 4 vitesses ainsi qu’une boîte 5 et d’une boîte automatique à 3 rapports. La partie motorisation est plus simple avec 3 choix : un 2.5l 82 ch, un second 2.5l dit Iron Duke de 82 ch (d’origine GM) et enfin un moteur 6 en ligne de 114 ch de 4.2l. Une version turbo-diesel fut étudiée, dotée d’un moteur VM de 3.6l de 150ch (seuls 7 exemplaires furent construits).

AMC Eagle
C’est principalement en break que l’AMC Eagle sera vendue

Une recette inchangé, on mélange tout

Du côté français, ce n’est pas le même contexte. Peugeot va bien mais le dieselgate de 2015 a rebattu les cartes. Point de diesel mais de l’hybride-rechargeable : le même 1.6l est dispo en 150, 180 et 225 ch. L’entrée de gamme est manuelle et les autres uniquement en boîte automatique à 8 rapports.

En 1987, AMC dépose les armes et passe sous pavillon français (cocorico !). Renault met la main sur le groupe en espérant se développer chez l’Oncle Sam et lance à son tour les Alliance et Médaillon (des Renault 11 et 25)q ui feront à leur tour un flop. En 1990, c’est Chrysler qui met la main sur AMC et fusionne.

L’AMC Eagle et ses dérivés disparaissent en 1988, sans descendance et sans n’avoir jamais convaincu le public américain. L’Eagle disparaît sans avoir marqué l’histoire automobile avec ses 197 449 exemplaires, dont 118 819 exemplaires en Wagon, 30 044 exemplaires pour la SX-4, 27 501 exemplaires de la 4 portes…

Finalement, l’histoire se répète puisqu’en 2020 Chrysler, qui avait fusionner avec l’italien Fiat, fusionne à nouveau mais avec le français PSA Peugeot-Citroën. C’est comme si la pauvre AMC Eagle avait eu une descendance avec en 2022 avec la Peugeot 408. La française aura-t-elle la même destinée ou l’histoire se permettra-t-il de lui offrir la prospérité ? L’avenir nous le dira.

GALERIE

Guillaume Pina

Passionné par l'automobile depuis tout petit, j'adore l'automobile ancienne, mais aussi les plus récentes. Je m'intéresse tout particulièrement au design des voitures, les anecdotes autour de leur conception et encore plus quand elles ont fait un flop !